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transcriptions - Re: [Transcriptions] table ronde politique 1ère par tie...

Objet : Transcription de fichiers son ou de videos de conférences (liste à inscription publique)

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Re: [Transcriptions] table ronde politique 1ère par tie...


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  • From: Magali tite <titemagli AT gmail.com>
  • To: Benoit Sibaud <bsibaud AT april.org>
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  • Subject: Re: [Transcriptions] table ronde politique 1ère par tie...
  • Date: Tue, 22 Dec 2009 20:54:14 +0100
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Transcription table ronde politique, 2ème partie


Suite de la vidéo de Martine Billard.


Benjamin Bayart : je propose que ce soit toi qui te charge de nous expliquer tout cela, Alix, vu que tu as beaucoup fréquenté le parlement.


Alix Cazenave : Donc tu veux que j'explique un petit peu comment les débats se sont passés. Quelle était l'ambiance? Comment les députés se sont saisi, ou pas, de la question?


Benjamin Bayart : Je pense que dans la salle, il y a pas mal de gens qui ont eu l'occasion de suivre, soit par irc, soit par les vidéos de l'assemblée nationale. Du coup savoir comment cela se passe de l'autre côté, comment on arrive à les mobiliser, comment on arrive au 9 avril?


Alix Cazenave : C'est vrai que ce n'est pas évident. Comme l'a dit Martine Billard, les sujets du numérique sont des sujets sur lesquels on demande aux députés d'avoir une compétence technique au moins suffisante pour qu'ils comprennent de quoi on parle. Pour beaucoup, c'est souvent : « Oh le numérique, c'est gadget, c'est futile, c'est pas important, c'est les loisirs, c'est pas fondamental » ou alors : « le numérique, c'est une affaire de marché, de société privée, le politique n'a pas à s'en mêler ». Et puis, après il y a la dernière attitude qui consiste à considérer le numérique d'un point de vue politique, et là on a deux positions possibles :

  • soit la position que nous aimerions tous voir à une écrasante majorité représentée sur les bans de l'hémicycle ,qui est de considérer le numérique comme une opportunité et une révolution à embrasser.

  • Soit la position qui consiste à considérer le numérique comme une menace, un danger, donc quelque chose à absolument contrôler, maitriser, surveiller de manière centrale.


A partir de là, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile d'arriver à parler à un député. Un sénateur , c'est encore autre chose, ceux-ci ont très peu d'intérêt pour ces sujets, en dehors de la fracture numérique. Les députés, c'est assez variable. Cela dépend de beaucoup de choses, ça dépend surtout de leur modernité. Est-ce des personnalités tournées vers l'avenir, vers le progrès de la société, ou est-ce des personnes qui sont encore sur des modèles du vingtième siècle, qui pensent monde industriel, qui ne voit pas tellement le progrès et ne comprennent ce qu'est la société d'information.


Il nous faut identifier ceux qui vont pouvoir recevoir le message, et sur lesquels on va pourvoir compter pour défendre un certains nombres d'idées dans les débats. Puis essayer de sensibiliser ceux qui ont un rôle clé, par exemple les rapporteurs ou les porte-parole des groupes. Là, on a un succès mitigé, puisque tout dépend de qui on a en face. Lors les débats sur la loi Hadopi, cela a été clair. On avait une discipline de groupe qui été très forte du côté de l'UMP et beaucoup plus de mélanges du côté des centristes et du PS. On se souvient que la majorité a utilisé la position de Jack Lang, beaucoup, pour dire que le PS était divisé. Le groupe GDR était fièrement représenté par Martine Billard et Jean-Pierre Brard qui étaient les deux fers de lance sur ce débat. Ils avaient une position qui était homogène, c'était le seul groupe au sein duquel il n'y avait pas de dissension. Quelque part un clivage politique et aussi, quand on voit les exceptions comme Lionel Tardy, on se dit que on peut très bien arriver à toucher un député qui a conscience des enjeux qu'il y a derrière une question comme le loi Hadopi. Finalement, si on arrive à lui donner les bonnes clés pour intervenir dans le débat, il pourra faire quelques étincelles et alimenter un peu notre travail.


Les débats se sont déroulés de manière assez houleuse comme vous l'avez vu. Tu parlais tout à l'heure de l'audition de Christine Albanel.


