Re: [EDUC] Présentation

[Maou 420 <maou420 AT free.fr>]

Bonsoir Judicaël et soit le bienvenu sur cette liste.

Merci pour ce "flashback" que j'ai également connu à un degré moindre, tout-de-même.

Longue vie aux logiciels libres... Michel C.

Le 14/04/2016 15:10, Judicael Courant a écrit :

Bonjour,

Je suis cette liste depuis quelques mois déjà mais je n'avais pas pris
le temps de me présenter. Maintenant que j'ai envoyé un message sur la
liste, je me décide !

Je suis enseignant en classes préparatoires, au lycée La Martinière
Monplaisir de Lyon et j'ai 43 ans (né en 1973).

J'ai été enseignant-chercheur en informatique (à Paris XI), avant de
revenir sur la région lyonnaise, où j'ai travaillé une année dans le
privé (notamment chez Atos Worldline), avant de prendre un poste
d'enseignant de mathématiques en classes prépa.

Depuis la rentrée 2014, je n'enseigne que de l'informatique mais je
reste officiellement enseignant de mathématiques (alors qu'elle est
reconnue par l'enseignement supérieur depuis les années 70,
l'informatique n'est pas une discipline reconnue par l'éducation
nationale --- la rumeur dit que certains au ministère auraient peur de
se retrouver avec des profs d'informatique dont ils ne sauraient pas
quoi faire une fois la mode de l'informatique passée).

Je crois que l'informatique doit être au service de l'Homme et non
l'inverse.

En même temps, je suis aussi très exigeant vis-à-vis de mes élèves
(comme de mes collègues) sur leur façon de se comporter face à un
ordinateur : se contenter de dire «msieu, ça marche pas !» sans même
prendre la peine de décrire les *symptômes* du problème me paraît un
signe de paresse intellectuelle.

Enfin, j'aimerais que l'éducation nationale comprenne que derrière les
mots «enseignement» et «informatique», il n'y a pas juste la
problématique de la formation aux usages du numérique mais bien
l'enseignement d'une science aussi fondamentale que les mathématiques ou
les sciences physiques.


Voilà, j'en ai fini pour cette présentation. Pour ceux qui voudraient
avoir une idée plus précise d'où je viens, voici quelques paragraphes
sur mon parcours (séquence nostalgie, attention, c'est un peu long) :

J'ai découvert l'informatique à l'adolescence : vers la 6e, j'ai lu un
ouvrage qui parlait des ordinateurs et même de leur programmation. J'ai
passé pas mal de temps avec des copains qui avaient un ordinateur chez
eux et commencé à programmer un peu en BASIC. En 4e, au club
d'informatique du collège, j'ai commencé à faire un peu de Logo. Et à
Noël 1986 (j'étais en 3e), le père Noël nous a apporté un magnifique
TO7/70 (48 Ko de RAM) avec son lecteur de cassettes : l'extase ! Le
début de pas mal d'heures de programmation en BASIC et un peu en
assembleur.

En 1990, au début de ma prépa, mes parents ont acheté un PC (la facture,
avec l'imprimante matricielle, avoisinait les 20 000 F pour un
magnifique PC 386 SX équipé de 4 Mo de RAM et 80 Mo de disque dur, avec
un MS-DOS préinstallé). J'ai programmé dessus (en Pascal, le langage
alors enseigné en prépa, mais aussi un peu en C et C++).

Je rêvais un peu à Unix dont m'avait parlé un copain de mon père (un
système qui marchait sans planter, un truc incroyable pour moi qui avait
dû réinstaller plusieurs fois mon système) mais ça restait du rêve :
Xenix, la version d'Unix pour les PC proposée par Microsoft était hors
de portée pour moi sur le plan financier.

Après ma prépa, j'ai intégré en 1992 une école qui était connectée à
Internet (on utilisait le mail et on faisait du ftp voire du gopher ---
pas du web : personne ne connaissait encore).

J'ai découvert Unix (stations de travail sous SunOS, HP/UX, Silicon
Graphics sous IRIX et même une machine NeXT sous NeXTStep --- une
interface graphique très bien fichue au-dessus d'un système Unix, qui
ont donné naissance à Mac OS X).

C'est aussi là que j'ai entendu parler de Linux : certains copains
avaient découvert ce système tout nouveau qu'on pouvait télécharger sur
Internet (prévoir une bonne boîte de disquettes pour l'installer).

À ce moment, je voulais faire de la recherche en mathématiques, je ne
voyais pas l'informatique autrement que comme une technologie, certes
passionnante, mais pas forcément très profonde.

Heureusement, j'ai eu la chance d'avoir quelques enseignements
d'informatique donnés par des enseignants passionnants (et passionnés)
et j'ai découvert qu'il s'agissait d'une science : non seulement on
pouvait comprendre comment marchaient les ordinateurs (ou pourquoi ils
ne marchaient pas) en suivant une démarche fondée sur la raison (et non
pas sur des pratiques magiques) mais en plus l'informatique était
beaucoup plus que cela, elle avait ses enjeux propres et n'était pas
juste une discipline utilitaire pour les autres domaines.

Du coup, en 1993, je suis passé d'une maîtrise de mathématiques (où
j'avais déjà pris beaucoup de modules d'informatique) à un DEA
d'informatique.

Vers 1994 (mon début de thèse), j'ai découvert le web (c'était tout
nouveau). En surfant sur ma station de travail à l'aide du navigateur
mosaic, je me suis retrouvé, allez savoir pourquoi, sur la page
«Philosophie» du projet GNU
(http://www.gnu.org/philosophy/philosophy.html) : ça a été ma découverte
du logiciel libre et j'ai été conquis.

Lorsque j'ai acheté mon premier PC en 1996, j'y ai mis Linux (une Kheops
Linux dérivée de Slackware, puis une Red Hat). Inutile de dire que je ne
l'ai jamais regretté.

Enfin, j'ai découvert le projet Debian en 1999 et depuis, je continue
avec cette distribution (elle a plein de choses qui m'insupporte ce qui
fait que je la quitte de temps en temps, mais à chaque fois, je finis
par y revenir).

Aujourd'hui, en dehors des cours que je donne aux étudiants, je m'occupe
(tant bien que mal) du réseau informatique de mon lycée pour ce qui est
de la partie logiciels libres (quelques serveurs et une centaine de PC
sous GNU/Linux ou en double-boot). À cette occasion, j'ai découvert et
j'utilise ansible, un outil très pratique pour automatiser la
configuration de ces postes.

Et bien sûr, je n'arrête pas de râler sur les logiciels mal foutus qu'on
nous impose et sur lequel je n'ai aucune prise, qu'il s'agisse de
Pronote ou de l'ENT de la région : des outils conçus comme des prisons
ou des labyrinthes et non des outils nous permettant de faire plus de
choses.

Cordialement,

Judicaël Courant.

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