Re: [EDUC] Communiqué EPI : consultation sur le pro jet de programme ISN de terminale scientifique

[Vincent Delecroix <20100.delecroix AT gmail.com>]

Bonjour,

Je viens de lire ce joli pamphlet de l'éducation nationale. Il a au
moins l'avantage du peu de précision qui laisse tout de même le champs
libre aux enseignants.

J'ai quelques remarques que j'intègre à celles de François que je
remercie pour sa lecture avisée et les commentaires qui s'en sont
suivis.

Pour commencer, ce qui m'a le plus choqué est la lecture du paragraphe
3. "pédagogie du projet". On dirait un cours de management ! La vision
productiviste du
 * on identifie le problème
 * on fixe les objectifs
 * on résout le problème
 * on fait un bilan de notre activité
est certes facile à formuler mais obscurcis considérablement l'esprit.
J'ai la conviction que l'apprentissage passe aussi par une errance. Je
ne veux pas dire par là une étape préliminaire à la recherche d'une
solution mais une culture de la curiosité. Une digression perpetuelle.
Je relève le vocabulaire du paragraphe : projet, conduite, acquisition
de compétences, équipe, planning prévisionnel, points d'étapes, bilan,
valider les éléments.

>
> Dans le préambule : «
>  L’objectif de l’enseignement de spécialité ISN en classe terminale de
>  la série S [...]  [est plutôt de] de les sensibiliser aux problèmes
>  sociétaux induits (respect de la vie privée, propriété des œuvres
>  numériques).
> »
>
> Il faut arrêter de considérer l'enjeu sociétal de l'informatique sous le
> seul angle des « problèmes ». L'informatique et Internet ont permit une
> vague d'émancipation et de partage de la connaissance sans précédent
> dans l'histoire de l'humanité ; ça compte, non ?
>
> Je m'associe au cotés des autres critiques pour dire que
> l'appropriation exclusive de l'information a des limites. Le logiciel
> n'est pas régit par la propriété, mais par le droit d'auteur. Et le
> droit d'auteur résultant d'un équilibre entre ce dernier et la société,
> il conviendrait que ne soient pas non plus oubliés les droits des
> utilisateurs.

Je soutiens cette objection qui soulève le problème qu'avec un tel
angle d'approche c'est un enseigement voué à l'échec. J'ai eu
l'impression en lisant le texte que le gouvernement souhaite créer un
cours de moral qui explique comment se comporter sur internet.

> Dans la partie « structuration et organisation de l'information », je
> pense qu'on aurait tord de se limiter aux structures arborescentes. La
> structuration de l'information doit se faire en relation avec un
> objectif mené ou un problème à résoudre. Pour cela il semble nécessaire
> de présenter non seulement les organisation arborescentes, mais aussi
> les autres structures, telles que les piles, les listes, les
> dictionnaires, les bases clés-valeurs adressables par le contenu, etc.
> Et cette présentation des structures doit se faire en relation avec la
> présentation des « types de données » proposée plus loin. Actuellement
> il n'y a que des types de bas niveau qui sont mis en avant, ce qui est
> dommage car amha ça fait complètement passer à coté de l'enjeu de
> structuration qui est au moins aussi important que l'aspect
> algorithmique.

Je me suis fait la même remarque. Il y a pleins de propositions
éparses (graphes par ci, langage binaire par là, ...) mais aucune mise
en situation. Un algorithme est d'une part à concevoir aussi en terme
de structures de données (je trouve que le texte ne fait pas du tout
d'effort de conciliation alors que tout est là) et d'autre part, comme
le fait remarquer François, il y a un "problème à résoudre" ! Or là,
on oppose les concepts de programmation aux concepts de programmation
comme une science close... alors que dans le paragraphe précédent on
vantait les interactions !


Je vois trois actions possibles
  * faire du lobbying directement auprès des rectorats pour dénoncer
ce qui cloche
  * écrire un communiqué (bref) sur ce qui cloche
  * écrire une brochure de propositions du genre "boîtes à outil à
l'usage des enseignants"

De ces trois propositions, la troisième me semble la plus importante
car comme tous les textes de l'éducation nationale, le flou domine. Ce
sont les enseignants qui décideront de ce qui sera enseigné et c'est
vers eux qu'il faut se tourner.

Amicalement,
Vincent