Benjamin Bayart : oui

Alix Cazenave : un florilège...


Benjamin Bayart : un florilège, un grand grand grand moment. Du comique comme on en avait pas vu depuis Coluche.


Alix Cazenave : Ce n'est pas encore là qu'on a eu droit au pare-feu d'OpenOffice.


Benjamin Bayart : Non, c'était dans l'hémicycle.


Alix Cazenave : Voilà.


Benjamin Bayart : C'est important, pensez-y, OpenOffice, très bon pare-feu, recommandé par le ministère de la culture. Fabuleux.


Alix Cazenave : En tout cas, on a eu droit à une démonstration, de la part du ministère de la culture et des principaux représentants de la majorité, sur ce texte, une démonstration de méconnaissance, voir d'ignorance, volontaire ou non, des enjeux réels du numérique. Ils se consacraient uniquement à la poursuite d'un but précis, qui était de défendre le parti des industries culturelles, des industries du divertissement, et non pas de faire une loi dans l'intérêt général, qui aille vraiment vers le bien de la société. On a eu cette démonstration tout au long des débats. Également par l'intermédiaire des conseillers de la ministre, qui nous ont fait, eux aussi, un florilège sur l'internet. On se souvient d'un chat avec Jérémy, qui était particulièrement croustillant.

Ce qui était édifiant au final c'est que les députés, se saisissant vraiment du dossier, ont posé des questions qui étaient quand même sérieuses, qui étaient argumentées, qui ne pouvaient pas rester sans réponses, comme cela. Et pourtant, la ministre et la majorité, leur rapporteur, les rapporteurs...


Benjamin Bayart : la ministre était « anneffet »  défavorable (ndlr : « anneffet », prononciation « personnelle » de Christine Albanel signifiant : en effet)


Alix Cazenave : « anneffet » défavorable et systématiquement des non réponses, « anneffet » rejetées. Et voilà, c'était terminé. Du coup, heureusement que le conseil constitutionnel nous a donné des réponses parce que on aurait jamais pu s'en sortir sinon.


Benjamin Bayart : Il y a deux points qui m'intéressent beaucoup dans ce qu 'évoque Martine Billard. - Le fait que cela fait partie des rares sujets sur lesquels ils ont une quantité de conseillers techniques, qui est grosso modo, supérieure à la quantité de conseillers techniques du ministre. Vu la qualité des arguments défendus par les députés, on ne peut pas se leurrer, c'est nous qui les avons envoyés (nous : les 30 000 qui ont suivis l'affaire), étaient de bien plus haute tenue que les conseillers du ministres. Ce qui n'était pas dur. Ça, ça a l'air d'être quelque chose de très particulier pour les députés. Visiblement, il n'y a pas beaucoup de débats sur lesquels ils ont une foule de citoyens qui s'en mêlent, qui s'impliquent, qui écrivent, racontent... Ça, ça avait l'air d'être un point vraiment important et je pense que pour eux, cela a de la valeur. Moi ce que j'ai retenu de ce que raconte Martine Billard, c'est que le temps que l'on passe à envoyer des mails aux députés, c'est un temps utile. Le temps qu'on vous demande quand on beugle sur les listes april, sur la quadrature, sur tous les sites divers et variés : « téléphonez à vos députés, écrivez-leur, allez les voir en circonscription », ce que dit Martine, c'est que c'est du temps utile. Et moi quand c'est un député comme elle qui le dit, j'ai tendance à le croire.


Alix Cazenave : Oui le volume et la qualité des e-mails que les députés reçoivent, compte énormément pour leur préparation aux débats et pour leur motivation, le fait de se sentir soutenus. Martine a beaucoup dit aussi qu'elle recevait des messages d'encouragement. Patrick Bloche l'a également dit à son tour, en privé et également dans l'hémicycle, ils montrait les mails qu'ils recevait des uns et des autres, et que son assistant lui apportait. Les encouragements qu'on envoie aux députés comptent beaucoup pour eux. Ils savent qu'ils sont regardés mais le fait de sentir que derrière il y a des citoyens qui voient qu'ils ont un rôle important à jouer, et bien ça n'a pas de prix. C'est vraiment essentiel. Donc il ne faut pas croire qu'envoyer un mail, c'est inutile parce que c'est redirigé vers /dev /null. Pour tous ceux qui ne sont pas impliqués dans les débats, c'est important qu'ils voient qu'il y a une mobilisation. Et pour les députés qui interviennent dans l'hémicycle, c'est un support extrêmement important.


