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informatique-deloyale - Re: [DEBATS] [blahblah] La vie privée, un problème de vieux cons ?

Objet : Informatique déloyale (liste à inscription publique)

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Re: [DEBATS] [blahblah] La vie privée, un problème de vieux cons ?


Chronologique Discussions 
  • From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
  • To: Patrick <patrick.abul AT free.fr>
  • Cc: debats AT april.org, informatique-deloyale AT april.org
  • Subject: Re: [DEBATS] [blahblah] La vie privée, un problème de vieux cons ?
  • Date: Wed, 18 Mar 2009 05:38:24 +0100
  • Organization: april AT april.org

Patrick a écrit :
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/03/17/la-vie-privee-un-probleme-de-vieux-cons_1169203_651865.html#ens_id=1150782
"ommes-nous aussi coincés et procéduriers au regard de notre vie privée que la société de nos grands-parents l’était en matière de sexualité ? Dit autrement : assiste-t-on aux prémices d’un bouleversement similaire, d’un point de vue identitaire, à celui de la révolution sexuelle ?"

Salut,

Si en mai 68 on pouvait dire "vie privée, privatisation de la vie", c'était dans un tout autre contexte.
Il s'agissait de rompre avec les technostructures qui aliénaient la critique radicale de la vie quotidienne dans un parti bureaucratique :

"Ceux qui parlent de révolution et de lutte de classes sans se reférer explicitement à la vie quotidienne, sans comprendre ce qu’il y a de subversif dans l’amour et de positif dans le refus des contraintes, ceux-là ont dans la bouche un cadavre", disait en 67 Raoul Vaneigem dans son Traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations.
http://www.clinamen.org/article254.html

Les enragés de Nanterre et les situationnistes qui déclenchèrent mai 68 s'inspiraient du jeune Marx pour lequel la séparation de l'homme en deux - l'Homme en tant qu'être générique, le Citoyen en tant qu'être politique - était l'aliénation de l'homme en tant qu'être social.

Le refus de séparer le quotidien du politique déboucha entre autres sur le droit à la contraception, le mouvement de libération des femmes, la reconnaissance de homosexualité, la critique de l'industrialisation du cadre bâti, le refus de la séparation entre l'art et la technique, de l'aliénation au travail et des modes de consommation, etc.

Dès 1967 le groupe Utopie, défendant des thèses assez similaires de l'Internationale Situationniste, dénonçait déjà le concept de "révolution sexuelle" qui apparaissait déjà dans le marketing publicitaire pour vendre une image du désir associée aux marchandises. Il n'y a donc pas eu de révolution sexuelle si ce n'est dans les représentations des industries du divertissement. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans sa représentation disait Guy Debord dans la Société du spectacle.

Le postulat de départ du raisonnement de l'article que tu réfères est donc faux. Et ce n'est pas du tout le fruit du hasard si les premiers à avoir voulu contrôler Internet étaient ceux-là mêmes qui venaient de l'industrie pornographique du Minitel. La première tentative qui eut lieu en France fut instaurée par Fillon sous le nom de Commission Beaussant, industriel du Minitel rose. Il reste encore sur Internet quelques traces de cette époque. Cf. "Liberté dans le cyberspace" que l'on peut lire ici :
http://www.gazel.nu/monde/libcybsp.htm

Le renversement de situation s'est opéré, via les Etats-Unis, avec l'arrivée des technologies de contrôle qui menaçaient les sphères de l'intimité. Le terme anglo-saxon privacy est parfois traduit par confidentialité.

Et l'on se retouve confronté avec "privacy" avec les mêmes difficultés d'ambiguïté que le mot "free" qui peut tout à la fois dire "libre" et "gratuit". Cette ambiguïté se retrouve également en français où "privé" peut tout à la fois dire "propriété privée" que "sphère d'intimité", de "confidentialité".

Débat à poursuivre.

Fraternellement,

Charlie





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