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educ - Re: [EDUC] Edition de proximité [était : Et encore une... décidément !!]

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Edition de proximité [était : Et encore une... décidément !!]


Chronologique Discussions 
  • From: Nicolas George <ngeorge AT april.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Edition de proximité [était : Et encore une... décidément !!]
  • Date: Fri, 18 Mar 2016 14:40:56 +0100

Tu as bien fait de changer le champ subject, mais dommage que tu n'aies pas
respecté les conventions établies pour le faire.

> Dans le modèle proposé, je ne vois pas pourquoi il y aurait "coût
> obligatoire" (dont marge) pour l'imprimeur et "don facultatif" pour les
> auteurs.

Pour le dire simplement, parce qu'on a d'un côté un bien matériel et de
l'autre un bien informationnel.

Ou, pour le dire autrement, pour la même raison qu'on rejette la Tasca-taxe.

Plus de détails ci-dessous.

> Il me semble plus sain que le modèle soit le même pour tous les acteurs de
> la chaine éditoriale sur un type de produit donné (le livre physique dans le
> cas présent).
> Quitte à ce que la rémunération de l'auteur se fasse au travers du même
> système de payement que les micro-dons. (pas de différentiel de complexité :
> type "micro-don forfaitaire/consenti prélevé par l'imprimeur au bénéfice de
> l'auteur", dont l'opération de paiement aux auteurs se fait par/sous la
> responsabilité de l'imprimeur).
>
> D'autant qu'on peut imaginer un "micro-don à tiers" : la rémunération des
> auteurs se faisant au profit d'organisations de promotion/défense/diffusion
> de Communs : https://soutenir.framasoft.org/, de http://creativecommons.org/
> , https://www.c3s.cc/en/ ... Cela aurait la vertu de simplifier le fatras
> des droits empilés(?) pour les oeuvres dérivées sous licence NC.

Je dois dire que je n'ai pas compris grand chose à ces deux paragraphes,
mais qu'ils font sonner très fort mon neurone détecteur d'usine à gaz.

Examinons les choses du point de vue de l'imprimeur. Un client vient avec
son PDF, l'imprimeur doit se poser la question de la part à reverser à
l'auteur, ou bien de si l'oeuvre sur le PDF est réservée exclusivement à un
imprimeur traditionnel, ou bien... Impossible à gérer.

S'ils sont contraints à ce genre de démarche, les imprimeurs vont jouer la
simplicité : ils vont proposer ce qu'ils ont à leur catalogue, point final.
C'est exactement ce que font les PUF. Le système se retrouve verrouillé.

Il est bien plus simple que l'imprimeur joue le rôle de simple prestataire
technique. Le client se pointe avec son PDF, il signe une décharge
garantissant qu'il a bien le droit de demander une impression de ce PDF,
quelle qu'en soit la raison (c'est sa propre oeuvre / c'est du domaine
public / l'auteur l'a autorisé / l'auteur l'a autorisé après paiement) et
l'imprimeur facture en fonction du format, du nombre de pages et de la
quantité d'encre.

D'ailleurs, si le client, à la place, allait rue Montgallet s'acheter une
imprimante et une ramette de papier, on ne lui ferait pas payer une
commission pour l'auteur.

Maintenant, du point de vue de l'auteur auto-éditeur. Une fois l'ouvrage
fini, il en rend la version électronique disponible. Avec paiement
obligatoire ou facultatif, fixé ou pas, au choix. Que le lecteur
potentiel récupère la version électronique pour la lire sur l'écran de son
ordinateur / sur son téléphone mobile / sur sa liseuse / pour l'imprimer
soi-même / pour le faire imprimer par un pro / pour finalement ne pas le
lire, pour l'auteur, ça ne change rien.

Donc, pour la simplicité des choses, il est préférable que la distribution
de l'oeuvre (bien informationnel) soit complètement dissociée du service
d'impression.

Ça permet, en particulier, à chacun de rentrer sur le marché comme il le
souhaite, et donc d'améliorer l'offre au public sans être soumis au bon
vouloir des cartels existants.

Un nouvel auteur trouve un hébergement web gratuit ou pas cher, met l'EPUB
de son roman en ligne et éventuellement un lien vers son compte PayPal (oui,
beurk, hors-sujet), et ça roule.

Un nouvel imprimeur ouvre boutique et propose son nouveau service
(impression à la demande en Braille ?), et ça roule.

(Après, il me semble qu'un auteur, surtout un auteur encore obscur, va plus
facilement développer son lectorat avec un paiement optionnel a posteriori
qu'avec un paiement obligatoire a priori. Mais l'élégance de ce que
j'évoque, c'est que chaque auteur est libre d'estimer le contraire.)

> Donc l'opinion "Ça exclu[t] du système tout ce qui pourrait constituer
> l'avenir de l'auto-édition à l'ère d'Internet" me semble une prédiction bien
> hasardeuse (c.f. infra).

C'est pourtant bien ce qui se passe. Je pourrais à tout moment écrire à
Brandon Sanderson et lui dire « bonjour, je voudrais lire White Sand, je
promets de ne pas le rediffuser », et il m'enverrait le fichier
gratuitement. Si par hasard je préférais le lire sur papier, je pourrais
essayer d'aller à la nouvelle boutique des PUF, et... « non, désolé, c'est
pas à notre catalogue ».

> >(Et ça illustre aussi le danger des clauses non-commerciales dans les
> >licences : si elles ne sont pas rédigées très soigneusement, elles excluent
> >ce genre de système.)
> 100% pas d'accord : dans ce cas précis ça n'exclut rien

Si. Illustration :

Nouvel imprimeur (pas les PUF) qui annonce : « Apportez votre PDF, je
vérifie la licence et je vous l'imprime au meilleur prix. »

On lui apporte un PDF avec une clause NC.

L'imprimeur : « Désolé, « toute utilisation commerciale interdite », mon
service d'impression est commercial, je ne peux rien pour vous. »

La clause NC doit être rédigée très soigneusement pour autoriser au moins
l'impression à la demande, par exemple avec une exception explicite. Mais
quid d'un service de livre audio à la demande ? De transfert sur un support
inhabituel ? Etc.

Ou alors, plutôt qu'une exception pour un usage précis, il faut conditionner
sur le type d'usage commercial : simple prestation technique ou exploitation
du contenu. C'est, j'ai l'impression, ce que tu évoques dans les paragraphes
que j'ai élagués. Et c'est exactement ce que j'évoque en disant « rédigées
très soigneusement ».

Toujours est-il qu'une clause NC simpliste, « toute utilisation commerciale
interdite », exclue également l'impression à la demande par un imprimeur
professionnel.

> La culture libre ne pouvant pas toujours être une simple transposition du
> logiciel libre, soyons inventifs plutôt que dogmatiques, tout en étant
> solides sur les principes.

Bien sûr.

> P.S. question de fond : une clause de réciprocité n'est-elle qu'une nouvelle
> modalité de viralité/contamination d'une licence, ou une limitation aux 4
> libertés fondamentales ?

Là encore, bien sûr. Mais les quatre libertés fondamentales sont rédigées
pour les logiciels, pas pour les biens culturels. On a bien vu avec
l'affaire de la GFDL, que ça ne marche pas pareil.

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