Tanguy Morlier : L'exemple de Jérôme Bourreau-Guggenheim, l'employé de TF1, qui a envoyé un mail Françoise de Panafieu, en ai particulièrement éclairant, puisque c'est un citoyen qui envoie un mail à sa député, celle-ci manque d'argumentaire et l'envoie au ministère qui ne sait pas quoi répondre et tape sur TF1 en disant : « gardez vos troupes ! Et faites en sorte que vos cadres n'envoient pas de mails à leur députés ». Il s'est fait virer mais cela démontre la force des citoyens et la pertinence qu'ils ont lorsqu'ils envoient des e-mails argumentés qui déconcertent totalement l'exécutif.


Alix Cazenave : Oui. Ça montre à quel point, ça dérange l'exécutif que les citoyens se saisissent d'une telle question.


Benjamin Bayart : Que les citoyens se permettent d'avoir une opinion, ça a l'air d'embêter.


Alix Cazenave : Une opinion argumentée et solide


Tanguy Morlier : Experte.


Alix Cazenave : Étayée.


Benjamin Bayart : Y a un point qui est intéressant là dedans, c'est que le mail a été envoyé à Françoise de Panafieu. C'est une députée qui a voté tout ce qu'on lui a demandé de voter. Sans soucis, sans sourciller. A chaque fois qu'elle était dans l'hémicycle. Elle était cependant embêtée par cet argumentaire auquel elle ne savait pas répondre. Donc ce mail, même s'il n'a pas permis de changer le vote de Françoise de Panafieu, il a quand même eu un intérêt. Il a mis de la pression, il a forcé, il n'a pas suffi, mais il a forcé à se poser des questions. Et ça a de la valeur, autant sur les députés qui nous soutiennent assez spontanément, que sur ceux qui voteront comme on leur a dit de voter. S'ils peuvent voter comme on leur a dit de voter mais avec mauvaise conscience, on aura fait un petit progrès.


Alix Cazenave : c'est comme ça qu'on arrive à faire voter les députés UMP avec leur pied.


Benjamin Bayart : Le deuxième gros bout qui a joué sur les débats, c'est la vidéo de Martine qui arrive et c'est ce qui a mené à députés godillots : le fait qu'il y ait du public dans l'hémicycle. Je vais laisser Martine en parler un peu car c'était une caractéristique du débat et qu'elle était plus intéressante qu'elle n'en a l'air.


Faut que je pense à rebrancher le son sinon vous n'entendrez rien.


Martine Billard : C'est vrai que quand il y a du public, c'est quand même plus agréable. Car on est souvent dans des hémicycles vides, où on mène des batailles qui nous semblent fondamentales dans un certains nombres de cas. Et on a l'impression que finalement, ça mobilise que peu de citoyens, même si ça n'est pas forcément vrai, mais on a cette impression. Donc, c'est vrai qu'en plus, ce type de textes sur lequel on travaille une semaine entière, avec des journées très lourdes et des nocturnes, il y a des moments où on a des baisses de régime. Il y a des moment où en plus,quand on se heurte à un mur, on pourrait avoir tendance à baisser les bras, et notamment sur l'argumentation, sur le fait de continuer à défendre ou pas nos amendement. Le fait qu'il y ait des personnes dans les tribunes, on se dit « Ben non, on est là, on a brigué un mandat, on a été élu, on doit un certain nombre de choses à nos électeurs et en plus il y a des citoyens qui se déplacent, qui restent y compris une fois que le métro est fermé. Moi ça m'a beaucoup frappé, qu'ils restent pour écouter, pour voir ceux que font leur élus.

Nous, élus, nous leur devons quand même, le respect. Nous leur devons une explication. Nous leur devons notre travail. C'est vrai que cela nous porte, moi je me sens, quand il y a des gens en tribune qui sont là parce qu'ils veulent comprendre,, parce qu'ils suivent avec beaucoup d'intérêts, je me sens beaucoup mieux portée dans les batailles que l'on peut mener. C'est peu le cas, c'est assez exceptionnel sur ce type de textes.

