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educ - Re : Re: Re : Re: [EDUC] ipad = ibad

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re : Re: Re : Re: [EDUC] ipad = ibad


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: Thomas Guillot <gtom AT gtom.eu>
  • Cc: educ AT april.org
  • Subject: Re : Re: Re : Re: [EDUC] ipad = ibad
  • Date: Sun, 3 Feb 2013 00:43:35 +0100 (CET)


----- Thomas Guillot <gtom AT gtom.eu> a écrit :
> Le Thu, 31 Jan 2013 07:30:45 +0100 (CET),
> cnestel AT free.fr a écrit :
s.
>
> J'aimeriai bien, si c'est possible, que quelques personnes ( Charlie
> en particulier) viennent défendre les positions de l'April dans ce fil
> de discussion.
>
> [1]http://www.framablog.org/index.php/post/2013/01/31/ipad-education-pour-ou-contre
>
> Cordialement
> Thomas

Voilà, j'ai écrit un texte. Je ne sais pas s'il te convient.

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----

@Kornfr et @Pilou

1. @ Pilou
Vous parlez des réalités du terrain. Très bien. J'enseigne la Technologie
dans le département des Bouches-du-Rhône. Depuis le début de l'opération
Ordina13, plusieurs centaines de milliers d'ordinateurs portables sous
MS Windows (pas loin de 500 000) ont été offerts aux collégiens.
Cela a-t-il permis de réduire la "fracture numérique" dont se réfère
également le CG de Corrèze ?

La réponse, bien sûr, est non !

Un enfant entouré d'une famille dotée d'une grande richesse lexicale
sera mieux à même d'opérer des requêtes sur un moteur de recherche basé
sur une indexeur plein texte qu'un enfant qui n'aura pas eu accès
à la maison à la même richesse lexicale, quand bien même sera-t-il équipé
de multiples écrans et d'un smart phone.

Ce n'est pas l'outil qui permet de lutter contre la fracture numérique
mais l'enseignement qui sera dispensé à l'école, à condition qu'il ne se
limite pas au B2i, à une "évaluation" par "compétences transversales"
nécessairement éphémères à chaque changement d'interface, à chaque progrès
technique, qui nécessitent de plus implicitement un apport de connaissances
qui ne sont enseignées nulle part.

Lutter contre la fracture numérique, contrairement à ce qu'affirme
la réponse du CG de Corrèze à l'association Pullco, nécessite un certain
nombre d'apprentissages qui ne se limitent pas à des compétences d'usage.

Ce qui m'amène à répondre à Kornfr qui se réfère à la réponse effrayante
du CG de Corrèze qui restera dans les annales.



@Kornfr

Enseigner le logiciel libre n'entre pas dans les objectifs fixés par
Ordicollège.

Et pour quelles raisons ?

Parce qu'enseigner le logiciel libre reviendrait à enseigner l'informatique
et "l’informatique n’est pas une matière enseignée au collège" dit en
substance
la lettre.

Tout est dit.

Et pour argumenter son propos, Ordicollège se réfère aux compétences définies
par le référentiel Education nationale B2i (brevet informatique et internet,
mis à jour en décembre 2011).
Que ne se réfère-t-il pas au communiqué de presse du 7 septembre 2012 de
Vincent Peillon qui énonce pudiquement l'échec du livret de compétences
auquel est incorporé le B2i ?

"L'évaluation actuelle des connaissances et des compétences du socle commun,
qui a fait l'objet de critiques négatives de la part de l'Inspection générale
de l'éducation nationale doit être revue. L'inutile complexité du Livret
personnel de compétences actuel, en particulier, est un frein à son
appropriation par les enseignants et les familles des élèves.".
http://www.education.gouv.fr/cid614...

Généralisé massivement dans les collèges depuis son intégration dans
le Brevet des collèges, le B2i s'est révélé être une machine administrative,
donnant lieu à des « courses à la croix » sans réalités ni finalités
pédagogiques.
Qui peut dire le contraire ?

Pourtant, c'est sur cet échec patenté que s'appuie Ordicollège pour
légitimer une opération de marketing. L'école dans ce cadre là n'est
qu'un alibi.

"Enseigner un programme non libre revient à enseigner la dépendance,
ce qui est contraire à la mission de l’école" (Richard Stallman).
http://www.gnu.org/philosophy/gover...

Il faut lire le texte d'où est tirée la citation de cet Américain
qui exhorte les nations européennes à garantir leur souveraineté
informatique.

Le choix de Ipad est d'autant plus absurde, en cette période
de récession économique et de désindustrialisation que cela revient
à équiper les écoles françaises, les administrations, de produits vendus
par des firmes qui pratiquent la technique dite de l'optimisation fiscale,
en transitant par plusieurs paradis fiscaux : Luxembourg, Irlande,
îles Vierges britanniques...

D'après le site BfmTV.com Apple n'a payé que 7 millions d'impôts en France,
alors, qu'en réalité, il engrange dans l'Hexagone près de 3,5 milliards
d'euros de revenus.
http://www.bfmtv.com/economie/exclu...

Et ... « D'après les calculs de Bloomberg, le montant des profits encaissés
par des firmes US qui sont stockés dans des paradis fiscaux s'élève à
2000 milliards de dollars. Soit un an et demi de déficit budgétaire US ! »
Source : Canard enchaîné, mercredi 27 octobre 2010

Il faut refuser l'Ipad à l'école parce que ce système fermé fonctionne
comme une drogue addictive qui véhicule un modèle cognitif séduisant qui
vend de l'ignorance en occultant le fait qu'un programme informatique
incorpore des connaissances qu'il est nécessaire d'étudier à l'école,
à l'aube de cette troisième révolution industrielle.

Le rôle de l'école c'est de transmettre des connaissances.

Tant il est vrai que la lettre d'Ordicollège a raison sur un point,
sans enseignement de l'informatique dans le cursus, au collège,
défendre le logiciel "libre" selon quatre principes : la liberté d’exécuter
le programme sans restrictions, la liberté d’étudier le fonctionnement
du programme, la liberté de redistribuer des copies du programme,
la liberté d’améliorer le programme et de publier ses améliorations,
n'a aucun sens.

En dernière analyse ce qui est en jeu ici, ce n'est pas d'être pour
ou contre Ipad, mais de savoir si nous sommes pour ou contre la pérennité
d'une école de la République fondée, en cette période de troubles
identitaires,
sur une culture commune qui nécessite, à l'ère du numérique, un authentique
enseignement de l'informatique. Le rôle de l'école n'est pas de faire
l'apologie d'une culture consumériste fondée sur les usages de la
société du spectacle.

Librement,
Charlie



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