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educ - Re: [EDUC] Parcoursup : un enfer pavé de bonnes intentions - Transcription à relire

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Parcoursup : un enfer pavé de bonnes intentions - Transcription à relire


Chronologique Discussions 
  • From: Vincent Mabillot <vincent.mabillot AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Parcoursup : un enfer pavé de bonnes intentions - Transcription à relire
  • Date: Tue, 31 Jul 2018 14:31:04 +0200

Bonjour, je ne crois pas que Judicael pose la sélection comme une évidence, il indique qu'elle est un fait: un choix est une sélection. On peut discuter analyser le processus de choix, son pourquoi et son comment, mais le mot sélection n'est pas sale par défaut. Judicael avance qu'il faut que les modalités de la sélection soient explicites et connues pour que la sélection ne soit pas arbitraire, car c'est bien là le travers de la sélection, c'est lorsqu'elle est arbitraire.

Lorsqu'on ne met pas tous les moyens nécessaires et prévisibles, on prépare de l'arbitraire et en se sens Olivier, je suis pleinement en accord, que la sélection ne doit pas se faire contre un besoin mal dimensionné. En revanche, parcourssup à part et en tant qu'enseignant, il me semble que la sélection doit-être partagée raisonnablement. En d'autres termes, j'ai du mal avec le principe de refuser de sélectionner. En tant que personne, je trouve dégradant qu'on puisse me choisir sans que ce soit réciproque. Et c'est bien ce qui se passe avec Parcourssup d'un côté et de l'autre.

Mais c'est au profit de qui et de quoi cette position anti-sélection?

- De la personne qui va s'engager pendant une ou plusieurs années dans un parcours dont plusieurs indicateurs nous laissent penser que ça n'ira pas ou bout?
- Du reste du groupe apprenants·apprenantes et enseignantes·enseignants qui va devoir gérer une dynamique avec une personne qui n'est pas là pour les mêmes raisons et que tout le monde doit accepter?

J'ai personnellement refusé de participer à parcourssup car mon département "en tension" ne rendait pas public les critères de sélection qui seraient intégrés à l'algorithme. Mais une bonne partie mon département se félicitait que notre université ait résisté à instaurer la sélection sur les portails qui n'étaient pas en tension! diable que de courage, ne pas sélectionner là où il y a de la place pour tout le monde! C'est presque d'un opportunisme écœurant, car derrière c'est un moyen de faire glisser le surnombre sur des filières qui n'attire pas ou plus et masquer le désintérêt qui les touche!

Bonne journée

vincent


Le 31/07/2018 à 09:18, Olivier Garet a écrit :

Bonjour,

Merci pour ce texte intéressant.

Je voudrais toutefois réagir à la prise de position de Judicael Courant, qui évacue bien vite la question de la sélection, en la posant comme une évidence.

Judicael Courant présente la loi ORE comme une loi d'organisation d'une sélection qui existait avant. Il dit par exemple:

"Et en plus je trouve que c’est assez ridicule de dire qu’elle n’existait pas ou qu’elle n’existe toujours pas parce que, pour moi, elle existe depuis 30 ans ; elle est juste pas assumée, et donc ce que je préférerais c’est qu’on l’assume et qu’on se pose la question des critères sur lesquels on fait la sélection."

La grande différence de la loi ORE, c'est l'inversion de la norme. On part d'une situation où l'université à vocation à accueillir tous les bacheliers et où les filières saturées sont considérées comme un échec (de l'accueil ou de l'orientation), pour arriver à une situation où le fait d'éventuellement ne pas pouvoir accéder à une formation non sélective est considéré comme normal.

En particulier, lorsqu'une université ne pouvait accueillir tous les étudiants, elle pouvait auparavant se tourner vers son ministère de tutelle en disant qu'elle ne pouvait remplir ses missions, alors que c'est désormais sa mission que de définir pour toutes les filières (en tension ou pas) une capacité d'accueil.

Et donc toutes les filières de l'université doivent classer les candidats, et pas seulement les filières traditionnellement en tension, qui mériteraient, elles, une réflexion particulière - amenant éventuellement à les transformer en formation sélective, mais pas forcément: on peut aussi penser à donner une meilleure information aux lycéens.

Le classement devenant la norme, on est donc réellement là dans un changement de paradigme, aussi il n'est pas juste de présenter la loi ORE comme une simple réaction à la question "trois candidats, deux places: que faire ?".

Judicael Courant dit aussi "Après, il y a des limites à ça, même s’il y a autant de places de formation au total que de bacheliers au total, tous les bacheliers ne peuvent pas aller faire par exemple leurs études à la Sorbonne."

Là aussi, on parle de quelque chose comme si c'était très général, alors que c'est une situation parisienne créée par la grosse densité de population et d'universités.

Il y a visiblement un tropisme vers les universités de Paris intra muros qui me semble tout à fait déraisonnable. Par exemple, en maths, il n'y a aucune raison objective de chercher à faire sa licence à Paris 6 plutôt qu'à Versailles. Ca pose des questions. Je ne suis pas sûr que ce soit le rôle de l'état de légitimer la mise en compétition de formations officiellement non sélectives et de mettre tous les meilleurs étudiants à Paris, plutôt que de s'assurer qu'il y a un enseignement de qualité partout.

Considérant l'enseignement supérieur, il y a bien des questions qui auraient dû être posées depuis longtemps. Ca ne justifie pas les réformes au pas de course, en dehors de tout débat public - en particulier devant les électeurs.

Amicalement,

Olivier Garet

Le 30/07/2018 à 16:38, Marie-Odile Morandi a écrit :

Bonjour,

Il s'agit de la conférence de Judicaël Courant aux RMLL 2018 et qui dure un peu plus d'une heure.
C'est ici : https://wiki.april.org/w/Parcoursup_:_un_enfer_pav%C3%A9_de_bonnes_intentions_-_Judica%C3%ABl_Courant

Cette transcription, relue et finalisée, bien entendu avec l'accord de monsieur Courant, sera publiée sur le site de l'April.

Merci à toutes et à tous pour vos relectures attentives

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Amicalement
Marie-Odile Morandi
Adhérente April
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Olivier Garet, Professeur à l'Institut Elie Cartan de Lorraine
Directeur du département de Mathématiques de Nancy
Faculté des Sciences et Technologies
http://depmath-nancy.univ-lorraine.fr/
Campus Scientifique BP 239 -- 54506 Vandoeuvre-lès-Nancy Cedex
E-Mail: Olivier.Garet AT univ-lorraine.fr
http://www.iecl.univ-lorraine.fr/~Olivier.Garet/


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