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educ - Re: [EDUC] Thread Twitter sur le partage sous licence CC

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Thread Twitter sur le partage sous licence CC


Chronologique Discussions 
  • From: QUIQUEREZ Laurent <laurent.quiquerez AT univ-lyon1.fr>
  • To: <educ AT april.org>
  • Subject: Re: [EDUC] Thread Twitter sur le partage sous licence CC
  • Date: Fri, 4 Sep 2020 17:10:46 +0200

Bonjour,

autant les licences libre de logiciels s'appliquent sur des objets assez homogènes (du code), bénéficie de plusieurs dizaines d'années d’expérience (peaufinage des concepts, peaufinage du discours et de la pédagogie, jurisprudence...) et reste encore disputée (BSD vs GNU vs MIT vs...),
autant les licences culturelles concernent des objets très différent (2D/3D, arts/connaissances, modernes ou patrimoniaux, des artS très différents -danse, photo, roman, graphisme, architecture, poésie...-) et sont encore toutes jeunes (mêmes si elles bénéficient du travail de défrichage amont des Logiciels Libres).

A fortiori, les Licences culturelles ne bénéficient pas d'une "culture commune" (il y a une culture commune des informaticiens) entre les utilisateur-ice-s.
C'est pourquoi il faut que les arguments soient trèèès pédagogiques (y compris sur les limites/contradictions/contenu des concepts...) et éviter à tout prix les culpabilisations/injonctions : il vaut mieux accompagner l'usage qui est fait des Licences Culturelles (répondre à "Comment faire respecter un Licence CC"), que de vouloir utiliser un usage pour en promouvoir un autre ("Il n'y aurait pas ce problème en changeant de Licence CC").

Le 27/08/2020 à 22:10, Arnaud Champollion (arnaud.champollion AT laposte.net via educ Mailing List) a écrit :
Le 26/08/2020 à 18:50, QUIQUEREZ Laurent a écrit :

- pourquoi quelqu'un qui viole un clause (NC par exemple), n'en violerait-il pas une ou des autre-s (SA, voire BY) pour piller vos productions Arnaud ?

En effet, et il en va ainsi pour tout contenu techniquement accessible, quelque soit sa licence, et même en l'absence de licence sous le régime du droit d'auteur légal.


La solution est-elle d'enlever TOUTES les clauses, et de tout mettre en CC0 (mais illégale en France, car elle viole le droit moral, imprescriptible) ?

Je ne pense pas que ceci apporte une solution au problème soulevé plus haut.

Si, c'est une solution : s'il n'y a aucune protection, il n'y a pas de viol possible. Mais c'était une boutade.


- enfermement et pistage : elle est tellement permissive, qu'elle permet à tous les GAFAM-BATX de proposer vos productions dans leur écosystème privateur/clos, pour pister chacun des utilisateur-e-s de votre ressource,
- certaines plateformes ne sont pas RGPD, et si leur "puissance de feu" les fait émerger dans le ranking des moteurs de recherche, ça va mettre plein d'utilisateur-e-s européen-ne-s (voire des mineur-e-s) dans l'illégalité pour accéder à vos ressources,
- parasitage, avec une modification de forme ou non, pour détourner la chaine de valeur (passer eux-mêmes le contrat avec un éditeur/publicitaire : ce n'est pas parce que vous êtes dans la chaine de BY qu'il y a obligation de vous inclure au contrat),
- illusion du BY : en cas de modification multiples (disons 100 modifications successives, des forks à n'en plus finir, et des fusions de forks...), l'attribution à l'auteur-e premièr-e ou exhaustive est illusoire. (rajouter des changements de caractères : indie, arabe, chinois, japonais... et l’attribution pourra être illisible, retirée de bonne foi...).
- utilisable dans des contextes riants : L'école de la police chinoise qui réprime les Ouïgours et les tibétains, dans la formation des forces paramilitaires qui organisent des assassinats de militants progressistes et des disparitions...

Je suis d'accord sur la possibilité de ces faits. Il en va de même pour tous les logiciels libres pouvant être utilisés par des GAFAM pilleurs de données, publicitaires et régimes autoritaires. À ce compte-là autant arrêter tout de suite de partager les logiciels sous licence libre, ou je n'ai pas compris quelquechose ?

