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educ - Re : Re: Re : Re: Re : Re: [EDUC] Les jeunes parlementaires étudiantes et les logiciels libr e !

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re : Re: Re : Re: Re : Re: [EDUC] Les jeunes parlementaires étudiantes et les logiciels libr e !


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: David Dadon <david AT dadon.fr>
  • Cc: npettiaux AT april.org, educ AT april.org
  • Subject: Re : Re: Re : Re: Re : Re: [EDUC] Les jeunes parlementaires étudiantes et les logiciels libr e !
  • Date: Wed, 12 Jun 2013 21:32:29 +0200 (CEST)


----- David Dadon <david AT dadon.fr> a écrit :
> Hey Charlie !

Salut David,

> Je ne suis pas du tout d'accord avec toi ! Le public peut très bien être
> sensible à ces problèmes. Il faut juste savoir leurs expliquer.

Nous sommes sur ce point bien sûr d'accord. Et j'éprouve le
plus grand respect pour ce que tu appelles le "public", c'est-à-dire
le peuple, les citoyens-nes...

> Pour les
> logiciels libre tu parle de coût et de vitesse ( Cf : Ordi de la mairie de
> Paris). C'est comme ça qu'ils vont te suivre !
> Tu peux très bien leurs explique la différence entre un logiciel libre et
> un logiciel propriétaire, il faut savoir raconter des histoires.

Pour ce qui me concerne, je ne raconte pas des histoires.

Simplement je pars d'un multiple constat.

Par exemple, j'ai rencontré à l'occasion d'un concert de musique
baroque, hier à Aix-en-Provence, un historien très renommé
de la seconde guerre mondiale et de la shoah qui accompagnait
le Président de la Fondation du Camp des Milles, un petit Drancy
qui fonctionna avant même la seconde guerre mondiale pour
enfermer les "indésirables" (principalement des anti-fascistes
espagnols, italiens, allemands dont Max Ernst)...
J'ai essayé, dans le contexte du "plus jamais cela", l'amener
sur le terrain de l'informatique, notamment en me référant au
livre d'Edwin Black "IBM et l'holocoste", en lui rappelant par
exemple que le numéro tatoué au bras de chaque déporté renvoyait
à une carte perforée sur les machines hollerith sous licence
IBM.
Il ne pouvait pas comprendre ce que je disais. Pour lui ce n'était
pas audible. Encore moins quand je lui faisais observer qu'au
dessus de la logistique des trains, gérée par Adolf Eichmann et
décrite par Hannah Arendt, il y avait sur les machines mécanographiques,
ancêtres des ordinateurs : des bases de données ; sans lesquelles
les trains ne pouvaient pas circuler. Je lui citais Carmille,
ancien militant de l'Action Française, mort déporté à Dashau auquel
le gouvernement de Vichy avait confié la mise sur fiches de toute
la population et parce qu'il refusa entre autre, obstinément, de faire
le fichier centralisé des Juifs (auquel la majorité de la population
Juive de France doit la vie malgré les persécutions et les fichiers
incomplets des préfectures).
Avant de déporter les populations et les enfermer dans un camp
comme Drancy ou le camp des Milles d'Aix-en-Provence, il fallait
d'abord pouvoir les identifier.
Et la raison pour laquelle l'honorable historien ne pouvait pas
comprendre mon discours, c'est que l'informatique, même dans ses
balbutiements n'était pas directement phénoménologiquement perceptible
par les sens ; les trains oui, les familles de paysans qui ont
caché un enfant Juif : oui ; mais pas Carmille dont l'action
essentielle n'était pas immédiatement perceptible.

Avec l'informatique, nous sommes entrés dans un monde qui a rendu
possible la globalisation (dite mondialisation), mais la compréhension
de ses enjeux passe par une abstraction, une éducation.

Ainsi, si nous savons que les enjeux du logiciel et des cultures libres
sont des enjeux fondamentaux, ils ne sont pas immédiatement perceptibles
par les gens.

De plus, le temps de la globalisation multilatérale n'est pas
celui des échéances électorales. Entre la conférence diplomatique
de l'OMC a l'ONU de 1996 qui instaura les DRMs et la Directive
européenne, puis sa traduction dans la loi DADVSI et enfin son
réajustement dans l'Hadopi : il y a plus d'une quinzaine d'années.

Les thèmes que nous portons n'ont que très peu d'effet électoral
en ce qu'ils n'apparaissent pas dans l'urgence du ressenti social.

Pour que l'Assemblée Générale des établissements en grève du mouvement
du 93, à la fin des années quatre-vingt-dix exige la fin de la
microsoftisation de l'éducation et des dotations en logiciels
libres, il a fallu deux mois de grève au cours desquels la conscience
collective du mouvement social fasse un bon en avant.

De plus, tous les partis politiques - sans exception - ont subi
durant la dernière campagne électorale une pression sans précédent
des lobbies culturels, y compris à EELV, malgré le fait que
par l'intermédiaire de mon fils, EELV accepta de payer le voyage
de Stallman en France et rencontra Eva Joly.

De plus nous devons faire face à une mutation technologique,
notamment dans l'informatique nomade, ainsi que dans le déploiement
de technologies dites de cloud computing, notamment dans sa version
SaaS (logiciel comme service).

De ce fait, la tendance néo-libérale open source s'éloigne de plus
en plus du logiciel libre, mais le pollue idéologiquement
par des notions néo-libérales qui ne veulent rien dire, comme "écosystème"
à propos de modèles économiques qui se retrouvent y compris dans certains
communiqués de l"April sur l'éducation.

Pour se faire entendre le mouvement pour le logiciel libre
doit en premier lieu s'allier avec des communautés, par exemple
celui des semences libres, qui poursuivent un but similaire au nôtre ;
élargir les problématiques, par exemple sur les modèles économiques
de l'optimisation fiscale des grandes firmes transnationales
du "numérique" privateur.

Je suis co-fondateur du Front de gauche du numérique. J'ai dépensé
une énergie pas possible à essayer de faire passer une ou deux
idées qui ne sont jamais passées.

Par exemple sur l'Open Data. Impossible d'obtenir un consensus sur
une prise de position en faveur des licences de copyleft sur
les bases de données, à l'instar de la licence ODbL de la ville
de Paris ou de projet OpenStreetMap.
Et en arrière plan, le débat de fond sur le statut juridique
d'une hypothétique socialisation des moyens de production,
révélée à l'occasion du débat sur les licences que soutenions
dans l'Open Data.
En effet, par une directive européenne, fut introduit un droit
du producteur des bases de données (disjoint du droit d'auteur
sur les contenus) qualifié de sui generis.
Le statut des données publiques, par exemple des anales d'un
examen qui contrairement aux corrections ne sont pas soumis
au droit d'auteur, est devenu une propriété publique, par
le passage dans une base de données.
Ce qui différencie le droit res communis de la propriété publique
c'est le fait que dans le premier cas, l'Etat, la puissance
publique n'est que le garant de la chose publique sur laquelle
personne ne peut exercer de propriété ; dans le second - la
propriété publique : l'Etat en est le propriétaire.

C'est par le même processus que par le passage au numérique,
ce qui relevait préalablement du domaine public est devenu avec
Gallica : une propriété publique par le droit sui generis
sur les bases de données (interdisant la possibilité pour un
éditeur de faire la même chose qu'avec un support papier... ).

En ce sens, et je n'ai pris que quelques exemples, l'enjeu
du Libre n'est pas réductible à un choix technique entre
deux produits ; c'est un enjeu fondamental de société,
de civilisation.

Amicalement,
Librement,
Charlie



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