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educ - Re: [April] [Discussions Wikimédia] tribune da ns Libération

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [April] [Discussions Wikimédia] tribune da ns Libération


Chronologique Discussions 
  • From: David Monniaux <David.Monniaux AT free.fr>
  • To: Pierre Willaime <pwillaime AT april.org>
  • Cc: educ AT april.org, "Alex Moatti (Wikimedia)" <alexandre.moatti AT wikimedia.fr>
  • Subject: Re: [April] [Discussions Wikimédia] tribune da ns Libération
  • Date: Wed, 16 Sep 2009 08:32:48 +0200
  • Mailscanner-null-check: 1253687192.79764@HC6MHI/r/gyk9hNOziuZpA

J'ai déjà écrit des articles sur ce sujet sur mon blog ainsi que dans la
VRS (revue syndicale de chercheurs):
http://david.monniaux.free.fr/dotclear/index.php/2008/10/01/264-les-evolutions-de-la-publication-scientifique-dans-la-vrs

Voici ce qu'il en est:

La quasi totalité des revues scientifiques exigent que l'auteur signe un
transfert de copyright en leur faveur. Parfois, cet accord permet
explicitement que l'auteur mette son article sur son site personnel ou
le site de son institution, non pas en "licence libre" (personne ou
presque ne sait ce que c'est dans l'édition) mais seulement en libre
diffusion. Dans certaines disciplines, l'institution de l'auteur doit
payer la revue, soi-disant pour couvrir les frais de fonctionnement.

La revue ne rémunère pas les auteurs. À ma connaissance, le comité
éditorial scientifique n'est pas rémunéré non plus. Les comités
éditoriaux peuvent sous-traiter une partie des évaluations à des
"referees" extérieurs, qu'ils ne rémunèrent pas. Quand je dis que tout
ce monde n'est pas rémunéré, il faut comprendre qu'il l'est par ses
employeurs, c'est-à-dire les universités et instituts de recherche. Dans
le cas des universités privées américaines, leur fonction de recherche
est largement subventionnée par les pouvoirs publics. Bref, tout ce
monde travaille gratuitement pour les éditeurs en étant financés par les
impôts.

Les abonnements, qu'ils soient papier ou en ligne, sont très coûteux:
facilement 1000-4500€/an pour une revue chez un grand éditeur
commercial. Une grande partie des revues en sciences "dures" sont
propriété d'un grand groupe ou de ses filiales: Elsevier, Springer,
Nature, etc. Ces groupes font probablement un bénéfice considérable.

Le service rendu par la revue est variable. Certaines emploient du
personnel chargé d'éditer les articles (corriger les fautes de
grammaire, présenter correctement la bibliographie), qui parfois se
permet d'altérer le contenu pour des raisons de place. De tels services
sont typiquement délocalisés en Inde, ce pays fournissant une large main
d'œuvre éduquée, parlant anglais, et bon marché. D'autres éditeurs
exigent que l'auteur fournisse une "camera-ready copy", c'est-à-dire un
document papier ou, plus couramment de nos jours, PDF, prêt à reproduire
pour impression. L'auteur, ou l'éditeur scientifique, doit donc alors
faire sa mise en page lui-même en utilisant le "template" de l'éditeur.

La seule revue que je connaisse en informatique qui fonctionne en
licence libres est Logical Methods in Computer Science, revue uniquement
en ligne.

L'inertie de la communauté scientifique s'explique par de nombreux
facteurs. Tout d'abord, les coûts des abonnements sont généralement pris
en compte sur des budgets centralisés (département, université, institut
de recherche...) et non sur les budgets des chercheurs et de leurs
équipes. Les chercheurs sont donc la plupart du temps inconscients des
coûts des publications qu'ils lisent.

Ensuite, les publications ont un rôle considérable pour la carrière des
chercheurs. Un chercheur ne peut se permettre de refuser de publier dans
une des principales revues du secteur sous prétexte que ses conditions
de copyright ne lui conviennent pas, sauf à vouloir ne pas être recruté
ou promu. Si des revues en ligne sous licence libre se mettent en place,
il est possible que certains les considèrent comme de
l'"auto-publication", donc non valables pour les évaluations. Je pense
que le fait que le comité éditorial de Logical Methods in Computer
Science comprenne tant de gens à bonne réputation est dû à un désir de
justement se démarquer de cette image, largement entretenue dans la
société, que "si c'est en ligne c'est n'importe quoi" ou "seuls un vrai
éditeur apporte du sérieux".





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