Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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Technologie en collège. SNES, SGEN, FO, CGT, SUD EDUCATION demandent la suspension des nouveaux programmes
Chronologique Discussions
- From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
- To: educ AT april.org, Educ <educ AT aful.org>
- Subject: Technologie en collège. SNES, SGEN, FO, CGT, SUD EDUCATION demandent la suspension des nouveaux programmes
- Date: Wed, 26 Nov 2008 21:35:19 +0100
- Organization: april AT april.org
A l'initiative du "secteur Contenus du SNES" un courrier adressé à Monsieur Alain SERE -Inspecteur Général de Technologie-, à Monsieur Jean Louis NEMBRINI -Directeur de la DGESCO-, à Monsieur Xavier Darcos - Ministre de l'Education-, a été proposé aux différentes organisations syndicales, aux associations de parents d’élèves et aux associations d’enseignants de la discipline.
Le groupe a obtenu que SGEN, FO, CGT, SUD EDUCATION et AEAT associent leur signature au SNES.
1. Le contenu du courrier que vous pouvez lire en diagonale si vous êtes intéressés
2. Analyse
3. Conclusions de l'analyse
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1. Le courrier
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Monsieur le Ministre,
Nous nous permettons de vous alerter sur les conditions de mise en œuvre du programme de
Technologie en collège qui devrait intervenir dès septembre 2009 et sur tous les niveaux.
Rédigé sur la base du programme de 6ème, mis en application en septembre 2005 et jamais
évalué depuis, ce nouveau programme proposé en consultation en avril 2008 a été fortement
critiqué par les collègues qui considèrent qu'il est une dénaturation complète de leur
discipline.* Rejeté ensuite par le Conseil Supérieur de l'Éducation le 3 juillet 2008 au cours
duquel il n'a recueilli aucune voix pour, il a pourtant été publié au BO spécial n°6 du 28 août
2008, quasiment sans modification, pour sa mise en application dès la rentrée 2009.*
Depuis les informations que nous recevons des académies montrent que les actions de
formations et leurs modalités d'organisation ne sont pas à la hauteur des besoins que
nécessiteraient l'accompagnement et la mise en œuvre d'un tel programme.
D'autre part, les guides d'agencement, que certains IA-IPR diffusent avec leurs
recommandations, manquent totalement de réalisme et ne sont pas adaptés aux surfaces des
espaces existant dans les établissements. Le programme, qui pourtant insiste sur la notion de
sécurité lors des réalisations, ignore délibérément la nécessité de faire référence à des
groupes à effectifs allégés, ce qui crée une situation inadmissible dans les établissements
pour les collègues qui ne peuvent s'appuyer sur aucun texte pour obtenir les conditions
décentes de mise en œuvre du programme.
Enfin, la mise en œuvre de ce programme impose un matériel didactique varié et coûteux que
les établissements ne pourront supporter sur leurs fonds propres et que les Conseils
Généraux n'ont pas prévu dans leurs dotations pour la rentrée 2009.
Compte tenu de ces éléments, il nous apparaît complètement irréaliste d'envisager la mise en
œuvre de ce programme sur les quatre niveaux simultanément à la rentrée 2009, dans des
conditions respectueuses des élèves et des enseignants de la Technologie en collège.
*Pour ces motifs nous vous demandons que la mise en application de ce programme soit
suspendue, laissant le temps à un réel débat de s'engager entre les différents partenaires,
les parents et les enseignants afin de s'assurer que les fondements de la discipline, créée en
1985, soient préservés.*
*Maintenir un tel programme, dans de telles conditions de mise en œuvre ne pourrait que
conduire à la dégradation de l'éducation et de la culture technologiques en France*.
Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération
distinguée.
Roland HUBERT
S.N.E.S.
Guillaume TOUZÉ
S.G.E.N.
Christian HOUDRE
A.E.A.T
Nicole FLORENCE
S.N.F.O.L.C.
Christine LAFONT
SUD EDUCATION
Christophe GODARD
UNSEN CGT Educ'Action
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II. Analyse
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1. En quoi les communautés du Libre seraient-elles concernées ?
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a. Dans les querelles byzantines dont elle a le secret, l'institution scolaire a débattu, durant une vingtaine d'années sur le statut de l'informatique à l'école, en opposant deux termes (qui auraient pu être complémentaires) :
- L'informatique en tant que science/discipline
- L'informatique en tant qu'outil
b. La disparition de l'option informatique des lycées, décidée par les conseillers de Claude Allègre, a marqué la victoire des partisans de l'informatique-outil pour déboucher en 2000 sur le B2i.
