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educ - Re: [EDUC] remarques au sujet de la proposition de programme

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] remarques au sujet de la proposition de programme


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] remarques au sujet de la proposition de programme
  • Date: Thu, 17 Mar 2011 11:26:50 +0100 (CET)


----- "Georges Khaznadar" <georges.khaznadar AT free.fr> a écrit :

Bonjour Georges,

N'oublions surtout pas que cette option informatique facultative
réservée qu'aux seules Terminales Scientifiques ne peut en aucune
façon être comparée avec des disciplines qui s'inscrivent
dans un curriculum tout au long de la scolarité pour certaines
d'entre elles.

Les querelles de langage m'apparaissent totalement secondaires.
Il ne faut en imposer ou en privilégier aucun.

L'histoire avortée des tentatives de l'enseignement de l'informatique
en France durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix est
là pour témoigner qu'à chaque fois que la hiérarchie scolaire
s'est mêlée de langage cela s'est terminé en fiasco ridicule
et kafkaïen.

Qui se souvient encore du LSE, Langage Symbolique d'Enseignement
ou encore Langage de Sup-Élec que seule l'Education nationale
enseignait, et que les partisans du Basic qualifiaient de
Langage Sans Espoir ?

En réalité tous les langages informatiques méritent d'être
enseignés et l'idée qui présida au LSE n'avait en soi rien de
stupide, c'est son imposition dans les rares enseignements de
l'informatique secondaire qui était malheureuse, pas le langage
en lui-même !!!

Qui se souvient encore de la mode des machines à calculer
programmables, avec leur démarche démarche pédagogique
(qui n'a rien de condamnable en soi, sauf si elle est imposée)
que l'on risque de revoir généraliser dans les cours
d'algorithmie de seconde et les options informatiques
de TS ?

Petit rappel :

a) Exposé d'une situation (aujourd'hui pour être conforme
au jargon pédagogiste contemporain on dirait : démarche
d'investigation ou de résolution de problème)

b) Recherche d'un algorithme

c) Utilisation d'un programme (à l'époque c'était cette fois-ci
surtout un Basic rudimentaire avec des boucles, des itérations,
etc)

d) Synthèse des résultats, etc.

Ce qui donnait un truc du genre :

a) Réduction au dénominateur commun
b) Pincipe
c) Algorithme
d) Programme

etc.

Qui se souvient encore de la mode du Pascal (là encore conçu
à l'origine pour un usage purement éducatif) lorsqu'après
les calculettes scientifiques, ce furent les PC
et le système de Microsoft qui furent imposés partout à
l'Education nationale ?

etc.

Toutes ces querelles de langage sont pour moi sans intérêt.
L'histoire est là pour prouver que dès qu'on veut imposer
à autrui, avec les meilleurs arguments du monde, n'importe
quel langage, cela se termine en eau de boudin.

Le meilleur langage informatique (c'est un peu comme les
distributions GNU/Linux) c'est celui qu'on maîtrise le plus.
Et si on laissait pour une fois la liberté pédagogique
aux enseignants ?
Et si l'on acceptait pour une fois de refuser de s'inscrire
dans des logiques prédictives fondées sur de pures inductions ?
Et si l'on acceptait pour une fois la liberté, l'expérimentation
et faisait confiance aux ressources humaines, à commencer
par celles des rares élèves qui auront choisi cette option
facultative ?

J'ai lu dans une enfilade à propos de l'INRIA (qui jouerait un
rôle dans les programmes de cette option) sur la liste
principale de l'April messages complètement délirants,
fondés uniquement sur du raisonnement par induction, assimilant
à plusieurs reprises l'institution à ses membres, comme
si critiquer l'INRIA c'était critiquer ses membres, comme si
les enseignants de l'enseignement secondaire étaient responsables
des politiques nihilistes en matière d'informatique de
l'institution scolaire.

Toute structure centralisée, hiérarchique, en matière
d'informatique doit être considérée comme nuisible, indépendamment
de ses membres. Jusqu'à preuve du contraire, dans les années
quatre-vingt l'INRIA bénéficiait d'un monopole sur la
redistribution des News en France. Et les jeunes hackers français
comme Laurent Chemla, François Vigneron (qui développaient
des réseaux Minitel RTC et BBS) ont dû redistribuer les News
via le protocole UUCP sur tous les réseaux BBS et Minitel RTC,
en passant par FRMUG (French MiniX User Group) et contourner le monopole
de l'INRIA qui réservait l'accès des News à une élite.

Qu'on se souvienne également du prix d'accès et des conditions
bien plus bureaucratiques d'accès aux .fr (comparé aux .org, .com,
etc ) quand l'INRIA en avait la gestion.

Ce qui fonde une bureaucratie ce ne sont pas les "hommes"
(on ne peut pas changer l'homme - rêve de toute idéologie
totalitaire) mais la structure.

Si une structure hiérarchique quelconque prend la main sur
la future option informatique des lycées, alors on peut être
sûr que ce sera un machin technocratique et un fiasco.

Qu'il soit bien établi que les premières communautés Linux
ne venaient pas de l'INRIA mais des BBS et des premières
radios libres, comme en témoigne l'hommage de Laurent Chemla
à René Cougnenc, dans son livre "Confessions d'un voleur".

Et si le département informatique de Paris 8 fut sans doute
la premier département informatique d'Europe a avoir opté pour
Unix, refusé de s'intégrer au réseau EARN d'IBM et toute dotation
de machine d'IBM, c'est avant tout parce que ce
département avait été fondé sur de l'expérimentation pédagogique,
de l'interdisciplinarité, et dans la lignée du mouvement
de mai 68 qui refusait de toute organisation hiérarchique
de contrôle sur les contenus de l'enseignement de l'informatique.

Ce n'est donc pas par hasard si c'est à Paris 8 que Richard
Stallman fit ses premières conférences en France et si c'est à
Paris 8 que naquit l'April.

Et si effectivement les professeurs en informatique de Fred
Couchet et des fondateurs de l'April étaient partisans d'une
informatique orientée objet, cela ne les empêchait pas
d'enseigner le langage C.

Militons donc pour laisser la plus grande liberté pédagogique
possible aux enseignements de cette future option informatique.
Que ce soit un lieu de détente et de plaisir pour les élèves,
laissons leur développer leurs propres projets. Que les
enseignants soient juste là pour les aiguiller.

Et surtout militons pour que le choix se porte sur les
logiciels libres.

Cela étant dit, n'oublions pas que dans de nombreuses
SS2i ce n'est pas l'ingénieur chef de projet qui code mais
les analystes-programmeurs de niveau Bac+2. De ce fait,
cette option étant réservée à une "élite" (destinée aux
classes prépas, n'oublions pas non plus que le Médef via
le Syntec collabore aux programmes) l'art de la programmation,
étant considéré comme de la "technique", a failli être
minoré. D'ailleurs la place qui lui incombe n'est pas
si grande.

Nous devons donc militer et RADICALEMENT pour considérer
que la création de cette option ne peut être qu'un premier
pas. L'enseignement de l'informatique doit être accessible
à tous, au moins dès la sixième dans le cadre des
cours de Technologie.

Amicalement,
Charlie




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