[ Entretien de Richard L. Stallman avec Haegwan Kim. ]
Haegwan Kim
Discuter de réussite ne vous est d'aucune utilité, avez-vous dit ; cela m'intéresse beaucoup. Dans cet entretien, je veux surtout parler de liberté et de sujets apparentés. Mais auparavant, pouvez-vous m'expliquer la raison pour laquelle parler de réussite ne vous est d'aucune utilité ?
Richard Stallman
C'est parce que certaines activités sont bonnes pour la société et que d'autres lui nuisent. Évidemment, beaucoup sont neutres. Si une personne A sait comment viser la réussite, ce peut être bon ou mauvais pour le reste d'entre nous. Je n'ai pas cherché la réussite. Je n'ai pas cherché à gagner beaucoup d'argent ni à devenir célèbre. J'ai cherché à donner la liberté aux utilisateurs de l'informatique, ce qui est un but légitime. C'est un but qui est important en soi et il se trouve que je suis la personne qui essaie de l'atteindre.
Et dans une certaine mesure j'ai réussi. Cela ne m'a pas rendu riche mais c'est un succès jusqu'à un certain point, parce qu'au moins il y a maintenant une grande communauté de gens qui utilisent le logiciel libre et lui apportent leur contribution, donc dans ce sens c'est un succès. Mais quand je regarde tout ça, je ne me demande pas : « Est-ce que j'ai réussi ? » Je me demande : « Est-ce que les utilisateurs ont la liberté ? »
HK
Super. Pouvez-vous me dire pourquoi vous êtes tellement attaché à la liberté ?
RMS
En partie, c'est parce que je déteste qu'on me dicte mes actes ; je déteste que quiconque me donne des ordres. En partie parce que j'ai été élevé aux États-Unis, où l'on apprend aux gens à penser à la liberté – ou du moins, apprenait ; je ne sais pas s'il y a encore des enfants qui apprennent ça. En partie parce que peu avant ma naissance il y a eu une guerre mondiale contre de terribles dictateurs, et en partie parce que j'ai eu l'expérience de la liberté dans l'utilisation des ordinateurs lorsque je travaillais au laboratoire d'intelligence artificielle du MIT dans les années 70.
Et ainsi j'ai appris à faire la différence entre le logiciel libre – le logiciel qui respecte la liberté – et le logiciel qui asservit les utilisateurs. Pendant dix ans à peu près, j'ai eu comme travail d'améliorer un système d'exploitation libre, dont la plupart des composants avaient été développés au MIT par le groupe dont je faisais partie.
Travailler à améliorer ce système voulait dire profiter en permanence de la liberté, aussi j'en suis venu à apprécier la liberté.
HK
OK, je vois.
RMS
Mais ce n'est pas tout à fait fini.
HK
OK.
RMS
Car cette communauté s'est désintégrée au début des années 80, et il n'a plus été possible d'avoir la liberté. Donc j'ai vu le contraste entre vivre en liberté et perdre la liberté, et j'ai trouvé l'absence de liberté détestable. Aussi ai-je décidé de faire quelque chose pour faire revenir la liberté.
HK
Pouvez-vous me dire comment… ? Vous êtes actuellement en train d'essayer de faire revenir la liberté, ce qui, à l'inverse, signifie qu'il n'y a pas de liberté en ce moment.
RMS
Oui, pour ce qui est du logiciel. Cette question est très vaste, je vous préviens. En ce qui concerne le logiciel, le logiciel privateur1 ne respecte pas la liberté des utilisateurs parce que le programme contrôle les utilisateurs. S'ils ne sont pas libres de modifier un programme, et de le faire individuellement ou en coopérant au sein de groupes, alors le programme contrôle les utilisateurs.
Avec un logiciel privateur typique il y a même une licence qui dit ce que les utilisateurs ont le droit de faire avec le programme, et ce qu'ils n'ont pas le droit de faire ; les restrictions qu'elle impose sont au choix du développeur. Par exemple Microsoft a un programme pour gérer les pages web, les sites web, et sa licence dit qu'on ne peut pas l'utiliser pour publier quoi que ce soit qui critique Microsoft. Voilà un cas où le logiciel non libre vous prive de votre liberté d'expression.
