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educ - Re: [EDUC] Re: [Educ] Journées Rencontres du Libre à La Garde (83)

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Re: [Educ] Journées Rencontres du Libre à La Garde (83)


Chronologique Discussions 
  • From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Cc: Jean.Thiery AT ModLibre.info, PREVOT_Jean-Marc <jean-marc.prevot AT univ-tln.fr>, jrel-proposition AT univ-tln.fr, AFUL Educ <educ AT aful.org>, AXUL Debats <axul-debats AT axul.org>, AXUL Bureau <axul-bureau AT axul.org>, Sup_Libre <suplibre AT cru.fr>
  • Subject: Re: [EDUC] Re: [Educ] Journées Rencontres du Libre à La Garde (83)
  • Date: Tue, 23 Dec 2008 10:25:19 +0100
  • Organization: april AT april.org

Jean-Pierre Gerbal a écrit :
Visiblement un clou n'est bien placé qu'à condition de taper dessus un millier de fois ;-)

Le 18 déc. 08 à 23:20, Philippe-Charles Nestel (Charlie) a écrit :

Que recouvre en filigrane l'usage des outils, sans que l'on puisse, dans les programmes scolaires aller au delà de ce simple usage ?


Le "recul" de Darcos est l'occasion de réfléchir un peu plus longtemps sur les objectifs du tronc commun de la sixième à la seconde. Notre enseignement français souffre (au moins) de deux maux : son encyclopédisme prétentieux qui multiplie les enseignements théoriques, sa structuration exclusivement autour de compétences majeures et indispensables à des études supérieures - lire, analyser, argumenter, rédiger - mais qui, en l'état actuel de notre fonctionnement, ne sont et ne peuvent être maîtrisées que par une minorité d'élèves, reproduisant, grosso-modo, leur origine sociale-culturelle.

Salut,

Visiblement, tu es partisan de ce socle commun. Moi pas.

Aussi, je ne crois pas que des listes Education du Libre soient le lieu privilégié pour débattre des objectifs du "socle commun" des connaissances et de compétences de la sixième à la seconde. On finirait vite par sombrer dans un stupide débat idéologique à grands coups d'universaux. Des mots comme "socle commun", ça veut tout dire et rien dire.
C'est la raison pour laquelle, en matière de sciences de l'éducation, je suis surtout partisan du courant intitulé "ethnographie de l'école" qui se limite à décrire ce qui se passe sur un terrain.

Dans l'absolu, qui peut être contre l'idée d'un "socle commun" pour tous ?

Tout dépend ce que l'on met dedans.

"Le socle commun est un acte refondateur qui engage l'institution scolaire dans son ensemble. Pour la première fois depuis les lois scolaires de Jules Ferry, en 1882, la République indique le contenu impératif de la scolarité obligatoire. Le socle commun constitue la référence pour la rédaction des programmes d'enseignement de l'école et du collège", peut-on lire sur :

http://www.education.gouv.fr/cid2770/le-socle-commun-de-connaissances-et-de-competences.html
http://media.education.gouv.fr/file/51/3/3513.pdf


Or, le principal reproche que font les enseignants, outre la dégradation continuelle de leurs conditions d'exercice, à ce socle commun : c'est le remplacement des connaissances dans un morcellement de compétences. En témoigne la modification des items du B2i.

Un exemple concret valant mieux qu'un long discours, sur quel argumentaire a-t-on supprimé l'item du B2i :

"Je connais l'existence des lois relatives aux utilisations d'informations nominatives, et je sais qu'il faut respecter les limites relatives à ces utilisations"

et remplacé par :

"Lorsque j’utilise ou transmets des documents, je vérifie que j’en ai le droit." ?

sur l'argumentaire suivant :

"Dans le b2i 2000 le descriptif était plus proche d’un savoir que d’une compétence. Si ce savoir est appliqué par l’élève, on arrive à une compétence que l’on peut observer chez celui-ci."

Référence : http://b2i.ac-aix-marseille.fr/telechar/trans_comp.pdf


Quand il le faut, on sort du placard la notion de compétence pour éliminer de l'enseignement la connaissance des lois sur les fichiers nominatifs homologuée "savoir" ...

Et je ne parle même pas de l'amendement voté au Sénat pour inscrire la loi Hadopi, dans le B2i :
http://www.senat.fr/dossierleg/pjl07-405.html


C'est la raison pour laquelle, je suis partisan de limiter, notre réflexion sur les listes éducation du Libre aux aspects qui concernent l'informatique, les formats de fichiers, l'interopérabilité, l'accès aux ressources.

En ce sens, ce qui m'intéresse dans le "recul" Darcos, c'est le devenir du module informatique (que je soutiens) qui était projeté dans le projet de réforme des lycées du recteur Jean-Paul de Gaudemar. Mon point de vue est trivial : tout ce qui peut permettre de tendre vers une culture informatique (je ne parle pas du B2i) ne peut pas nuire aux logiciels libres, bien au contraire !

