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libreassociation - [LibreAsso] Réflexions sur le modèle publicitaire (ex Re: Info sur Lilo)

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[LibreAsso] Réflexions sur le modèle publicitaire (ex Re: Info sur Lilo)


Chronologique Discussions 
  • From: cnepbl AT e-nautia.com
  • To: libreassociation AT april.org
  • Subject: [LibreAsso] Réflexions sur le modèle publicitaire (ex Re: Info sur Lilo)
  • Date: Tue, 3 Sep 2019 17:24:25 +0200

Bonjour,

Je me permets de créer un nouveau fil de discussion, étant donné que nous sommes, maintenant, clairement hors sujet (oups).
Et, désolé, mais, en plus, c'est long.

Le 02/09/2019 à 17:13, Jérôme AVOND (jerome.avond AT alolise.org via libreassociation Mailing List) a écrit :
Finalement, la "publicité" c'est un "trop perçu" des entreprises...
Tout dépend de ce qu'on appelle "publicité". Rien que l'étude de ce mot, et des différentes significations qu'on lui donne, en fonction de qui les fait, pour qui (commanditaires, mais aussi destinataires finaux), dans quel but, et avec quels moyens, pourrait remplir des étagères de bibliothèques.
Mais, pour la suite de ma réflexion, j'admettrai qu'on parle de la même chose, à savoir la publicité purement commerciale, achetée (souvent fort cher) à des entreprises spécialisées, par des entreprises qui ont quelque chose d'autre à vendre, dans le but de donner envie à un public plus ou moins large de se procurer ce fameux quelque chose d'autre.

Tout comme l'armement, la publicité est une compétition. Il faut en faire toujours plus pour, au moins, ne pas se faire écraser lamentablement par les autres concurrents, ou, au mieux, pour les dépasser. Et, dans cette compétition, le "consommateur" n'est pas un allié, mais une cible. Et d'autant plus que, du point de vue des publicitaires, ledit consommateur est une ressource dite rare, car non reproductible à volonté. Toute l'attention captée par l'un l'est donc au détriment des autres.

Et comme souvent, la publicité, tant que ça rapporte, ça suscite des vocations. Pour récupérer quelques (belles) miettes de ce (très gros) gâteau, les publicitaires se creusent donc en permanence les méninges pour nous en faire bouffer encore et toujours plus. Quitte à utiliser, pour les moins scrupuleux, des techniques bien crades, comme le neuromarketing, les virus informatiques, le Big Data, et autres joyeusetés.

Là où ça devient franchement vicieux, c'est sur le web. C'est un marché plutôt récent, avec peu de gardes-fous, et beaucoup de "vocations" différentes, aux contours flous, et interdépendantes. Du simple particulier qui essaie de gagner comme il peut le loyer de son serveur, à la multinationale à la puissance de frappe bien supérieure à la plupart des états, en passant par l'"influenceur" sur un quelconque réseau social, qui joue du tire-larmes pour nous faire désactiver nos bloqueurs, ou qui contourne allègrement, avec la bénédiction de ses commanditaires, les quelques règles établies via ses "opé-spé", il y en a pour tous les goûts. Et les lois les plus impitoyables du capitalisme s'y appliquent, sans filtres ou presque. Dont celle du plus fort.

Dans ce contexte, à mon humble avis, accepter les dérives du modèle publicitaire, en tant que "consommateur", c'est de l'imbécilité doublée de masochisme. Désolé pour ceux qui se sentent insultés, mais... admettez que vous le cherchez un peu, non ?

Tout ceci pour dire que je ne pense pas qu'on puisse parler de "trop-perçu". Mais plutôt de détournement.
Là où nous sommes d'accord, c'est que l'argent qui circule dans le circuit de la publicité commerciale, mais aussi les tonnes de matière grise et de silicium absorbées par cette activité, pourraient être utilisés à de bien meilleures fins.

Donc cet argent pourrait largement financer des "salaires à vie", et autres formes de socialisations qui permettrait d'avoir des services publics pour tout...

Ouh, le vilain socialiste ! Mais tu n'y penses pas ! Offrir des services à tous, alors qu'on pourrait en tirer profit, mais quelle horreur !
Pire, si on donne de l'argent à tout le monde, comment faire pour continuer à exploiter les plus faibles ?!?

Hem... Euh... Je m'égare.

Là ça revient un peu au même, mais on passe par une étape 'lavage de cerveau' extrêmement vicieuse. Et c'est ce modèle qui est ultra dominant : youtube, google, facebook, télévision, radio, presse, etc. ça génère des trilliards de revenu chaque année...

