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educ - Re: [EDUC] Re: [April] Educ : ils vendraient leur mère pour nous fourguer leur mer**

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Re: [April] Educ : ils vendraient leur mère pour nous fourguer leur mer**


Chronologique Discussions 
  • From: Michel Cadiou <mikadiou AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Re: [April] Educ : ils vendraient leur mère pour nous fourguer leur mer**
  • Date: Tue, 2 Dec 2008 13:24:09 +0100

Bravo!
"La seule posture, compatible avec la philosophie GNU et des logiciels libres, est de militer pour que l'informatique à l'école ne soit pas réduite aux seuls usages de l'outil ; ce qui, de toutes les manières est un combat perdu. Le monde adulte aura toujours un train de retard sur la maîtrise ludique des instruments par les enfants. Parler de fracture numérique est un piège qui ne sert que les intérêts des éditeurs et fabricants."
Dans ma commune (3900 habitant) , avec le matériel en place dans l'école, j'ai proposé plusieurs années des ateliers d'informatique à des adultes tout à fait dans ce sens.
La première année suite à une réunion d'information où j'expliquais que je leur donnerai des cannes à pêche, pas des poissons, 80 personnes se sont inscrites. Les responsables municipaux ont eu peur du débordement, nous n'avions qu'une douzaine de postes. Après réflexion une trentaine de personnes était présente le premier soir, puis à partir du 2ème une vingtaine, chiffre stable par la suite.
En ce qui concerne les adultes, les stages proposés sont ceux que demandent les employeurs dont le but n'est pas philanthropique mais utilitaire donc des stages d'utilisateur. Il en résulte que dans l'esprit de non initiés, les stages et l'initiation à un logiciel (suivait mon regard) sont une seule chose, une seule demande.
C'est bien de cette boucle qu'il est difficile de sortir.
A mon avis c'est là que APRIL doit travailler, l'autre combat ne sera gagné que quand les gens seront tous sous le seuil de pauvreté, et les associations d'usagers sont beaucoup plus outillées pour répondre au passage vers le libre des convaincus.
Michel Cadiou

Le 2 déc. 08 à 09:05, Philippe-Charles Nestel (Charlie) a écrit :

François Poulain a écrit :
> Le Mon, 24 Nov 2008 23:07:43 +0100,
> Raphael Neuville <cdiste AT free.fr> a écrit :
>
>
>> Reçu il y a quelques jours dans mon bahut.
>> Ils vont finir par nous payer pour qu'on oblige les gamins à
>> l'utiliser.
>>
>> http://jedoc.free.fr/datas/packoffice.png
>>
>
> Pourquoi ne pas les plagier et proposer des packs "B2I" de 50 CD
> et licences OOffice pour seulement 199€, avec utilisation illimitée dans
> le temps et accès gratuit aux tutoriels en ligne ?


Je ne partage pas du tout ce raisonnement.

Refourguer des logiciels libres en tant qu'outils pour faire le B2i c'est comme si tu proposais des médicaments génériques ou de la copie de baskets de marque aux gamins.

Lors du dernier salon Educatice il s'est passé un évènement historique. Pour la première fois des informaticiens, et non des moindres - Gérard BERRY, Professeur au Collège de France et membre de l'Académie des sciences, Gilles DOWEK , Professeur d'informatique à l'Ecole Polytechnique, se sont penchés sur la question de l'informatique dans l'éducation. Ils ont collaboré à un programme d'enseignement pour le module informatique des lycées au sein de l'ASTI (Association des Sciences et Techniques de l'Information et de la communication) qui comprend d'autres membres de l'Académie des sciences mais également l'APRIL.
http://wwww.enseignementsup-recherche.gouv.fr/socsavantes/asti.htm

Jusqu'à présent c'était des non-informaticiens, principalement des gens qui venaient de la sociologie des médias et/ou des sciences de l'éducation, qui s'étaient penchés sur l'informatique à l'école, souvent pour mettre en avant, en s'appuyant sur les TICE, des utopies pédagogiques. Par l'hyperlearning, la manipulation des outils, on allait comme par miracle réformer l'école jugée aussi productive qu'un kholkoze. Malheureusement, certaines communautés éducatives soutenant les logiciels libres ont amplifié cette propagande trompeuse pour remplacer les logiciels privateurs de libertés par des logiciels libres.

Si le Café pédagogique (500 000 connexions par jour) s'est allié avec Microsoft, ce n'est pas seulement parce qu'il avait besoin d'un sponsor pour la partie logistique (hébergement de centaines de milliers de ressources, grosse bande passante, etc) mais c'est également et surtout parce que sa ligne éditoriale était compatible avec celle de Microsoft. Le B2i s'inscrit dans ce dispositif.

Comme si ce n'était pas suffisant, il y a deux ans, tous les items du B2i qui renvoyaient à des fondamentaux informatiques dont les compétences s'appuyaient sur des notions inscrites, entre autre, dans les programmes de Technologie en collège ont purement été supprimés. Avec un contenu idéologique en plus. Sous la pression des lobbies de l'industrie du divertissement, l'item qui renvoyait à la connaissance des lois sur les fichiers nominatifs a été remplacé par un item renvoyant aux bons usages d'Internet en matière de propriété intellectuelle. Un amendement récent, voté lors du débat sur la loi Hadopi au Sénat, vise à intégrer dans le B2i la connaissance de la loi Hadopi. Et les nombreux items qui ont été rajoutés, il y a deux ans, sont à la limite de l'informatique intrusive puisqu'ils se proposent de valider des "compétences" en s'immisçant dans la vie privée de l'enfant//.

Dans ces conditions, proposer un package pour aider les enseignants à faire passer le B2i avec des logiciels libres revient à proposer des DRM libres.

La seule posture, compatible avec la philosophie GNU et des logiciels libres, est de militer pour que l'informatique à l'école ne soit pas réduite aux seuls usages de l'outil ; ce qui, de toutes les manières est un combat perdu. Le monde adulte aura toujours un train de retard sur la maîtrise ludique des instruments par les enfants. Parler de fracture numérique est un piège qui ne sert que les intérêts des éditeurs et fabricants.

Le logiciel s'appuie sur quatre degrés de liberté.

L'usage ne permet d'atteindre tout au mieux que le degré zéro.

Militer pour le logiciel libre à l'école, c'est donc militer pour qu'un minimum de principes de base informatiques puissent être enseignés, afin que les élèves et les futurs citoyens ne soient pas esclaves de la technologie.

L'éducation nationale a, par exemple, rayé des programmes de sixième l'étude du traitement de textes, au prfit d'une approche intuitive, à la volée, qui ne s'apprend pas. Dans ces conditions, il n'est plus possible d'enseigner la séparation entre le fond et la forme. Or, malgré un look moins séduisant que la suite bureautique de Microsoft, OpenOffice.org était, sur le plan pédagogique, bien plus efficient pour apprendre à structurer et hiérarchiser un texte. Cette notion pouvait être ensuite transférée sur tous les formateurs de textes : du simple HTML, en passant par le CSS et le LaTeX.

Nous devons cesser de proposer des logiciels libres comme des produits de substitution, gratuits, aux logiciels privateurs de libertés. Il ne s'agit pas de promouvoir des produits mais de promouvoir une culture informatique non obscurantiste.

Le groupe de Travail Education de l'APRIL s'attachera à analyser les programmes de l'Education en matière informatique, à soutenir ce qui ouvre sur des horizons de culture informatique pour tous, et à dénoncer la culture privative de libertés de l'outil.

Amicalement Charlie


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