Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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Re : Re: Re : Re: [EDUC]formal isation des propositions de l'April sur l'éducation
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- From: cnestel AT free.fr
- To: Marie-Odile Morandi <mbottoli AT voyager.archi.it>
- Cc: Louis-Maurice De Sousa <louis.de-sousa AT pi-et-ro.net>, educ AT april.org
- Subject: Re : Re: Re : Re: [EDUC]formal isation des propositions de l'April sur l'éducation
- Date: Fri, 4 Jan 2013 17:23:31 +0100 (CET)
----- Marie-Odile Morandi <mbottoli AT voyager.archi.it> a écrit :
> Bonjour,
>
> Tous ces débats sont très intéressants.
>
> Pourriez-vous quand même développer les origines de l'échec du B2i ?
>
> Amicalement
> Marie-Odile Morandi
>
> > Amha les enjeux autour du B2I et du socle vont bien au delà des
> > problèmes informatiques. Le B2I a été le coin qui a permis l'évaluation
> > pas compétences du socle, mais c'est un autre débat.
> > Quand à l'échec du B2I, il a beaucoup d'origines que je ne développerai
> > pas ici.
> > > Louis-Maurice De Sousa
Bonjour Marie-Odile,
Je conserve ta référence au post de Louis-Maurice en ce que je partage
à 100% ce qu'il écrit. Aussi, si nous n'étions pas sur une liste
purement dédiée au Libre dans l'éducation mais sur une liste dédiée
à l'éducation/instruction publique en général, alors il nous faudrait
analyser le B2i version Luc Ferry et Xavier Darcos, finalisée par
François Fillon puis de Robien, à la suite de la commission de
Claude Thélot, comme étant un coin, un levier, un cheval de Troie du socle
commun et d'une évaluation dite par compétences voués dès l'origine
à l'échec.
Le B2i en lui-même remonte au ministère de Jack Lang, il s'inscrit d'une
part comme succédané de la suppression de l'option informatique des
lycées par Claude Allègre et comme volonté, dans le cadre d'une
perspective européenne voulue par l'OCDE, de donner à tous un ersatz
de "culture" informatique et internet basé sur des "connaissances"
(j'insiste sur ce terme) et des "compétences" (terme qui resterait
à définir).
Cette idée, AMHA, comportait des points positifs et des points négatifs.
Tu dois le savoir autant que moi, puisque tu es membre de la liste
Pagestec où je fus viré comme un malpropre et accueilli chaleureusement
après le changement de bureau et d'orientation, que le B2i devait au
départ, dans le cadre du projet Jack Lang, être coordonné en collège
par une discipline : la Technologie, dont le programme était constitué
sur 30 à 40% du temps par un enseignement de notions informatiques,
ce qui n'interdisait pas son usage en tant qu'outil le reste du temps.
Chaque discipline étant censée utiliser "l'outil informatique" sans
l'enseigner, il fut également décidé que chacune pouvait valider
des items.
On avait donc au départ une feuille de validation de connaissances et
de "compétences" qui pouvaient être renseignées par une discipline,
quand bien même, toutes les disciplines pouvaient participer
à l'évaluation.
Parmi les points négatifs, une porte ouverte sur ce qui deviendra
la réforme du socle commun, préfigurée également dans le discours
de Claude Allègre qui considérait que toutes les disciplines
enseignaient le Français puisqu'elles le parlaient.
J'ouvre une digression sur les compétences. Je ne suis pas
systématiquement opposé à une approche par compétences quand
elles se justifient et s'intègrent dans une pédagogie qui vise
à asseoir des connaissances.
Un exemple concret : mon collège.
Plusieurs années de suite, les profs ont décidé de ne pas
renseigner le livret de compétences (le B2i étant censé y être intégré) ;
décision prise à l'occasion de plusieurs Assemblées Générales
qui donnèrent lieu à des débats approfondis entre les enseignants
des différentes disciplines.
L'équipe de mathématiques enseignant en sixième et cinquième
faisait valoir qu'elle s'inspirait et travaillait avec le logiciel
SACoche de Sésamath qui est basé sur une approche par compétences
où les élèves ne sont pas notés mais où leur progression est
repérée notion par notion dans un code de couleurs.
Je prends un exemple que l'équipe avait mise en avant
Si l'objectif est de tendre vers la compréhension de la notion
de classe d'équivalence, sur le plan didactique une approche
par compétences pouvait se montrer fort utile. Et dans un
cadre pluridisciplinaire il m'était demandé en technologie,
par exemple, de distinguer la notion d'aire de la notion
de surface.
Un môme (en difficulté scolaire) que je voyais par exemple dans
un cours me dire "ça y est monsieur je sais la différence entre périmètre
et surface" et me le prouver en faisant le tour d'une table avec son
doigt et en passant la main sur la surface de la table avait
pour mes collègues de math : progressé.
Mais si les profs découpaient un carré en plusieurs morceaux
et que le gamin n'avait toujours pas compris que l'aire du carré
était la même que le carré de référence, alors il n'était pas
encore en mesure de comprendre la notion de classe d'équivalence.
Si des enseignants, dans le cadre de leur discipline, veulent
travailler par "compétences" dans l'exemple que je viens de citer,
je n'ai rien à redire.
