Bonne analyse.
Ecart déclaratif /
comportemental
Il y a un écart certain entre le déclaratif et ce qu'il se
passe concrètement.
Le volet "communication" est totalement galvaudé car ON
VIT dans une société de l'information. Les logiciels et
systèmes d'exploitation libres ont cette chance qu'ils
sont co-construits et ceci de manière coopérative.
L'outil d'une révolution
Néanmoins, il me semble que c'est le domaine entier de
l'informatique qui est encore mal perçu par tous. C'est
pourtant l'outil révolutionnaire depuis 30 ans et
l'Internet qui s'en suit. Nous avons encore du mal, dans
les entreprises, à faire la distinction entre
l'informatique et ce qu'elle a pu engendrée dans le
domaine de l'organisation du travail.
Des mésusages...
A mauvais escient, certains collaborateurs pensent encore
qu'il faille répondre "à la minute" des mails qu'on leur
envoit. Or, justement, le mail a cette force qu'il laisse
une trace, une mémoire, qui peut reporter l'acte de
rencontre ou d'appel téléphonique (je ne parle pas des
entreprises qui interdisent des collaborateurs de
s'envoyer des mails ENTRE EUX: rien ne vaut la rencontre
et le fait de pouvoir s'appréhender physiquement).
... liés ) des formes
précaires d'éducation
Je peux également évoquer le formatage windowsien qui, dès
le plus jeune âge, et tout comme la publicité, vous
enferme dans des schémas pré-conçus. Les utilisateurs
informatiques, tout comme les citoyens, oublient le fait
qu'il est possible de s'approprier un certain nombre de
domaines comme l'informatique (LL), l'alimentation (Amap),
les transports (covoiturage/autopartage,...).
Du coup, c'est bien dans une perspective de
dé-construction dans laquelle s'insinue la dialectique
usages de l'informatique libre / besoin d'une efficacité
immédiate / schémas fermés et non contributifs.
La démocratie en
entreprise
Étant moi-même salarié d'une entreprise d'économie
solidaire, avec 14 postes informatiques, et une
appréhension incomplète de ce que représente la
maintenance informatique (je suis devenu, malgré mon
expérience ubuntuiste personnelle, devenu le fameux
"référent" de l'informatique en interne - vraie planche
savonneuse lorsque le choix technologique manque lui aussi
d'un processus de concertation avec des règles et des
outils qui lui sont propres par choix "idéologiques").
Tout cela fait parti d'un tout, et il faut, à mon sens,
réinterroger les formes mêmes de démocratie au sein des
entreprises avant de se poser la question de
l'appropriation par les utilisateurs des fondamentaux du
Libre et de l'outil informatique.
Reconsidérer
l'informatique
On a eut bon temps de confondre l'outil et sa finalité.
Aujourd'hui, l'ordinateur, dans sa globalité, est perçu
comme une fin en soi. L'idée même de passer du temps
devant un écran a totalement dématérialise l'économie. On
construit encore et toujours plus d'intelligence
collective de par cette virtualisation des données.
Pour mieux être perçue, il me semble que l'informatique
libre devrait avant tout se poser la question des réels
besoins de ces utilisateurs, ou en tout cas le présenter
de cette manière:
- "Dis moi quel
utilisateur informatique tu es, je te dirai quel(s)
outil(s) tu as besoin."
L'identification des
besoins
Sans cette étape, nous tomberons encore et toujours dans
les travers de l'autodéclaratif et non du comportemental.
Ce qui pose maintenant la question des formules
d'accompagnement liées:
- A la définition par une association / entreprises
solidaires de ses besoins en informatiques:
- Bureautique simple?
- Collaboratif?
- Communication externe?
- Gestion de projets?
- ...
Mais aussi d'une typologie même du secteur
associatif
- De l'association bénévole...
- ... aux "multinationales" du secteur associatif
Enfin, et dernier point, il me semble important de
souligner l'identification et la reconnaissance des
savoirs liés l'utilisation de l'informatique libre en
entreprise.
L'animation d'échanges et
de transactions socio-économiques
Des bourses d'échanges réciproques existent au sein de
grandes entreprises comme la Poste. Tout comme
l'identification des besoins d'une structure pour mieux
accompagner son évolution matérielle et logicielle est une
étape qui mériterait plus d'analyse (j'ai beaucoup aimé ce
formulaire), l'idée de mieux cerner les compétences
et savoir-faire des utilisateurs permettrait par la suite
qu'une communauté "locale" d'utilisateurs se passent le
mot des derniers trucs et astuces acquis dans le cadre
d'une utilisation des LL.
