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educ - Re: [EDUC] Algorithmique en math en sseconde

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Algorithmique en math en sseconde


Chronologique Discussions 
  • From: Patrice Pillot <patrice.pillot AT teletopie.net>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Algorithmique en math en sseconde
  • Date: Mon, 16 Mar 2009 23:28:32 +0100

Bonsoir,

Yves Combe a écrit :
> Le projet de programme de seconde pour les maths, soumis à consultation:
> http://webpeda.ac-montpellier.fr/mathematiques/IMG/pdf/pgm2nde2009_consultation.pdf
>
> On y trouve une (petitime) partie algorithmique.

C'est amusant, j'ai commencé à répondre à ton message avant de l'avoir
reçu ;-). Par contre je n'ai pas encore lu le pdf au bout du lien que tu
donnes et les propos qui suivent ne s'y rapportent pas.

En fait je viens de lire l'article écrit par Maurice Nivat dans le
dernier numéro d'EpiNet. Si par bien des côtés j'ai trouvé cet article
rafraichissant sous la plume d'un scientifique de cet acabi, et si les
abonnés de la liste savent que j'ai comme lui le souci de voir mettre en
place un veritable enseignement de l'informatique au moins dans le cycle
secondaire, je ne partage pour autant pas tous ses enthousiasmes dont il
me semble que certains pourraient constituer un frein aux développements
souhaités.

Principalement, je ne peux m'empêcher de trouver surprenant de voir que
pour lui comme pour beaucoup d'autres auteurs bataillant pour
l'enseignement de l'informatique, celle-ci et donc son enseignement
ramène nécessairement et essentiellement à l'algorithmique. Maurice
Nivat prend pour base de son raisonnement les immenses possibilités
pédagogiques offertes par la problématique du remplissage du sac :
comment s'y prendre pour remplir de manière optimale un sac à dos, où,
plus largement, un conteneur quelconque. Il évoque en partant de cet
exemple les infinies variations pédagogiques ou pratiques possibles en
soulignant à maintes reprises combien ces problèmes d'algorithmique
n'ont rien d'abstrait mais naissent la plupart du teps du besoin de
résoudre des problèmes tout-à-fait concrets.

Pourtant, cette approche, en dépit de ce qu'elle a de juste et
d'impossible à (faire) ignorer, lorsqu'elle se traduit en un
enseignement de l'informatique centré sur (pour ne pas dire limité à)
l'algorithmique (quand bien même l'approche choisie est aussi excitante
que celle décrite dans l'article), si elle excite indéniablement
certains élèves, en fait fuir d'autres en bien plus grand nombre. En
lisant l'article je me suis dit que dans les temps d'avant l'ordinateur
à l'école ou à la maison, les mécanismes décrits par Nivat étaient
souvent mis en œuvre par les enfants dans les moments ludiques,
notamment dans la manipulation des "casse-têtes". On se souvient tous
que les amateurs de ce type d'activité étaient loin d'être majoritaires
dans nos collèges ou lycées (sauf peut-être dans les filières dites
scientifiques) et même quelquefois regardés comme des excentriques - on
ne disait pas encore geeks :-).

Le cas d'usage pris en exemple est certes un cas très commun. Et
précisément, parce qu'il est si commun que nous l'avons tous vécu à
plusieurs reprises, qui ne s'est jamais trouvé dans la position de dire
à une personne de son entourage s'adonnant sans méthode à ce type
d'activité : « mais tu t'y prends mal ! » et de se rendre compte qu'il y
avait chez son interlocuteur un véritable refus de s'y prendre /bien/,
une fuite, un refus devant l'approche algorithmique et l'effort
d'abstraction et de modélisation qu'elle induit. S'il n'est pas de mon
propos de prétendre qu'on peut se satisfaire, surtout quand on est
enseignant, d'un tel refus, d'une telle fuite, je veux en revanche
souligner qu'on ne saurait l'ignorer ni ignorer sa prépondérance
statistique et ce que celle-ci nous apprend des penchants naturels de
l'espèce humaine pour ce type d'activité et que l'on court conséquemment
de gros risques à généraliser à l'ensemble de la population scolaire les
goûts de quelques-uns de ses spécimens au seul prétexte que l'on partage
soi-même ces goûts particuliers. Pour parler moins elliptiquement,
j'adore la programmation, j'y prends un plaisir profond, sa pratique me
permet de toujours mieux maîtriser le fonctionnement de mon ordinateur
et j'ai peut-être encore plus de plaisir à transmettre mon enthousiasme
pour cette activité, pour autant n'y a-t-il pas de meilleure et de plus
efficace, de plus sûre approche (à défaut de plus plaisante) à ma
disposition pour former le plus grand nombre d'utilisateurs autonomes de
l'informatique ?

« /L'informatique est vraiment la science de la décomposition
d'opérations complexes en opérations simples/ ». Pour l'informaticien en
général et le programmeur en particulier, c'est indubitable. Mais est-ce
que l'informatique n'est finalement réductible qu'à celà ? N'y a-t-il
pas un moyen terme entre l'informatique presse-boutons revendiquée par
des éditeurs dont les intérêts économiques immédiats et objectifs les
poussent à faire en sorte de maintenir par tous les moyens les
utilisateurs présent et à venir dans un état de dépendances, et cette
informatique décrite pas Nivat, certes jubilatoire pour quelques-uns
(dont moi;-)) mais plus souvent jugée comme trop spéculative par
d'autres ? N'est-il pas possible d'envisager des formes d'enseignement
de l'informatique qui ne soient pas *centrés* sur l'algorithmique ; qui,
tout en reconnaissant à celle-ci le rôle fondamental (au sens
étymologique du terme) de celle-ci dans la science informatique, ne lui
accorde pour autant pas une place /prépondérante/ dans les programmes,
préférant consacrer l'essentiel de leurs séquences à l'apprentissage des
modes de structuration, de fonctionnement et d'interaction d'/objets/
informatiques de plus haut niveau davantage en relation avec le perçu
des utilisateurs.

Finalement, lorsque j'écris ce courriel, je ne me soucie guère (et même
pas du tout pour être honnête) des algorithmes utilisés par l'éditeur de
texte que j'utilise pour faire revenir automatiquement le texte à la
ligne ou pour proposer des /complétions/ aux mots en cours de rédaction.
En revanche et pour ne prendre que cet exemple, ayant fait le choix (que
je crois informé) d'envoyer ce texte au format texte seul, sachant pour
quelles raisons j'ai préféré ce format au format html, je prête en le
rédigeant une particulière attention à certains signes typographiques
qui permettront aux lecteurs de la liste de saisir telle nuance que les
moyens par ailleurs limités du format /texte seul/ ne permettent a
priori pas de transmettre. Dans l'ensemble des connaissances et
compétences mobilisées dans cet exercice si commun de la rédaction de
documents électroniques, je ne vois guère de place à laisser à une
algorithmique autre que très rudimentaire, et ce même si ce document
était plus complexe et était rédigé au moyen d'un éditeur de texte
structuré qui utiliserait des styles pour les différents objets textuels.

« /Je ne comprends absolument pas pourquoi l'informatique n'est pas
systématiquement enseignée à tous les enfants dans nos collèges et
lycées/ » termine Nivat. Si je partage cette incompréhension désolée et
me réjouis de voir des personnalités telles que Maurice Nivat
s'impliquer dans ces questions, je crains de voir dans l'approche
proposée certaines des réponses possibles à la question.

Sur ce, je file suivre le lien proposé par Yves.

Cordialement,

pp




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