C'est évidemment intolérable. Si vous ne pouvez pas utiliser votre exemplaire du programme librement, vous ne pouvez pas contrôler votre informatique. Vous pouvez seulement faire ce qu'on vous dit de faire. Mais il y a un second niveau de contrôle, par le biais du code source, par le biais de l'écriture du code du programme ; si vous utilisez un programme dont le code a été écrit par quelqu'un d'autre et que vous ne pouvez pas le regarder ni le modifier, alors ce quelqu'un contrôle ce que vous faites. Ils pourrait faire faire au programme des choses qui vous nuisent, et si par hasard vous vous en apercevez, vous ne pourrez tout de même pas le modifier.
Il vous est difficile de vous en apercevoir parce que vous n'avez pas accès au code source. Quelquefois vous remarquerez certains signes indiquant que le programme vous joue de vilains tours. D'autre fois vous ne remarquerez rien. Windows a des fonctionnalités espionnes qui envoient de l'information à Microsoft sur l'usage de la machine et les utilisateurs ne peuvent pas voir ce qui se passe. Ce n'était pas facile de s'apercevoir qu'il y avait des fonctionnalités espionnes, mais les gens les ont trouvées. Dans certains cas, il leur a fallu pas mal d'habileté pour les découvrir.
Et puis il y a une porte dérobée [backdoor] dans Windows qui permet à Microsoft d'installer des logiciels d'autorité. Pas besoin de votre permission, les logiciels sont simplement introduits à votre insu. Voilà donc ce que je veux dire quand je dis qu'un programme contrôle ses utilisateurs. Mais même s'il n'y a pas de porte dérobée pour que le développeur puisse installer ses modifications, il reste que le programme fait ce que le développeur a choisi qu'il fasse, et si cela ne vous plaît pas vous ne pouvez pas le modifier, donc vous êtes coincé.
Pour ce qui est de son pouvoir, la porte dérobée est comme la cerise sur le gâteau car elle signifie que, même s'il a oublié une de ses vilenies, il peut l'introduire rétroactivement. Sans ce type de porte dérobée, il doit se limiter aux vilenies auxquelles il a pensé par avance.
Il y a beaucoup de programmes privateurs largement utilisés qui font de la surveillance ; il y en a beaucoup qui sont conçus spécialement pour restreindre ce que peut faire l'utilisateur. Ces restrictions qui limitent ce que les utilisateurs peuvent faire avec les données qui sont dans leurs machines sont connues sous le nom de « gestion numérique des restrictions » ou DRM, et également appelées « menottes numériques ». Le fait est que d'utiliser ces programme s'assimile à être menotté parce que vous ne pouvez pas bouger les mains comme vous voulez, le programme vous en empêche.
Et il ne s'agit que des fonctionnalités intentionnelles. Naturellement, les programmes ont aussi des bogues, et si vous n'avez pas le code source vous ne pouvez pas les corriger. Donc les utilisateurs, pour être libres, doivent avoir le code source et être en mesure d'exécuter leurs propres versions modifiées du code source à la place de l'original. De plus ils doivent être libres de distribuer leurs versions modifiées. Parce que si vous n'avez pas cette liberté, vous pourriez corriger un problème pour vous-même mais vous ne pourriez pas le corriger pour quelqu'un d'autre, ce qui fait que chaque utilisateur devrait corriger le problème pour lui-même. On devrait le corriger à nouveau, encore et encore.
De plus, avec la liberté de distribuer vos versions modifiées, les gens qui ne savent pas programmer peuvent tout de même en bénéficier.
HK
Maintenant je comprends un petit quelque chose à la liberté du logiciel.
RMS
Si donc j'utilise un programme libre et que je le modifie, chose que je sais faire, alors je peux publier ma version modifiée, et vous… Peut-être que vous n'êtes pas programmeur, mais vous pourriez tout de même profiter du changement que j'ai fait. Non seulement ça, mais vous pourriez payer quelqu'un pour modifier le programme à votre place, ou vous pourriez rejoindre une organisation dont le but est de modifier un certain programme d'une certaine façon. Tous les membres verseraient leur quote-part et c'est comme ça qu'ils recruteraient un programmeur pour faire la modification.