Alors ce qui fait peur c'est pas tellement que les gens soient là, c'est qu'ils rendent compte de ce qu'ils voient. Aujourd'hui on peut suivre les débats de l'assemblée assez facilement entre la chaine parlementaire et la retransmission sur internet. Ce n'est pas tout à fait la même chose de suivre en rediffusion, en diffusion directe mais à distance que d'être dans l'hémicycle. J'ai l'impression que les personnes dans l'hémicycle sentent mieux l'atmosphère, et voient les attitudes de ceux qui sont présents.


Benjamin Bayart : Vous n'avez jamais eu l'occasion de suivre une retransmission des débats de l'hémicycle, que ce soit sur la chaine parlementaire ou sur internet, c'est le même flux vidéo, on entend QUE l'orateur. Typiquement, quelqu'un qui suit par internet, sur certaines des réponses de la ministre, on n'aura entendu que le « ahaha » défavorable. Parce qu'elle ne parle pas dans le micro. Par exemple : le brouhaha dans l'hémicycle autour de Patrick Roy, qui était à deux doigts du scandaleux, ne peut pas s'entendre sur internet. On n'entend que l'orateur et on se demande pourquoi il se tait. Il y a énormément de brouhaha dans l'hémicycle, comme ici, et on se demande pourquoi il se tait parce que l'on n'entend que ce qui se dit dans l'hémicycle. Et donc le fait d'être en séance donne un point de vue très différent sur la séance. Ça permet déjà de repérer ce qu'explique deputesgodillots.info, le député godillot, qui par définition ne dira rien et ne prendra pas le micro, on ne le voit pas sur le net. On ne voit pas qu'il est en train de lire le journal ou en train de faire sa sieste.


Martine Billard : Oui, moi je trouve que c'est un exercice citoyen fantastique. Quand des gens me demandent des billets de séance, je leur dit : « Venez plutôt suivre une loi, c'est plus intéressant que les questions de gouvernement ». D'abord parce qu'il y a des moments de débats qui sont passionnants, et puis effectivement on voit l'ensemble. Donc ce n'est pas la caméra qui sélectionne les moments qu'elle transmet et les mimiques. Sinon vous ne voyez pas les même réactions que lorsque vous êtes dans l'hémicycle. Moi je trouve que c'est très bien pour les citoyens de venir suivre des lois quand ils le peuvent.

Je voudrais quand même amoindrir un peu les critiques sur les députés godillots. Cela peut paraître bizarre mais c'est vrai que c'est compliqué. Quand on est dans une majorité, moi je suis à mon deuxième mandat, mais mandat d'opposition donc c'est plus facile, le gouvernement doit constamment assuré la majorité. Il doit faire en sorte que les amendements de l'opposition soient rejetés. Donc il doit toujours prévoir le nombre de députés nécessaire au rejet. Quand ça dure sur une semaine, il prévoit des tours de présence. Donc se retrouvent en séance des députés qui ne s'intéressent pas au sujet. On pourrait dire : « Ils pourraient s'y intéresser », d'autant que ce n'est pas n'importe quel sujet, c'est un sujet très pointu en ce sens qu'il concerne l'ensemble des citoyens. Ce n'est pas seulement sur une catégorie. Ce qui ne veut pas dire que ce serait moins important de le suivre. Ce que je veux dire c'est que du coup, toute personne peut suivre puisque cela va la concerner de toute façon. Donc, voilà, c'est vrai que ce n'est pas toujours évident de passer deux heures dans l'hémicycle, uniquement là pour lever la main.

Ce que je supporte moins, ce sont les gens qui viennent pour ça, ils n'ont pas le choix, et qui se permettent de faire des réflexions tout haut et des interpellations de l'opposition totalement caricaturales alors qu'ils ne connaissent pas le sujet, le texte, le débat.



Le 6 décembre 2009 23:53, Benoit Sibaud <bsibaud AT april.org> a écrit :
Bonjour,

On Sat, Oct 10, 2009 at 01:01:02AM +0200, Magali tite wrote:
> la vidéo se trouve à l'adresse suivante :
> http://www.april.org/fr/conferences-et-interviews-lors-des-rencontres-mondiales-du-logiciel-libre-2009
>
>
> Transcription des 35 premières minutes... (qui demande peut-être une
> relecture, les parties en gris ne sont pas indispensables à mon avis)

merci Magali. Version relue en pièce jointe.

Librement,

--
Benoît Sibaud



--
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