Re: [EDUC] OpenAcadémie lance le Manifeste agile pour l'Education

[Briand Michel <Michel.Briand AT telecom-bretagne.eu>]

Bonjour

La lecture d'une enquête d'Emmaus connect sur les difficultés auxquelles sont confrontées les travailleurs sociaux qui accompagnent les personnes en difficulté sociales a conforté les inquiétudes qu'avaient formulées le Conseil National du Numérique sur les risques d'exclusion aggravées par les politiques de matérialisation sans médiation co-construite (cf quelques liens en bas du mel).
Lorsqu'un jeune sur deux de niveau CAP n'a pas d'adresse mel comment peut-il effectuer des recherches d'emploi par internet ? La volonté de l'Etat de généraliser les services en ligne sans parfois laisser d'alternative (accueil, téléphone) et sans mettre en place de dispositifs de médiations au sein des services publics amplifie une fracture sociale déjà lourde.
De fait, on aboutit à une situation où 75 % des professionnels interrogés dans l'étude d'Emmmaus connect affirment faire des démarches numériques à la place de l'usager !
Si je ne peux qu'approuver la volonté d'agilité et de transformation de l'action publique portée par ce texte je m'inquiète qu'il n'y soit pas fait mention des dispositifs de médiation indispensables pour accompagner les 15% de français en difficulté face aux démarches via l'écran.
Pour ma part je pense qu'il n'est pas possible de dématérialiser un service sans que les acteutr-ice-s de ce service public s'impliquent dans la médiation, tout projet doit mettre en parallèle des moyens concrets et expérimentés pour accompagner ces 15% de personnes  en difficulté.
Bien sur cela peut être plébiscités par "des usagers" mais comment cela a-il été accueilli par ces 15% de français et les centaines de milliers de travailleurs sociaux qui les accompagnent ? Peut-être que cela a été pris en compte mais alors il me parait important de le mentionner et de dire comment ces personnes vont être accompagnées.
Les espaces publics numériques peuvent être un appui mais leur maillage territorial est très inégal puisqu'ils sont (ou non) financés par les collectivités locales et qu'ils sont souvent peu présents là où sont les personnes les plus isolées (géographiquement et surtout socialement).
Il me paraît essentiel que dans une approche agile toute cette mise en place se fasse avec ces personnes en difficulté et les travailleurs sociaux qui les accompagnent pour que le dispositif soit vécu comme un "progrès" et non une nouvelle exclusion.
Des associations comme Emmaus connect, ATD quart monde, tout comme les réseaux d'acteurs de la médiation numérique font depuis de nombreuses années un travail en proximité qui peut aider à l'appréhension de ces difficultés.
Merci de votre retour sur cette inquiétude à la lecture de votre manifeste.

Michel Briand, ancien élu en charge du numérique à Brest
et co-rédacteur du rapport du CN Num autour de l'e-inclusion
membre de l'association Vecam



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Quelques liens :

• L'étude réalisée par Emmaüs Connect [1]sur les travailleurs sociaux confrontés aux besoins de médiation numérique rend compte de l'ampleur de la tâche pour accompagner plus de 5 millions de personnes qui cumulent problèmes sociaux et difficultés d'usage du numérique.
  Davenel Yves-Marie (2016) Le numérique au sein de l’Action sociale dans un contexte de dématérialisation. http://www.les-cahiers-connexions-solidaires.fr/etudes/
  

• Aujourd'hui, 15 % des adultes se sentent incapables de réaliser des démarches administratives en ligne selon le Baromètre du numérique 2016
  Croutte Patricia et Sophie Lautié (2016) sous la dir. de Sandra Hoibian (Credoc). Baromètre du numérique. Equipement, usages et administration en ligne. CREDOC, N° R333 - Novembre 2016.

• Dans l'enquête Marsouin « Capacity »  (2017ces démarches administratives arrivent en tête des difficultés des citoyens qui n’utilisent pas Internet. GIS Marsouin (2017). « Premiers résultats de l’enquête Capacity sur les usages numériques des Français » https://www.marsouin.org/IMG/pdf/rapport_capacity_-_premiers_resultats.pdf

Étienne ANDRÉ a écrit :

Bonjour chers éducateurs libérés,

Je vous ai déjà parlé à quelques reprises de OpenAcadémie, start-up d'Etat soutenue par le SGMAP/Etalab. htpp://openacademie.beta.gouv.fr

Nous cherchons à dépasser les très étroites limites de notre action actuelle (le bénévolat la nuit, c'est pas fun), et nous imposer quelque peu au ministère de l'Education, tout en montrant au nouveau secrétariat d'Etat au Numérique que nous sommes prêts à en découdre pour effectivement réformer le Service public. Notre objectif : obtenir une (petite) miette pour rémunérer un (des !?) développeur(s).

Aussi nous lançons en ce moment une pétition, le "Manifeste agile pour l'Education". Nous comptons sur le soutien de la communauté du Libre pour pousser nos concepts de développement agile et ouvert, contre la culture de l'informatique centralisée à outrance qui aboutit aux "partenariats" qui nous désespèrent.

https://www.change.org/p/manifeste-agile-pour-l-education

Merci à ceux d'entre vous qui voudront bien signer, mieux encore republier le lien (argh : on n'est pas sur les réseaux sociaux, pas le temps, entre le boulot et le développement). Et si vous êtes tentés de nous rejoindre, foncez !

Librement, 

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