En résumé, le logiciel libre se définit par les quatre libertés dont vous, en tant qu'utilisateur, avez besoin pour contrôler votre informatique. La liberté 0 est la liberté d'exécuter le programme. La liberté 1 est la liberté d'étudier le code source et de le modifier pour qu'il fasse votre tâche informatique comme vous le souhaitez. La liberté 2 est la liberté d'aider les autres, c'est-à-dire la liberté de redistribuer des copies exactes. Et la liberté 3 est la liberté d'apporter votre contribution à votre communauté, c'est-à-dire la liberté de distribuer des copies de vos versions modifiées. Ces quatre libertés garantissent que les utilisateurs, individuellement ou collectivement, contrôlent le programme. Si les utilisateurs ne contrôlent pas le programme, alors le programme contrôle les utilisateurs. C'est ce que fait le logiciel privateur, et c'est ce qui le rend malfaisant.
HK
Cela ressemble aux Creative Commons – vérifier les types de copyrights.
RMS
Oui. Creative Commons publie diverses licences.
HK
Oui. Êtes-vous d'accord avec toutes ces actions pour la liberté ?
RMS
Ils n'ont pas de position là-dessus.
HK
De position ?
RMS
Les licences Creative Commons octroient aux utilisateurs divers degrés de liberté. Deux de leurs licences sont conformes à nos critères de liberté. Ce sont les Creative Commons paternité (CC-BY) et paternité - partage dans les mêmes conditions (CC-BY-SA). Et je pense qu'il y a aussi la licence CC-Zéro que j'oublie toujours. Mais je pense que ces trois-là sont toutes des licences libres.
Les autres licences Creative Commons ne vont pas assez loin pour rendre l'œuvre libre. Cependant, je ne dirais pas que toutes les œuvres doivent être libres. Je pense que les œuvres publiées qui doivent être libres sont celles qu'on utilise pour effectuer des tâches concrètes. Cela comprend le logiciel, les recettes de cuisine – et les recettes de cuisine sont un bon exemple car, vous le savez sûrement, les cuisiniers partagent fréquemment leurs recettes et les modifient.
HK
Oui, bien sûr.
RMS
Et ce serait un tollé si on les arrêtait. Donc, en pratique, les cuisiniers traitent les recettes comme si elles étaient libres. Mais examinons d'autres œuvres qu'on utilise pour faire des tâches concrètes. Les ouvrages pédagogiques servent à des tâches concrètes : l'enseignement, aux autres ou à soi-même. Les ouvrages de référence servent à des tâches concrètes : trouver des renseignements. Et puis il y a les polices de caractères que nous utilisons pour afficher le texte pour qu'il puisse être lu. Voilà des exemples d'œuvres utilitaires. Ce ne sont pas les seuls exemples. Je suis sûr que vous pouvez en trouver d'autres. En tout cas, les œuvres utilitaires sont celles dont je pense qu'elles doivent être libres.
Toutefois il y a d'autres sortes d'œuvres. Par exemple, il y a les essais d'opinion et les articles scientifiques, et il y a les œuvres artistiques ; leur contribution à la société est d'une autre nature. Elles ne contribuent pas en aidant à faire des tâches pratiques. Leur utilité est ailleurs, par conséquent je tire des conclusion différentes à leur propos. Je pense qu'une conclusion primordiale pour ces œuvres est qu'elles devraient comporter la liberté de redistribuer des copies exactes de manière non commerciale, en d'autres termes, la liberté de partage.
HK
Je m'intéresse à ce que vous faites. Vous voyagez autour du monde, comme moi, et vous apportez votre contribution aux autres, pas à vous-même. J'aime beaucoup la manière dont vous vivez et je la respecte énormément. Alors je viens de me poser la question, comment vous décririez-vous ?
RMS
Je me décris comme un activiste du logiciel libre.
HK
Un activiste ?
RMS
Oui.
HK
Les activistes sont ceux qui changent le monde ?
RMS
D'abord, nous n'avons pas changé le monde, pas même dans ce domaine, nous en avons seulement changé une partie.
HK
OK.
RMS
Vous pouvez constater que les utilisateurs de l'informatique continuent à faire tourner des logiciels privateurs comme Windows et Macintosh. Et s'ils ont des téléphones intelligents, ces derniers exécutent du logiciel privateur et ils ont aussi des fonctionnalités malveillantes. Nous sommes loin de la victoire. Et autre chose : ce qui a été accompli, je ne l'ai pas accompli par moi-même. Mais c'est vrai que j'ai initié le mouvement.
