Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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- From: cnestel AT free.fr
- To: educ AT april.org
- Subject: [EDUC] Critique du rapport de l'Académie des sci ences, partie collège.
- Date: Mon, 27 May 2013 00:15:54 +0200 (CEST)
Rapport de l’Académie des sciences - Mai 2013
Il est urgent de ne plus attendre
L’enseignement de l’informatique en France
http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/rads_0513.pdf
Je viens de relire avec attention le Rapport de l'Académie des sciences.
Il comporte plein de bonnes choses bien écrites, intelligentes dans
ses intentions théoriques légitimant la science informatique. Pourtant dès
qu'on passe à la partie pratique, faisabilité à l'école, notamment pour
le niveau collège : c'est accablant !
Un peu comme si le cahier des charges était beau, génial, intelligent et
le programme y répondant totalement buggé par un défaut de conception
à l'origine du dysfonctionnement : l'incapacité de penser l'informatique,
les logiciels, comme des objets technologiques ; comme si la technologie
en tant que discipline en collège était condamnée à disparaître du cursus
pour se fondre dans un « Enseignement intégré de science et technologie »
: place que lui réserve ce rapport de l'Académie des sciences.
Un texte contradictoire.
D'un côté on peut lire :
« Le collège est aussi l’occasion de découvrir ou d’approfondir
d’autres aspects de l’informatique.
Tout d’abord, si certains systèmes informatiques sont autonomes,
par exemple un ordinateur de bureau, d’autres sont utilisés
au sein de systèmes plus complexes, avions, trains, voitures, etc.,
qui articulent des composants mécaniques avec des composants
informatiques.
L’interface entre les ordinateurs et les systèmes mécaniques
qu’ils contrôlent se fait par des capteurs et des actionneurs,
qui sont eux mêmes des machines.
C’est un sujet riche, puisqu’il mêle des aspects matériels et des
aspects algorithmiques, car des algorithmes sont nécessaires
pour traduire une valeur analogique en une valeur numérique dans
un capteur ou une valeur numérique en une valeur analogique dans
un actionneur.
D’autres algorithmes sont indispensables pour contrôler le système
en agissant sur les actionneurs en fonction des valeurs captées.
Dès le collège, il est possible de faire programmer par
les élèves un petit robot, par exemple une voiture, pour lui faire
suivre une ligne blanche : quand la voiture va trop à droite,
le programme doit tourner le volant à gauche, quand elle va trop
à gauche, il doit le tourner à droite. Ce type de travail les
sensibilise à des problèmes comme la conversion analogique ».
Fort bien. Rien à redire.
N'est-ce pas ce que pratiquent déjà un certain nombre
de professeurs de technologie ?
Les communautés du Libre, quant à elles, notamment autour
des technologies Arduino pratiquent également ce genre de sport
et peuvent apporter leur concours.
Alors pourquoi le rapport cite-t-il comme modèle, sans s'y référer,
ce qui se pratique déjà en Technologie et est peu à peu en train de
se généraliser, pour dénier plus loin une possible interaction
entre aspects matériels, aspects algorithmiques et informatiques ?
Lire à ce propos :
« Il nous faut étudier le positionnement de l’informatique dans
ce cadre.
Tout d’abord, l’informatique est à la fois une science et
une technique, et il n’est pas possible de la réduire à l’un de ces
deux aspects sans la mutiler gravement. D’autre part, le génie
informatique est trop spécifique pour se fondre dans un vaste ensemble
qui comprendrait aussi par exemple le génie mécanique et le génie
électrique. ».
C'est antinomique !!! Mais quelle en est la raison ?
Ne tient-elle pas au fait que les rédacteurs de cette partie
du rapport ne souhaitent pas que puisse exister une enseignement
technologique de l'informatique aux côtés d'un enseignement purement
dédié à la science informatique pour tous qui ne sera probablement
enseigné qu'au lycée ? Excepté en collège dans des options comme
le Latin, purement dédiées à la science informatique que j'appelle
de mes voeux.
Comme si l'informatique était soluble dans l'alcool ou la technologie :
« Enfin, si l’informatique est en partie une technique dont un
but majeur est de construire des objets, ces objets sont souvent
de nature abstraite. Il nous semble donc totalement exclu de fondre
l'enseignement d'informatique dans l'enseignement de la technologie
au collège, orienté vers les objets matériels. ».
la messe est dite par un pieu mensonge !!!
Car en réalité, rien sur le plan épistémologique, ne prédestine
la technologie à la seule orientation vers des objets matériels,
soit dit en passant.
Et pour couronner le tout :
« L'enseignement d'informatique doit donc être suffisamment spécifique,
assuré par des professeurs spécifiquement formés au niveau master,
même s’il doit évidemment interagir avec les autres
enseignements. ».
Ce qui amène Marie-Odile Morandi, professeure de technologie à écrire
sur la liste de l'April à Jean-Pierre Archambault :
« Est-ce une tactique que de demander l'impossible pour obtenir le faisable
raisonnable ?
Le professeur des écoles sera à même de sensibiliser les enfants de l'école
élémentaire sur le sujet........ mais pas le professeur de technologie en
6ème ! ».
Mais ce texte atteint l'apothéose en proposant comme solution
l'intégration de la Technologie dans un Enseignement intégré de
sciences et technologies au Collège (EIST) proposé par l'Académie
des sciences et des technologies et actuellement en expérimentation
en sixième et cinquième.
« Il nous faut étudier le positionnement de l’informatique
dans ce cadre. » dit le rapport. Pourquoi faire simple quand on peut
faire compliqué ?
Faudrait savoir. Un enseignement spécifique ou un enseignement intégré
EIST ?
Pour info, l'EIST intègre les disciplines scientifiques expérimentales
(sciences physique et chimique et sciences de la vie et de la Terre)
à la technologie.
Si l'expérimentation peut être positive pour les enseignants qui souhaitent
monter ce type de projet, il est à noter que les syndicats enseignants y
voient à juste titre, à terme, un moyen de baisser le volume horaire
des enseignements scientifiques.
Et le rapport de l'Académie des sciences y propose d'y inclure
en plus l'informatique. Comme c'est joli !
Visiblement nos académiciens vivent sur une autre planète, sans compter
le nombre de masters qu'il faudra cumuler pour pouvoir enseigner
l'informatique
en EIST.
Librement,
Charlie
Copie sans crosspst sur les listes Pagestec et Educ de l'April.
- [EDUC] Critique du rapport de l'Académie des sci ences, partie collège., cnestel, 27/05/2013
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