De même, je considère que l'on ne peut pas seulement promouvoir les logiciels libres sans prendre en compte :

- les restrictions budgétaires qui se traduisent, en terme de dotation horaire globale, par une augmentation substantielle du nombre d'élèves par classe et la suppression des groupes à effectifs réduits,
- les suppressions de postes et l'accroissement du nombre de professeurs à cheval sur plusieurs établissements.

Ces facteurs tendent à limiter l'usage de l'ordinateur par les élèves au profit du cours frontal au vidéo projecteur et expliquent en partie l'échec du B2i. Le B2i étant devenu une obligation de service. Les profs valident à la volée.

Comme doivent être pris en compte d'autres facteurs :

- la modification des programmes scolaires,
- la distinction à opérer entre l'informatique de gestion (notes, absences, cahier de textes électronique) d'avec les applications dédiées à la pédagogie.

Tous les éléments que je viens de citer, et d'autres aussi bien sûr (dotations des collectivités territoriales, lobbying de Microsoft et de Dassault Système, etc) conditionnent l'usage de l'informatique au sein de l'enseignement secondaire et constituent des pistes de réflexion pour le groupe de travail Education de l'APRIL.

En ce qui concerne ton jugement de valeur sur les savoirs encyclopédiques, j'ai cherché pour te répondre une citation du livre de Jean-Claude Milner intitulé "De l'école" que j'ai retrouvée dans l'un de mes propres posts sur Usenet du 12 décembre 1997 :

"L'école comme institution a comme horizon l'encyclopédie de tous les
savoirs. Elle est, comme institution ce qu'était l'Encyclopédie comme
oeuvre littéraire."
http://groups.google.fr/group/fr.soc.internet/browse_thread/thread/e05dfc9e5b3f0164?ie=utf-8&oe=utf-8&q=jean-claude+milner+%C3%A9cole+encyclop%C3%A9die#edf4466f43a9dcbc

Que dire de plus, si ce n'est : "Visiblement un clou n'est bien placé qu'à condition de taper dessus un millier de fois ;-)" ?

Séquence nostalgie. C'est dans cette enfilade que Laurent Chemla annonce le projet de l'Ecole ouverte de l'Internet.

Laurent était parti du postulat que si l'éducation nationale était incapable d'accomplir sa mission, alors d'autres au sein du monde associatif devaient prendre le relais. C'est la raison pour laquelle le mouvement pour le logiciel libre a tout intérêt à s'associer avec l'éducation populaire.



Ajouter une discipline, pourquoi pas le chant choral ?, quelles qu'en soient les raisons me semble donc aller à contre-sens.

Parce que tout simplement cette discipline existe déjà. Elle s'appelle : Education musicale et chant choral.

En revanche, l'informatique qui était prise en compte dans une discipline intitulée "Education technologique" a été rayée des programmes. De même que Claude Allègre a supprimé l'option informatique des lycées.



Par ailleurs, si je crois, comme les igés de mathématique, qu'un enseignement des rudiments d'algorithmique est nécessaire à la formation des scientifiques, de même qu'une pratique de base du laboratoire, je ne vois pas en quoi cela légitimerait des heures et une spécialisation de cet enseignement.

Comme l'explique si bien Gérard Berry, on a introduit l'enseignement de la physique dans le secondaire en France à partir du moment donné où l'électricité s'étant répandue. Apprendre l'électricité, ce n'est pas apprendre à appuyer sur un bouton, comme le propose pour l'informatique le B2i.
Et ce n'est pas parce que l'on parle le français dans toutes les disciplines que cela doit légitimer la disparition de son enseignement.


Je préfère mille fois un "module" scientifique obligeant les élèves ayant fait le choix de cette spécialisation à faire du labo, à construire des mini robots (Logo, Lego, autres...), toutes occasions où l'apprentissage d'un test conditionnel ou d'arrêt, d'une boucle et autres prend du sens autrement que sur la feuille de papier, plaie française.

Le logiciel libre doit-il s'aligner sur le discours du Café pédagogique, de Microsoft ?

Une fois que l'on a souligné que le Café avait malheureusement accepté un partenariat avec M$ - mais d'autres entreprises "libres" ont-elles fait des propositions alternatives ? - faut-il pour autant décrédibiliser une source majeure d'informations hors le Men ?
Une source majeure d'information dont la ligne éditoriale est en totale adéquation avec les vues des éditeurs de l'informatique privatrice de libertés, qui ne souhaite qu'une seule chose : que l'on forme des utilisateurs-consommateurs de produits logiciels et rien d'autre.


Amicalement,

Charlie

--
Membre de l'April - « promouvoir et défendre le logiciel libre » -
http://www.april.org

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