HK
Cela fait longtemps que vous menez des actions. Quels seraient vos conseils pour être activiste ?
RMS
J'ai eu pas mal de chance, dans un sens. J'étais en mesure de faire quelque chose pour promouvoir ma cause en travaillant seul. Quand d'autres personnes intéressées se manifestaient, elles pouvaient me rejoindre. C'est une bonne idée de chercher un moyen de faire les choses de cette façon. En d'autres termes ne cherchez pas à construire une grande organisation dès le début pour ensuite commencer à accomplir quelque chose. Commencez par faire en sorte que seul, ou avec une petit groupe de personnes qui vous soutiennent, vous puissiez accomplir quelque chose et, ce faisant, attirer l'attention d'autres personnes qui auraient envie de vous rejoindre.
HK
Excellente idée.
RMS
En fait, j'ai lu ce conseil dans un livre, je ne me rappelle plus où parce que c'était il y a bien longtemps, mais il colle avec ce que j'ai déjà réalisé. Je ne peux pas dire que je l'ai pris comme principe général, mais cela a bien marché dans mon cas.
Et autre chose. Ne partez pas avec l'idée que d'abord vous collecterez des fonds importants, et qu'ensuite avec cet argent vous pourrez faire ceci et cela, parce que ce chemin ne vous mènera probablement jamais nulle part. Réussir à collecter ces fonds est si improbable qu'il y a de grandes chances que vous passiez tout votre temps à essayer et à échouer, sans jamais démarrer quoi que ce soit pour faire avancer votre cause.
Donc faites vos plans de telle sorte que vous puissiez rapidement commencer à faire quelque chose pour votre cause. De cette façon vous passerez votre temps à réaliser un petit quelque chose pour votre cause, ce qui est mieux que rien.
HK
Ça se tient.
RMS
Et parmi ceux qui suivent le chemin du collecter-des-fonds-d'abord, les rares qui réussiront à collecter ces fonds se rendront compte que les années passées à le faire auront modifié leurs objectifs. Lorsqu'ils posséderont cet argent ils auront pris l'habitude de faire des pieds et des mains pour en gagner. Peu de gens ont la faculté de faire volte-face pour diriger leurs efforts vers quelque chose d'autre que de récolter et conserver beaucoup d'argent.
HK
Effectivement. Pouvez-vous me dire comment vous avez fait pour rassembler des gens formidables quand vous avez lancé la Fondation pour le logiciel libre ?
RMS
Je ne sais pas si j'ai toujours rassemblé des gens formidables. Certains de ceux qui sont venus chez nous étaient des gens compétents et d'autres non mais je ne pouvais pas vraiment le dire à l'avance, je ne savais pas comment en juger. Mais il y avait assez de gens compétents pour qu'ils réussissent à accomplir beaucoup.
HK
Avez-vous rassemblé les gens ou les gens sont-ils venus chez vous automatiquement ?
RMS
Pour l'essentiel, les gens avaient vu ce que nous avions déjà fait et avaient trouvé ça intéressant. Ou bien ils aidaient, ou bien dans certains cas ils revenaient quand la FSF recrutait et que nous annoncions le poste. Peut-être que nous savions déjà lesquels étaient de bons programmeurs, par leurs contributions bénévoles, aussi nous savions que si nous les recrutions ils seraient compétents.
HK
Je vois. Merci infiniment pour votre temps. En guise de question finale, je voudrais vous demander ce que nous devrions faire pour répandre la liberté.
RMS
Les grands ennemis de la liberté, ce sont les gouvernements qui prennent trop de pouvoir sur la société. Ils invoquent deux excuses : le terrorisme et la pédopornographie. Mais nous devons nous rendre compte que les mesures contre la liberté sont un plus grand danger que chacun de ces deux-là. Par exemple, la censure d'Internet. Nous ne devons pas accepter de loi qui permette de punir quelqu'un sans procès équitable.
Les États-Unis ont créé un précédent terrible quand ils ont commencé à arrêter des gens tout autour de la planète, sans procès. Même maintenant, Obama continue à faire pression en faveur des commissions militaires, qui sont simplement des procès ne se conformant pas aux standards des procès. Ce ne sont pas des procès équitables.