Lors de ces AG les profs de Lettre rétorquèrent que ce qu'était possible
en math ne l'était pas en Français.
Et cela n'empêchait pas l'équipe de math de considérer que les compétences
du socle commun n'avaient rien à voir avec leur pédagogie, étaient
floues, et ne répondaient à aucune progression disciplinaire et
par conséquent qu'eux aussi participeraient au boycott.
Première raison, parmi mille autres de l'échec du socle et du B2i :
on ne peut pas imposer de force une réforme à une grande majorité
d'enseignants quand ils n'en comprennent pas le sens.
Très vite a germé l'idée d'opposer au socle : une culture commune ;
concept repris par certains syndicats comme le SNES ou le mien
la CGT-Éduc'action.
De plus, en cette période troublée d'émergence des extrêmes en
Europe, de déflagration du lien social, une école qui ne serait bâtie
que sur des compétences mal renseignées, sans ciment, sans
culture commune (et l'école de la République avec ses défauts et
ses qualités a contribué durant des décennies à notre culture
commune) ne peut que contribuer au nihilisme ambiant.
Donc pour revenir au B2i, des apprentis sorciers ont décidé
- et encore une fois je partage totalement le point de vue de
Louis Maurice que je salue au passage - d'utiliser le B2i en tant
que grille de connaissances et compétences déjà existantes,
pour asseoir le socle commun, en tant que quatrième pilier ;
les grilles de compétences des autres "piliers" n'étant à l'époque
qu'en chantier.
Et pour que ces "compétences" deviennent réellement "interdisciplinaires"
les programmes de Technologie furent remaniés de fond en comble;
toute référence à l'apprentissage de notions informatiques rayées
de la carte et la discipline technologique réduite à l'étude
des objets techniques (définition de la technologie correspondant
davantage aux réalités techniques, technologiques, du XIXème
siècle) et imposés de force contre l'avis unanime (ce qui fut
une première historique dans toute l'histoire de l'éducation)
du Conseil national des programmes qui fut également supprimé par
la loi no 2005-380 d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école
dite Loi Fillon (art. 15) et ses attributions exercées par le Haut Conseil
de l'éducation.
Dans la foulée, les items du B2i furent remaniés de fond en comble,
et certains supprimés avec la mention explicite "cet item correspondait
davantage à des connaissances qu'à une compétence".
En ce sens, ce qu'il y avait de positif dans le B2i version Jack
Lang fut supprimé et la validation de ce qui restait renseigné
dans aucune discipline.
Sur le terrain,, le B2i étant devenu obligatoire pour accéder aux
épreuves du brevet des collèges, on assista un peu partout à des
validations à la volée en fin d'année qui ne voulaient plus
rien dire.
Et sur le plan pratique, c'est surtout cela l'échec du B2i.
Car tous les profs, et il en existe une tripotée qui considère
que c'est avant tout un travail, même si majoritairement le corps
enseignant essaye de le faire du mieux qu'il peut, sans se
prendre la tête sur des questions qui lui échappe.
Par exemple la majorité du corps enseignant était opposée dans
mon collège à l'épreuve d'histoire des arts. C'est un autre
sujet qui serait néanmoins important de discuter.
Néanmoins quelles que furent nos positions on a bien été obligés
de constater que pour les élèves, le fait se soutenir devant
un jury d'enseignants pour la première de leur vie, une recherche
personnelle effectuée durant l'année, était valorisée.
Ceci ne m'empêche pas de considérer que l'histoire des arts
telle qu'elle est décrite revient souvent, non pas à l'histoire
de l'art que je valorise, mais à une illustration du cours
d'histoire...
Par exemple Guernica comme illustration de la guerre d'Espagne,
ce qui est juste, mais occultant par là même l'oeuvre comme
appartenant au cubisme. Même si des profs d'arts plastiques
participent à l'épreuve et peuvent se féliciter que l'école
s'intéresse également à l'art, se pose toujours la question
de l'histoire de l'art dans son propre mouvement et pas seulement
comme document illustrant par des images un cours d'histoire...
J'en parle parce que Louis-Maurice évoque également cette
épreuve dans le mèl auquel tu réponds.
Donc le B2i, pour revenir à notre sujet, est devenu une mascarade.
Je partage totalement les positions de l'April et de l'EPI.
Librement,
Toutes mes amitiés,
Charlie, partisan d'authentiques cours d'informatique dans
le cursus.
- Re: [EDUC] formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, Louis-Maurice De Sousa, 03/01/2013
- Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, cnestel, 03/01/2013
- Re: Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, Louis-Maurice De Sousa, 03/01/2013
- Re: Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, Marie-Odile Morandi, 03/01/2013
- Re: Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, jp.archambault AT laposte.net, 03/01/2013
- Re : Re: Re : Re: [EDUC]formal isation des propositions de l'April sur l'éducation, cnestel, 04/01/2013
- Re: Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, Marie-Odile Morandi, 03/01/2013
- Re: Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, Louis-Maurice De Sousa, 03/01/2013
- Re: [EDUC] formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, Emmanuel Garette, 04/01/2013
- Re: [EDUC] formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, Rémi Boulle, 06/01/2013
- Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, cnestel, 06/01/2013
- Re : Re: [EDUC]formalisation des propositions de l'April sur l'éducation, cnestel, 03/01/2013
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