Re: [Logiciel-libre-cndp] "le" logiciel libre, "les" logiciels libres.

[cnestel AT free.fr]

Bonjour Georges

> Selon Georges Khaznadar <georges.khaznadar AT free.fr>:

> Bonjour Jean-Pierre,

> jean-pierre.archambault AT ac-paris.fr a écrit :

>> Plusieurs messages suggèrent que l'Education nationale soutienne
>> financièrement le développement des logiciels libres."


> Cette "formulation" est à  peu près utilisable. Je constate des
> contre-attaques d'entreprises craignant qu'on puisse se passer de leurs
> systèmes d'enfermement, qui passent subtilement par des "formulations"
> suggérant l'existence d'une entité (entreprise ? autre ?) nommée
> "logiciel libre", à  laquelle l'éducation Nationale ne devrait pas faire
> de faveur, au nom de la libre concurrence.

Excellente remarque.

> Comment envisager concrètement un "soutien financier du développement
> des logiciels libres" ? Présenté ainsi, "soutien financier" à sent pas
> très bon, d'aucuns prétendront qu'il y a de l'interventionnisme.

Je poserais le problème de manière quelque peu différente. Quels modèles
économiques envisager pour favoriser l'émergence d'une offre en
logiciels libres dédiés à l'enseignement des disciplines ?

Je prends un exemple. Dans ma région, j'ai dénombré au moins 5 projets 
d'outils
que de partage de ressources...
:

Projets développés au sein d'institutions :
------------------------------------------

- Espar, une plateforme de travail collaboratif, sous licence CeCILL, 
développé
par Michel Delord de l'IUFM d'Aix-en-Provence. Il permet l'échange de fichiers
avec une gestion des droits via le protocole http. Il est développé en
PHP/MySQL. Est et a été utilisé par des milliers d'étudiants et stagiaires
d'Aix.
Ce produit n'est pas officiellement supporté par le Rectorat. Les collègues 
des
point ACAR ayant préféré se concentrer sur deux autres produits à partir
desquels ils peuvent apporter assistance technique aux différents collèges
qui désirent implanter des intra et extranets.

https://espar.aix-mrs.iufm.fr/
https://espar.aix-mrs.iufm.fr/?id=libre


- ZwookEdu, sous licence GNU GPL, développé par Claude Clerc du point Acar
d'Avignon est sous licence GNU/GPL, Il s'appuie sur une technologie des plus
sophistiquées principalement utilisée dans les grands comptes et ministères
(Plone, Zope, etc... ). Pour créer un site web rapidement il est bien moins
facile à utiliser que SPIP, également soutenu par le Rectorat d'Aix-Marseille.

http://www.zwookedu.net/fr


- Prométhée, sous licence GNU GPL, développé au sein des lycées agricoles de 
Gap
et de Digne, par Dominique Laporte et  & Cédric Ghirard est de qui pourrait
s'apparenter le plus à un ENT. Les lycées agricoles dépendent du ministère de
l'agriculture. Les auteurs de Prométhée ont principalement communiqué, dans la
phase  d'élaboration de Prométhée au sein des lycées agricoles. De ce fait,
Prométhée est un produit
reconnu nationalement mais méconnu par les acteurs locaux de l'éducation... 
:-)

http://promethee.eu.org/index.php


- Correlyce

Editeur de métadonnées de ressources éducatives, sous licence GNU GPL, basé 
sur
une personnalisation du projet libre LomPAD d'édition de fichier xml conforme 
à
la spécification LOM (IEEE 1484.12.1) - Learning Object Metadata. Correlyce a
été développé par les CRDP de Nice et de Marseille en partenariat avec la 
Région
PACA pour l'ensemble des Lycées de la région.

http://correlyce.tech.fr/lomfrpad/


Projet développé en entreprise :
--------------------------------

- PuCe développé par Thierry Benita de l'entreprise atreal de Marseille. Il
s'appuie également sur la technologie Zope et tourne dans quelques lycées.

http://www.atreal.net/ingenierie/puce-solution-pour-les-etablissements-scolaires


Mes commentaires :
-----------------

a) Hormis PuCe, ces différents projets sont développés en interne et soutenus
par leur institution respectives de tutelle. Il est presqu'impossible pour une
entreprise du Libre de pénétrer ce marché qui apparaît comme très morcellé.

A l'inverse, AtReal, par exemple, peut facilement travailler avec des
collectivités territoriales (Openelec, OpenMairie, etc. ) créant ainsi un
nouveau modèle économique de collaboration entre des services informatiques de
collectivités territoriales et des sociétés de services en logiciels libres
(aujourd'hui 600 mairies utilisent OpenElec développé conjointement par la
mairie d'Arles et l'entreprise AtReal de Marseille, ce qui a permis à d'autres
entreprises de récupérer le source pour proposer leurs services à d'autres
collectivités, pérennisant le marché par l'accroissement du nombre
d'utilisateurs et les améliorations apportées aux produits au bénéfice de 
tous).

Sans connaître ce qui se passe hors de ma région, j'en conclus provisoirement
que les modèles économiques de partenariat public/privé en matière d'éducation
restent encore à explorer.


b) Mais je constate également qu'aucun des produits que j'ai cités plus haut
n'est dédié à l'enseignement des disciplines. Lors d'une réunion du point ACAR
du bassin d'Aix-en-Provence, il nous fut présenté un petit logiciel admirable
sur le plan pédagogique qui pourrait totalement convenir, par exemple, à
l'enseignement primaire et/ou à l'UPI de mon collège. Les éditeurs de ce 
projet,
l'association fruits du savoir, diffuse pour le moment une version en freeware
qui n'est pas libre et ne peut bénéficier, en retour, d'un soutien et
développement communautaire.
Voir par exemple la vidéo de Didapages1 et 2 ici :
http://www.fruitsdusavoir.org/

De plus ce type de produit utilise la technologie flash qui est propriétaire.

Et là, pour le moment, sans financements, sans soutiens, je ne vois pas 
comment
ce type d'associations ou d'entreprises pourrait produire les logiciels libres
dont nous avons besoin. S'il existe une multitude de modèles économiques du
logiciel libre pour les services, un modèle économique pour l'édition reste 
-me
semble-t-il-, totalement à inventer.

De plus, se pose la problématique des gros investissements qui seraient
nécessaires, qu'on songe à la pauvreté de l'offre - y compris en propriétaire 
-
pour l'enseignement des langues et/ou encore, pour ce qui concerne ma
discipline, au manque total d'interopérabilité de logiciels comme Solidworks
ultra-propriétaires (les fichiers e-drawing ne tournent par exemple que sur
Internet Explorer).


> Suffirait-il de faire des appels d'offres contenant des mentions telles
> que "le produit doit être compatible avec [telle liste de standards],
> les sources du produit seront fournies et doivent être compilables en
> utilisant [telle liste de composants standards]" ?

Tous les produits logiciels proposés par les éditeurs de logiciels 
propriétaires
ne passent pas forcément par des appels d'offres.

Que faire ?


> Personnellement, je serais plutôt contre des "soutiens financiers", et
> plutôt pour des contrats en bonne et dûe forme, stipulant des cahiers de
> charges clairs, qui ne confondent pas standard et monopole de fait.

Certes, mais il existe aussi des subventions pour la recherche et le
développement accordés par l'Europe par exemple.
Ce n'est donc pas aussi simple.

La problématique reste ouverte. En espérant que d'aucuns pourront trouver des
pistes de solution.

> Amitiés, Georges

Amicalement, Charlie