Nous savons que beaucoup de prisonniers étaient à Guantanamo sur la foi d'une rumeur malveillante, et nous ne pouvons pas faire confiance aux tribunaux militaires pour faire la distinction entre une preuve véritable, et une rumeur malveillante ou le fait que quelqu'un a fini par dire sous la torture ce que son tortionnaire voulait qu'il dise.
On m'a dit qu'en ce moment le gouvernement iraquien continue à commettre des actes de torture, et aussi que 30 000 prisonniers n'ont pas eu de procès. C'est un monstre que les États-Unis ont créé. Les gouvernements partout dans le monde cherchent à obtenir plus de pouvoir. Le problème, c'est qu'ils en ont déjà trop.
HK
C'est vrai. Comment faire pour reprendre du pouvoir aux gouvernements ?
RMS
J'aimerais bien le savoir.
HK
(Rire)
RMS
Ce que je sais, c'est comment nous pouvons apprendre aux gens la nécessité de le faire. Les gouvernements obtiennent leur pouvoir en focalisant l'attention des gens sur quelque problème secondaire.
Par exemple, aux États-Unis, comment le gouvernement a-t-il obtenu son pouvoir de torturer et emprisonner des gens, et même de juste les bombarder ? Les États-Unis pratiquent le bombardement ciblé. Il y a une liste de gens qui sont désignés pour mourir ; le gouvernement des États-Unis va lâcher des bombes sur eux plutôt qu'essayer de les arrêter. Comment cela a-t-il commencé ? C'est que les États-Unis ont focalisé l'attention des gens sur le danger secondaire que des terroristes mènent les attaques du 11 septembre sur le territoire américain.
Bush ne voulait pas d'enquête sur ces attaques. Finalement, il a été forcé d'en autoriser une, mais il l'a fragilisée et a corrompu les enquêteurs, ce qui fait que nous ne pouvons pas avoir confiance dans les résultats. Il n'y a jamais eu d'enquête correcte sur la manière dont ces attaques ont été menées et qui en était responsable. Donc peut-être qu'elles ont été planifiées par un groupe de terroristes, comme dit le gouvernement, ou peut-être que Cheney était impliqué, comme le disent d'autres gens. Sans enquête véritable, nous ne le saurons jamais.
Mais avec cette excuse, George Bush a apporté la démonstration que la tyrannie est pire que le terrorisme, parce que ces attaques terroristes ont tué 3000 personnes et qu'elles ont servi d'excuse pour la conquête de l'Iraq, au cours de laquelle 4500 Américains ont été tués à peu de chose près. Alors, même si l'on cherche seulement à savoir ce qui est le plus dangereux pour les Américains, la réponse est Bush.
HK
(Rire) Les gens ne peuvent pas juger de ce qui est bien ou mal quand la situation devient trop complexe et trop frénétique…
RMS
Et cela ne tient pas compte de près d'un million d'Iraquiens que Bush a tués et qu'il nous a empêchés de compter. Mais en empêchant leur décompte précis, Bush a rendu plausibles des sous-estimations comme celle d'Iraq Body Count.
J'ai lu récemment que des journalistes sont allés rechercher le pétrole enterré sous la plage en Floride et que des espèces d'agents fédéraux leur ont ordonné de ne pas le faire, parce qu'ils ne veulent pas ébruiter la nouvelle qu'il y a du pétrole à cet endroit-là. Ils espèrent dissimuler ces effets pour les faire sortir de l'esprit des gens. Qu'ils le fassent pour BP ou pour Obama ou pour les deux, c'est choquant qu'ils essaient d'empêcher les gens de savoir.
HK
Pensez-vous qu'Internet a la possibilité de changer ce phénomène ?
RMS
C'est une autre question. Internet est utile pour diverses choses comme le partage d'information précieuse. Mais c'est aussi utile pour la surveillance. Ainsi Internet peut servir à de bonnes choses comme à de mauvaises choses. Comment nous assurer que nous sommes libres de partager ? Comment limiter la surveillance ? Il s'agit d'empêcher le gouvernement de faire des choses injustes.
Richard Stallman est un activiste de la liberté du logiciel et il est président de la Free Software Foundation.