Pour cela, on aurait besoin d'une grille d'analyse et
d'identification assez basique, sorte d'évaluation de
l'utilisateur, que l'on pourrait travailler par logiciels.
Exemple:
Avec le logiciel ..., l'utilisateur... sait faire ceci,
sait faire cela...
Pourquoi c'est
important?
Prendre conscience de ce que l'on sait émet déjà un signal
sur ses propres limites. Au début, c'est l'angoisse, car
on se dit qu'avec tout ce que je ne sais pas, je ne sais
rien.
Au contraire! Le Libre m'a permis de mettre le doigt sur
mes propres capacités en matière informatique, mais m'a
surtout permis de mettre le doigt précisément là où je ne
savais pas. Et la communauté est là ensuite pour donner
des réponses, à la seule condition que l'utilisateur soit
en mesure de dire: "Je
ne sais pas, je sais ce que je ne sais pas: je me pose
ma question avec clareté".
A partir de là, soit l'utilisateur trouve sa réponse dans
la bourse d'échanges de savoirs interne (RERS), soit
ailleurs sur l'Internet ou via des canaux de diffusion
spécialisés.
Déconstruire /
reconstruire
Tout ce que je raconte là est certainement très loin des
habitudes traditionnels de cerner les problèmes et de
résoudre des enjeux. Ce que je cherche à démontrer c'est
qu'on a sous les yeux un volume incroyable de données à
gérer, et que le défi maintenant est de le mettre à niveau
du simple utilisateur informatique.
Et nous nous en sortirons à la seule condition qu'on
prenne confiance dans ce que l'on fait, mais aussi et
surtout que "les gens" voient leur intérêt là où il est, à
la condition que nous ayons créer les repères qui permette
de trouver des solutions.
Ce processus passe forcément par beaucoup de pédagogie,
d'éducation, d'accompagnement et de formation de
l'utilisateur, pour ainsi faire coïncider "l'offre" en
informatique, mouvante et évolutive, avec les besoins de
la "demande" en l'occurence des utilisateurs informatiques
qui eut n'ont pas toujours fait le choix de cette option
technologique.
Bien cerner que cela se co-construit; ce n'est pas rien ;
)
Vous en pensez quoi
vous?
Sincères salutations,
Baptiste Cambon de Lavalette
38 Avenue de la République
91260 JUVISY SUR ORGE
09 53 90 77 11
06 76 82 75 93
--- En date de : Jeu 17.3.11, François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
a écrit :
De: François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
Objet: [LibreAsso] Relecture du questionnaire April -
CPCA
À: "Libre Association"
<libreassociation AT april.org>
Date: Jeudi 17 mars 2011, 13h21
Salut,
Pour préparer un peu la discussion de ce soir, je me
suis remis
rapidement dans l'analyse du questionnaire April -
CPCA, en cherchant
à cerner un peu mieux la relation à l'informatique des
structures.
http://www.april.org/fr/lapril-et-la-cpca-publient-lanalyse-du-questionnaire-associations-informatique-et-logiciels-libres
J'y relève, en plus de l'analyse faite, les éléments
suivants que je
soumets à votre curiosité, dans l'optique d'une
contribution au
futur guide.
Je rappelle que les réponses à ce questionnaire sont
biaisées par la
disponibilité en ligne du questionnaire et par le taux
élevé
d'associations libristes qui ont pu répondre ; ce qui
laisse à penser
que les résultats y sont certainement très optimistes
au sujet de
l'appropriation de l'informatique par les structures
associatives.
Premièrement, les aspects de communication. Sur la
question 11.1
(utilité du site Web de l'association), on peut
regrouper les résultats
selon 3 catégories : communication (au sens
unidirectionnel), travail
collaboratif (communication bidirectionnelle entre
membres actifs), et
échange (communication bidirectionnelle avec
l'extérieur ; réseautage,
co-working, etc.). On voit assez nettement que l'usage
déclaré est le
suivant :
* Une grande majorité (3/4) des répondants au
questionnaire
déclarent utiliser le site web comme un outil de
communication. On
note que vu les réponses, peu d'association semblent
n'être pas
équipées en la matière (~15%).
* Une relative minorité des répondants (1/3) déclarent
utiliser le
site web comme un outil de travail collaboratif.
* Une minorité des répondants (1/4) déclarent utiliser
le site web
comme un outil pour *échanger* avec l'extérieur.
