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Communique de presse : OEB : Propriete Intellectuelle ? Non, Pollution Intellectuelle !
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- From: Frederic Couchet <fcouchet AT april.org>
- To: communique AT april.org
- Subject: Communique de presse : OEB : Propriete Intellectuelle ? Non, Pollution Intellectuelle !
- Date: Thu, 7 Dec 2000 11:16:51 +0100 (CET)
Office Européen des Brevets : Propriété Intellectuelle ? Non, Pollution
Intellectuelle !
APRIL
Communiqué de presse, pour diffusion immédiate
Url permanente : http://www.april.org/articles/communiques/pr-oeb.html
Paris, le 7 décembre 2000 - Après neuf jours de discussions intenses
s'achevait à Munich, le 29 novembre dernier, la Conférence pour la
révision de la Convention sur le Brevet Européen (CEB). Etait
notamment à l'ordre du jour une éventuelle modification de l'article
52.2, article définissant l'exception sur le brevet logiciel. Il
stipule en effet que le dépôt de brevet sur un logiciel en tant que
tel n'est pas valable en Europe, ce qui entrave passablement
l'hégémonie des multinationales du secteur informatique. Et c'est une
chance ! Quel est le résultat à l'issue de cette conférence ? Rien n'a
changé, mais alors, malheureusement, rien du tout. L'Office Européen
des Brevets pourra continuer avec ses pratiques scandaleuses en
matière de Propriété Intellectuelle. Mais alors, qui songe à protéger
les Européens, face à cette captation toujours plus large par des
intérêts privés de tous les champs des activités intellectuelles, dont
le logiciel n'est qu'une partie. État des lieux à la veille du Sommet
de Nice où la propriété intellectuelle risque de subir les derniers
outrages.
La conférence diplomatique visait à généraliser la brevetabilité dans
tous les domaines, y compris pour des sujets relevant du vivant ou de
la pensée. L'un des enjeux était donc la mise en place, ou non, de
brevets sur les logiciels, alors que ceux-ci ne sont que de la logique
appliquée.
Les enjeux économiques liés au brevetage des logiciels sont certes
considérables, mais les enjeux de société sont immenses. Et bien que
les brevets sur les logiciels soient en théorie interdits en Europe,
l'Office Européen des Brevets (OEB) et des lobbies puissants, inspirés
par la pratique américaine, n'ont eu de cesse d'officialiser ce
brevetage à l'occasion de cette conférence. Pourtant la mobilisation
de différentes organisations et de milliers de citoyens a permis qu'un
début de débat soit engagé in extremis par la Commission Européenne,
sous la forme d'une consultation en ligne qui doit se terminer le 15
décembre ([1]).
Ainsi, devant cette intense mobilisation citoyenne, 17 des 20 pays
membres de la CEB ont choisi de ne pas remettre en cause, pour
l'instant, l'exception sur les programmes d'ordinateurs en tant que
tels. Statu quo, donc.
Nous pourrions nous réjouir de cette décision. Or cela ne change
strictement rien à la situation actuelle. En effet, cette décision ne
remet pas en cause la jurisprudence actuelle scandaleuse de l'Office
Européen des Brevets. Nous déplorons que l'on ne mette pas aujourd'hui
un frein aux brevets déposés sur les techniques logicielles.
La lecture du discours de clôture de Roland Grossenbacher, président
du conseil d'administration de l'OEB, est assez édifiante ([2]):
« ... Il convient tout d'abord de constater que la Conférence a
décidé de ne pas supprimer les programmes d'ordinateurs de la
liste des inventions non brevetables. ... La pratique
actuelle de l'Office et de ses chambres de recours ainsi que
des offices de brevets et des tribunaux nationaux n'est donc
aucunement remise en question. Les inventions mises en oeuvre à
l'aide d'ordinateurs pourront continuer à être brevetées si
elles apportent une contribu tion technique nouvelle et
inventive à l'état de la tech nique connu. Les procédés
techniques dans le domaine du traitement des données ou pour la
mise en oeuvre de méthodes dans le domaine commercial sont donc
toujours brevetables. Cette pratique découle de la notion même
d'invention, qui distingue clairement les solutions techniques
des méthodes non techniques. ... »
Mais l'OEB joue sur les mots : montrez-moi un logiciel, un programme
d'ordinateur, qui n'ait pas d'effet technique ! Ca n'existe tout
simplement pas, car tout logiciel est destiné à être utilisé dans un
but technique bien précis. Alors, brevetons à loisir, toutes les
techniques logicielles possibles et imaginables, peu important les
conséquences... mais tout en restant dans la légalité auto-proclamée
par l'OEB (voir la « Galerie des Horreurs des brevets logiciels en
Europe », [3]).