- Il s'agissait alors, par des manipulations concrètes de l'outil, à travers la réalisation de projets, de dégager des connaissances de base informatiques nécessaires à leurs usages (apprendre à séparer le hardware du software, le système des applications, la notion de fichier, de format de fichier, de poids, de BIT, octet, etc.).
De ce fait, la disparition de l'option informatique en lycée, jugée trop théorique, pouvait se justifier par la pratique concrète des "outils".
- En Technologie : 33 % des horaires fléchées étaient dédiées, dans les programmes, à l'apprentissage de ces notions.
c. Puis, dans une seconde étape, tous les items du B2i porteurs de connaissances informatiques ont été supprimés. Vivendi imposa que soit supprimé la connaissance des lois sur les fichiers nominatifs au seul profit de la connaissance de la propriété intellectuelle. Un amendement vient même d'être voté au Sénat pour que la connaissance de la loi Hadopi soit inscrite dans le B2i.
(Aujourd'hui Microsoft propose à tous les établissements scolaires des fiches pédagogiques pour valider les "compétences" du B2i).
d. Un grand nombre de ces connaissances du B2i première version étaient enseignées en Technologie. En août 2008, tous les horaires fléchées dédiées à l'apprentissage informatique ont été à leur tour supprimées. La Technologie est redevenue, comme au XIXème siècle : la science des objets techniques ; c'est-à-dire des biens matériels où l'informatique n'intervient que comme outil.
e. Les logiciels libres sont définis par quatre degrés de Liberté. Ces nouveaux programmes ravalent définitivement les logiciels libres au rang de freeware. Vous pouvez utiliser, mais vous n'avez pas le droit d'étudier.
Dans ces conditions, quel sens peut revêtir la promotion des logiciels libres dans l'éducation, si les élèves ne peuvent même plus apprendre à séparer le contenu et la forme lors de l'usage d'OpenOffice.org ?
Acquérir cette compétence prend du temps et nécessite plusieurs séances (faire une recherche sur Internet afin de construire un savoir structuré, hiérachisation des titres, pagination, génération automatique de la table des matières). Tout enseignant en Technologie qui se livrera à cet apprentissage sera donc hors programme et considéré comme sortant du cadre de son obligation de service.
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III. Conclusions
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a) Nous ne pouvons plus nous désintéresser des programmes scolaires pour promouvoir le Libre dans l'éducation !!!
b) Il nous faudra être davantage critiques à l'encontre des TICE : notamment refuser de considérer que l'ordinateur en classe doit être un simple outil, si l'étude de notions informatiques est proscrite.
c) Accepter que le logiciel libre c'est quatre degrés de libertés et non pas seulement le degré zéro - la liberté d'utiliser librement le logiciel -.
d) Malheureusement, les nouveaux programmes de Technologie constituent également une rupture radicale dans la façon d'aborder l'étude des Objets Techniques.
De nombreux professeurs de Technologie qui ont, pour la plupart, reçu une formation STI ont donc tendance à se mobiliser davantage pour conserver l'approche technologique des objets techniques des anciens programmes qu'ils jugent fondamentale, au détriment de l'aspect informatique dont ils ne mesurent pas l'importance stratégique pour décrypter notre environnement technologique. L'informatique étant devenue un simple outil, les enjeux Libres/Privatifs de libertés, leur apparaissent actuellement secondaires.
Le retour d'un module informatique, dans le pôle sciences exclusivement, de la réforme des lycées qui entrera en application dès la prochaine rentrée, au moment où diminuent considérablement les anciennes STI, ne suscite pas l'enthousiasme des professeurs de STI et de Technologie.
Nous devons à la fois soutenir la création de ce module informatique en seconde, tout en nous battant pour une informatique ouverte sur toutes les disciplines à tous les niveaux scolaires.
e) Il nous faut à tout prix contacter les signataires de ce courrier pour connaître leur point de vue sur l'informatique et l'informatique libre.
Librement,
Charlie
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Membre de l'April - « promouvoir et défendre le logiciel libre » -
http://www.april.org
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- Technologie en collège. SNES, SGEN, FO, CGT, SUD EDUCATION demandent la suspension des nouveaux programmes, Philippe-Charles Nestel (Charlie), 26/11/2008
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