Le problème dépasse de très loin l'aspect publicitaire. Alors qu'internet est à la base un réseau décentralisé, le web "deux-point-zéro" prend le chemin exactement inverse. Moins d'acteurs, et donc plus de pouvoir pour les plus gros.

Et cet argent c'est celui des consommateurs qui paye la publicité lorsqu'ils achètent un produit...

Très juste. Il est toujours bon de le rappeler : non, le modèle publicitaire n'est pas gratuit pour le "consommateur".

Un des problèmes des services publics, c'est que souvent c'est un synonyme de "bureaucratie", et ça les gens ne le supporte plus, quitte à s'aliéner avec de la pub et du commercial...

C'est dommage de réduire un système à ses dérives, alors que les dérives sont justement causées par ceux qui ont intérêt à nous en détourner.
Je pense que le problème, ce n'est pas la bureaucratie, mais le manque de moyens qu'on a bien voulu mettre dans cette bureaucratie pour accompagner les bénéficiaires.

Un exemple parmi tant d'autres : les cartes grises.

Il y a quelques années, pour obtenir une carte grise, il fallait se déplacer à la préfecture avec un dossier bien rempli, et attendre... attendre... longtemps. Trèèèèès longtemps. Pour finalement se voir refuser le carton tant espéré, parce que la case "tour de taille" du formulaire XC 2432 bis était mal cochée. Ça énervait. Beaucoup.
Mais si ça énervait beaucoup, c'est surtout parce qu'on attendait beaucoup. Et donc, en fin de compte, parce qu'il n'y avait pas assez de fonctionnaires aux guichets, pour accueillir les demandeurs (et aussi, en parallèle, parce qu'on ne formait pas assez les fonctionnaires, ni à leur métier, ni à la diplomatie, mais c'est encore une fois un problème de moyens).
Pire, on nous a bourré le crâne du coût monstrueux de la fonction publique, alors qu'il faut "réduire la dette publique", qu'il faut "dégraisser le mammouth", "faire des sacrifices", etc. Bref, au lieu d'ajouter des fonctionnaires là où il en manquait, on a continué à saborder le service public en en enlevant, justement.

Pendant ce temps, un nouveau marché est apparu. Ça vous fait ch^H^Hsuer de faire la queue à la préfecture ? Donnez-nous trente euros, et on le fera pour vous. Mais moins longtemps que vous, parce que, nous, nous avons des passe-droits, hin, hin. Ce qui veut dire que vous, pauvres mer^H^H^Hparticuliers, vous attendrez encore plus longtemps si vous persistez à vouloir le faire vous-mêmes. C'est ballot, hein ?

Ensuite, la, hem, je cite, dématérialisation. Une catastrophe, comme d'habitude. Les guichets ont définitivement fermé, quasiment du jour au lendemain, parce qu'il fallait absolument respecter la date annoncée. Alors que rien, absolument rien, n'était prêt, côté ANTS. Des mois de galères, même pour les plus aguerris en "web-administration niveau expert". Ce qui a renforcé la demande chez les intermédiaires, et donc les dérives. Il suffit de compter le nombre de sites web qui ont l'air officiels, qui ont l'odeur d'un officiel, qui le goût d'un officiel, mais qui demandent quelques dizaines d'euros pour faire ce que, désormais, tout le monde ou presque peut faire gratuitement (mais moins facilement, faut pas pousser, non plus. Ça reste un service public français), maintenant que le site de l'ANTS est à peu près fonctionnel, pour s'en rendre compte.

À qui profite le crime ? Ni au contribuable, ni à l'État. Peut-être à ceux qui ont intérêt à ce que le modèle commercial soit dominant ?

Mais bon quand on voit la difficulté pour faire passer un plombier ou résilier un abonnement : Je serais curieux de voir une étude sérieuse faire le comparatif entre demander une prise téléphonique dans l'URSS des années 80 et résilier un abonnement Orange aujourd'hui en France... On serait peut être bien surpris...

Sans parler des supposés bienfaits de la "libre concurrence" que nous attendons toujours. À ce propos, je vous invite, d'une part, à regarder (avec un bloqueur de pubs actif, évidemment) la série de vidéos "Un pillage français", de la chaîne Youtube "Le Fil d'Actu", et d'autre part, à soutenir, si ce n'est déjà fait, le référendum pour, j'espère, éviter la privatisation d'ADP.

Sylvain CANOINE.







  • [LibreAsso] Réflexions sur le modèle publicitaire (ex Re: Info sur Lilo), cnepbl, 03/09/2019

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