Aujourd'hui, à l'issue de la conférence diplomatique, le principal
subsiste : la pratique, c'est à dire la jurisprudence illégale de
l'OEB. Le statu quo actuel est affligeant : soit les états de la CEB
veulent exclure les logiciels du champ des brevets, et ils doivent
mettre fin à la jurisprudence illégale de l'OEB, et ainsi exclure
clairement tous les programmes d'ordinateurs (effets techniques ou
pas, puisque, on l'a vu, tout programme a des effets techniques), soit
réviser la Convention comme prévu initialement, ce qu'ils n'ont pas
fait. La dérive jurisprudentielle de l'OEB devrait nous conduire à
cette constatation : il n'est plus possible de conserver la loi en
l'état, si elle permet de telles dérives. Pourtant, une telle évidence
n'a apparemment pas sauté aux yeux de nos représentants, qui jouent
allègrement la politique de l'autruche : et même la délégation
française, alors qu'elle a pris position pour le statu quo, semble
bien approuver les pratiques actuelles (voir [4]).
Dans l'affaire des brevets, c'est donc la jurisprudence de l'OEB qui
altère l'esprit de la loi, qui la vide de son sens. Mais les États ont
désormais une façon très simple de lutter contre les pratiques
illégales : ils en font des lois ! Exemple d'actualité, l'Union
Européenne qui est en passe d'adopter à Nice une Charte extrèmement
dangereuse pour la souveraineté des États et le contrôle démocratique
de la pratique juridique en Europe...
D'une certaine manière, l'affaire des tripatouillages de la
législation sur les brevets est encore plus symptomatique car elle
réalise une étape supplémentaire : ce n'est plus un organe de la
Communauté Européenne qui dérive, mais l'OEB, un organisme
internationnal indépendant, et à but strictement lucratif ! Pour
avoir un compte un peu exact des pratiques illégales de l'OEB, il
suffit de consulter l'article de Gregory Aharonian qui contient des
statistiques détaillées sur les procédures d'examen des brevets, et
montre que 90 % des brevets logiciels attribués par les offices de
brevets sont invalides ([5]).
La volonté intéressée de l'OEB est de modifier l'esprit de la loi en
légalisant des pratiques qui le violent. Notre volonté est de
reformuler la loi pour que sa lettre en respecte l'esprit.
Malheureusement, le logiciel n'est pas le seul concerné par les
problèmes de la brevetabilité. Voir, par exemple, le dossier de
l'association Act-Up (« Sida : mort sous brevet », [6]), et concernant
les pratiques scandaleuses de l'OEB le communiqué des Verts du
23/11/2000 ([7]):
« Alors que seuls trois Etats de l'Union ont transcrit la
directive européenne autorisant à breveter le vivant,
l'Office européen des brevets tente de forcer la main aux
Etats. Le 16 juin 1999, il intégrait la directive dans la
convention européenne des brevets alors que celle-ci inter
dit la prise de brevets sur le vivant. Les Verts refusent
ce véritable hold-up sur le vivant, fait dans l'ombre par un
organisme qui ne rend de compte à personne, et réalisé par
le Conseil d'administration qui n'en a pas les compétences.
Cet acte est illégal, mais ne peut être déféré devant la
Cour de Justice des Communautés Européennes, car l'Office ne
fait pas partie de l'Union européenne. Aujourd'hui,
l'Office tente de régulariser cette opération en faisant
modifier la convention par l'ensemble des Etats réunis à
Munich. Et il en profite pour demander une extension des
compétences du Conseil d'administration afin de pouvoir
intégrer seul les modifications à venir... »
A la veille de la conférence intergouvernementale de Nice, dont
l'ordre du jour contient une modification des règles de décision
concernant les services et la propriété intellectuelle, personne ne
peut nier que le problème est globlal (voir l'article de Madame
Anne-Cécile Robert, [8]).