Les mêmes utilisateurs néfastes se servent aussi probablement de Wikipédia, OpenStreetMap et autres communs numériques (voire non numériques) , je ne crois pas que ce soit une raison suffisante pour y renoncer.

Tout à fait : on ne peut donc utiliser aucun argument "moral" (générosité) ou quelques utilisations éthiques pour guider un choix de Licence.
L'éthique se conçoit mieux avec le Libre, mais le Libre ne garantit pas l'éthique.

* La collègue fait peut-être juste un choix de "pas à pas", et cette expérience (aigre) ne peut que renforcer sa volonté de prudence.

Oui, je lui ai d'ailleurs conseillé de ne plus utiliser de licence CC, et même accompagnée pour rédiger les conditions qu'elle souhaitait.

Partager se fait à mon sens en toute connaissance de cause, et je vous remercie à ce sujet pour cet éclairage sur la clause SA que j'utilise, et qui en effet est loin d'être simple.

J'espère que nos échanges auront intéressé plus que nous deux.

Je pense que nous serons d'accord pour, auprès des utilisateur-e-s de cette liste, :
- encourager l'utilisation/réutilisation de ressources (les plus) Libres créées par d'autres (https://search.creativecommons.org/, https://www.jamendo.com/, https://www.dogmazic.net, https://openclipart.org/, https://www.openstreetmap.org/, https://www.vikidia.org/, https://wikipedia.org ...)
- encourager les Licences Culturelles les plus solides juridiquement (éviter : CC0, Domaine Public consenti, WTFPL...) pour ses propres productions sous formats interopérables (pas de formats propriétaires DOC/DOCX/PPT/PPTX...) et en source éditable (en plus du PDF, fournir un SVG/ODP/ODT...),
- constater qu'il faut l'accord de tous les contributeur-e-s (exemple Clip musical : auteur-e-s, compositeur-e-s, arrangeur-e-s, preneur-e-s de son, ingénieur-e-s du son, cadreur-e-s, réalisateur-e-s...) pour appliquer ou changer une Licence, https://creativecommons.org/choose/?lang=fr
- comme les droits accordés ne sont pas rétractables, on peut avoir une démarche très prudente en choisissant la Licence la moins libre (CC-BY-NC-ND) pour envisager ensuite d'aller vers des Licences plus libres,
- On peut utiliser des Licences très libres pour des ressources simples (une figure, un dessin, une courte animation vidéo, une définition...) et des Licences moins libres pour des ressources plus complexes (l'ensemble d'une présentation, tout une activité, un jeu...),
- choisir n'importe quelle Licence Culturelle est valable, puisque c'est un grand gain par rapport à "pas de Licence (=copyright)" : même la Licence la moins libre CC-BY-NC-ND permet l'utilisation pédagogique à titre gratuit /de facto/ sans déclaration www.cfcopies.com, Sacem.... (mais ne donne pas le droit de publication de la ressource créée)
- ne pas hésiter à changer de Licence par la suite sur quelques ressources (pour la rendre compatible avec un autre utilisation : Wikipedia, collaboration avec un-e collègue...) ou par lot (s'il y a plusieurs licences sur un même objet, il suffit de se conformer à n'importe laquelle d'entre elle pour l'utiliser).
- ne pas hésiter à utiliser plusieurs Licences différentes pour ses propres créations, suivant les contextes (BY-SA pour contribuer à Wikipedia ou pour ses productions à titre professionnel, BY-NC-SA pour ses pratiques artistiques personnelles...)
- ne pas hésiter à contacter un-e auteur-e de ressources sous Licence Culturelle pour lui demander un changement de Licence,
- acquérir des connaissances sur les droits culturels et rester curieux-se d'autres démarches parmi les publiant-e-s de ressources,
- publier ses ressources sur des sites institutionnels ou éthiques (Wikimedia, Dogmazik, OpenStreetMap, OpenClipArt...) hors du pistage généralisé.

Laurent


  • Re: [EDUC] Thread Twitter sur le partage sous licence CC, QUIQUEREZ Laurent, 04/09/2020

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