Ça montre amha la nécessité particulière qu'il y a à
faire de la
pédagogie sur ces deux derniers enjeux --l'aspect «
communication »
étant déjà bien approprié semble t'il-- et ce que peut
apporter le
logiciel libre dans cette perspective.
Ce point est d'ailleurs corroboré par la réponse à la
question suivante
(qui produit le contenu ?), puisque 85% des réponses
sont en faveur
d'une production « centralisée » du contenu sur le
site (personnel ou
bénévole(s) désigné(s)), contre 16% en faveur d'une
production
décentralisée.
Dans la même veine, on peut identifier les éléments
signifiants de la
question 12, et retrouver le même constat qu'avant :
le travail
collaboratif (ML, IM, forums) est assez minoritaire
(1/3 voire moins),
et 12% seulement déclarent utiliser des réseaux
sociaux. La situation
sur ce dernier point a du évoluer depuis 2008, mais
probablement pas en
bien (facebook, toussa).
Un autre aspect concerne l'usage de l'informatique. Un
regroupement
possible des réponses à la question 12 serait le
suivant : assistance
de gestion, communication, outil lié à l'activité. Il
me semble que les
réponses sont biaisées par les suggestions, mais le
constat est
fulgurant : une écrasante majorité de l'utilisation
des logiciels est
tournée vers la gestion (compta, gestion des
adhérents, vie
associative, etc.) et la communication. L'utilisation
de l'informatique
dans le cadre de l'activité de l'association semble
complètement
oublié : tout au plus, 1/4 des répondants annoncent
l'utiliser pour
gérer des projets.
Il convient de mettre ces chiffres en perspective avec
les commentaires
généraux, qui montrent qu'une majorité d'entre elles
ont un rapport «
utilitariste » à l'informatique (informatique outil),
ou constatent un
apport perçu positivement par l'informatique. C'est
curieux parce que
c'est contredit par les chiffres : les associations
n'utilisent en fait
même pas l'« outil informatique » pour
émuler/catalyser leur activité.
Personnellement je rangerais plutôt l'activité de «
gestion » comme un
mal subi mais nécessaire (je le sais pour en faire
régulièrement :-) ),
et c'est pourtant l'usage majoritaire de
l'informatique qui ressort
très largement de la question 12.
Il me semble encore que cet écart entre le ressenti et
la pratique est
une porte entrouverte où nous devons s'engouffrer pour
faire de la
pédagogie, et expliquer en quoi l'informatique doit
être mis au profit
de l'activité de l'association (pas seulement les
tâches de gestion ou
de communication), et en quoi le logiciel libre peut y
aider
efficacement.
Sur le terrain des dépenses, on notera que 1/3 des
répondants
déclarent dépenser de l'argent en licence (merci la
vente liée, pour
ceux qui pensent qu'il ne payent pas) et 40% déclarent
payer pour du
déploiement ; alors que moins d'1/4 des répondants
déclarent dépenser de
l'argent en formation. Je ne sais pas quoi penser de
cet écart, mais je
pense (subjectivement) que trop de gens sous-estiment
généralement
l'intérêt de la formation et de l'accompagnement. En
fait, je ne suis
vraisemblablement pas le seul à le penser. :-) À cet
égard, la réponse à
la question 21 (freins à l'utilisation du libre) est
éloquente :
* Les deux premiers freins déclarés à l'utilisation du
libre relève de
la formation des usagers.
* Vient ensuite tout un ensemble de critères qui
relèvent sans
exception des aspects de verrouillage technique :
coût de sortie de la
solution existante, etc.
* Et de façon extrêmement minoritaire (moins de 5
réponses), les points
suivants :
* Présence d'un système propriétaire à l'achat
* Instabilité de certains logiciels libres
* Logiciels plus compliqués à installer
* Pas de motivation, d'intérêt
=> Intéressant, non ?
Et vous, qu'en pensez vous de tout ça ?
François
--
François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
Les abeilles pillottent deçà delà les fleurs, mais
elles en font après
le miel, qui est tout leur ; ce n'est plus thym ni
marjolaine.
-+- Montaigne, Les Essais -+-
-----La pièce jointe associée suit-----
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Info sur la liste : http://www.april.org/wws/info/libreassociation
Accueil Wiki :
http://wiki.april.org/w/Libre_Association
Catégorie Wiki : http://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:Libre_Association
Site en projet : http://www.libreassociation.info
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