Les principes de la propriété intellectuelle sont soumis à des assauts
répétés. Les renoncements de Munich à peine constatés que le sommet de
Nice se pointe à l'horizon... Par la modification de l'article 133 du
traité d'Amsterdam ([9]), on vise à ramener « les services, les
investissements et les droits de la propriété intellectuelle » dans le
« champ d'application de la politique commerciale », c'est-à-dire, en
particulier, à exclure ces questions du domaine du vote à l'unanimité,
pour leur appliquer un vote à la majorité qualifiée qui induira,
automatiquement, des solutions ultra-libérales, c'est-à-dire anti-
européennes.
La révision de l'article 133 donnerait également des pouvoirs étendus
à la Commission Européenne pour les négociations au sein de l'OMC pour
la révision de l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) et
l'Accord sur les Droits de Propriété Intellectuelle liés au Commerce
(ADPIC) qui risquerait d'appliquer les règles de l'OMC notamment au
secteur de la propriété intellectuelle (voir, à ce sujet, le dossier
d'ATTAC et notamment l'article de Madame Susan George, [10]).
Devant cette actualité multiple sur le front de la propriété
intellectuelle, nous appelons donc tous ceux qui ont été élus pour
exercer notre souveraineté à se resaisir. Nous demandons tout
particulièrement au gouvernement et au Président de la République
(actuel Président de l'Union Européenne) de reprendre le contrôle de
l'Office Européen des Brevets, pour mettre un terme à ses pratiques,
et à se souvenir des intérêts dont ils ont la charge en refusant la
modification de l'article 133 du traité d'Amsterdam.
1. Références
1. Consultation d'Eurolinux :
http://petition.eurolinux.org/consultation et consultation
européenne :
http://europa.eu.int/comm/internal_market/fr/intprop/indprop/softpatfr.htm
2. Déclaration de M. Roland Grossenbacher :
http://www.european-patent-office.org/news/pressrel/2000_11_29_f.htm
3. Galerie des Horreurs de la FFII :
http://swpat.ffii.org/vreji/pikta/indexen.html
4. Avis de la délégation française lors de la Conférence
Diplomatique :
http://www.european-patent-office.org/epo/dipl_conf/pdf/dm00008.pdf
5. Le système d'examen des brevets est intellectuellement corrompu par
Gegory Aharonian :http://www.bustpatents.com/corrupt.htm
6. « Sida : mort sous
brevet » :http://www.actupp.org/1er_decembre/decembre2000/index.html
7. Communiqué des Verts du 23/11/20000 :
http://www.verts.imaginet.fr/communiq/com2000/com0011.html#ancre318334
8. « Une Charte cache-misère », par Anne-Cécile Robert, Monde
Diplomatique, décembre 2000
9. Extension du vote à la majorité qualifiée :
http://europa.eu.int/comm/igc2000/geninfo/confer4789_fr.pdf
10. Alerte rouge sur le "133": http://www.attac.org/fra/list/doc/george.htm
2. APRIL
L'APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique
Libre, créée en 1996, est composée de professionnels de différentes
sociétés ou administrations, de chercheurs et d'étudiants. Elle a pour
objectif de sensibiliser les entreprises, les administrations et les
particuliers sur les risques des solutions propriétaires et fermées,
et de les informer des potentialités offertes par les logiciels libres
et les solutions basées sur des standards ouverts.
Pour plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site Web à
l'adresse suivante : http://www.april.org/, ou nous contacter par mail
à l'adresse contact AT april.org.
Contact Presse :
Frédéric Couchet, Président. E-mail : fcouchet AT april.org.
Tél : 06.60.68.89.31
Olivier Berger, Secrétaire. E-mail : oberger AT april.org.
--
Pétition contre les brevets logiciels : http://petition.eurolinux.org/
Frederic Couchet, fcouchet AT april.org, 06 60 68 89 31 / 01 49 22 67 89
Association pour la Promotion et la Recherche
en Informatique Libre (APRIL) --------> http://www.april.org/
- Communique de presse : OEB : Propriete Intellectuelle ? Non, Pollution Intellectuelle !, Frederic Couchet, 07/12/2000
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