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educ - Re: [EDUC] Re: [EDUC] Re: [April] Sarkozy retarde l'annonce du plan numérique 2012

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Re: [EDUC] Re: [April] Sarkozy retarde l'annonce du plan numérique 2012


Chronologique Discussions 
  • From: "Vincent-Xavier JUMEL" <vxjumel AT april.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Re: [EDUC] Re: [April] Sarkozy retarde l'annonce du plan numérique 2012
  • Date: Tue, 14 Oct 2008 01:18:23 +0200
  • Organization: APRIL

Le mardi 14 octobre 2008 00:32:41, "Philippe-Charles Nestel (Charlie)"
<cnestel AT free.fr> a écrit :
> En ce sens, je ne partage pas le point de vue selon lequel le simple
> fait d'utiliser le mot "technologie" fait immédiatement basculer dans le
> domaine de l'outil. Ce point de vue, c'est celui des auteurs des
> nouveaux programmes de Technologie qui interdisent d'apprendre aux
> enfants à distinguer le hardware du software, les biens matériels des
> oeuvres de l'esprit, puisque tout est "outil".
>
En fait, on est d'accord, mais on ne le savait pas encore. Je refuse
l'utilisation du terme de TIE que je juge trop réducteur. En particulier
réducteur à cause de cette confusion qui est entretenue sur
la «technologie». Mon raisonnement est le suivant : puisque c'est une
technologie, cela implique que «tout est outil», ce que je me refuse à
penser. C'est pourquoi j'ai de fortes réticences à utiliser le mot
technologie, du moins dans l'expression TIC(E) appliquée à l'informatique
en générale.
> > Mais il me parait encore plus important de dénoncer ce qu'on fait
> > passer sous cette appellation. L'informatique ne se réduit ni à
> > l'information, ni à la communication. Pour preuve, il suffit de
> > constater que les premiers champs d'applications de l'informatique ont
> > été le calcul scientifique.
>
> Si l'idéologie sous-jacente des TICE est une réduction de l'informatique
> à l'information et à la communication, elle véhicule également un
> certain nombre de représentations sur les usages et les modes de
> communication qui peuvent occasionnellement prendre la forme d'un
> contrôle social.
> Pour autant, si les premières applications de l'informatique ont été le
> calcul scientifique et si tout programme est une écriture d'algorithmes,
> ce qui fait considérer à l'Académie des sciences, dans un récent
> rapport, que l'informatique est la fille des mathématiques, ne peut-on
> pas également considérer que l'informatique est aussi l'héritière de
> nombreuses autres disciplines ?
L'informatique, et j'avais trouvé un ouvrage qui explorait cette voie, est
effectivement fille de nombreux domaines, et en particulier fille de
mathématiques. Mais c'est là aussi trop réducteur de limiter l'informatique
à ces seules applications scientifiques. J'aimerais aussi bien éviter de
rentrer dans ce débat qui me semble tout à fait annexe.

Par ailleurs, les Technologies de l'Information et de la Communication
devraient tout aussi bien intégrer d'autres outils, tels que la
manipulation des langues, la collecte d'information, la calligraphie, la
gestuelle, les arts graphiques, le son, autant de technologies* qui nous
servent aussi bien à nous informer et à communiquer !

>
> > L'informatique présente une dualité : c'est à la fois une technologie
> > et une science. Technologie lorsqu'on s'en sert pour atteindre un but
> > classique, science lorsqu'on étudie l'informatique pour elle-même.
> >  
>
> En ce qui me concerne, pusique je suis censé enseigner la technologie en
> collège, je ne conçois pas la technologie sans interactions permanentes
> avec toutes les sciences et les industries. Et c'est ce que j'essaye, en
> étant hors programmes, d'apprendre à mes élèves, ne serait-ce qu'à
> l'occasion du simple codage de la couleur d'une page web.
Au contraire de la science qui existe de façon indépendante, et à l'instar
des applications industrielles, la technologie n'est pour moi que
l'application de découvertes scientifiques au monde technique. Mais
peut-être qu'un éclaircissement sur ce qu'est la technologie pourrait
m'aider à mieux comprendre ton propos.
>
> La synthèse additive vient de la Physique, même si Thomas Young
> (1773-1829) qui en décrivit les principes était médecin. Les trois
> segments RVB qui composent les pixels de nos écrans couleurs sont
> l'application, sur le plan hardware, de cette loi Physique.
> Pour autant, pour coder cette couleur, il faut passer par Boole ; puis
> par un linguiste, Charles S. Pierce//, le père fondateur de la
> sémiologie, qui eut l'idée d'appliquer aux etats d'entrée/sortie des
> circuits électriques l'algèbre de Boole ; puis à Claude Shannon qui
> reprit l'idée de Pierce lors de la construction de machines à relais et
> créa le concept de BIT ; puis à la société IBM qui, en 1960 imposa
> l'octet, pour créer des machines compatibles, ouvrant la voie aux
> produits logiciels.
> C'est ce qui permet aux auteurs du livre blanc sur les modèles
> économiques de logiciels libres d'écrire  : " On peut même dire que le
> Logiciel Libre est né dès que la notion de « produit logiciel »
> indépendante du matériel".
>
> L'Académie des sciences a raison de dire que l'informatique en tant que
> science des algorithmes est la fille des mathématiques. Pour autant,
> l'informatique, en tant que produit logiciel, est aussi un objet
> technologique qui peut également, par son code source, être étudié,
> modifié, redistribué. Mais cela ne signifie nullement qu'un logiciel est
> un objet technique, c'est une oeuvre de l'esprit ; une oeuvre - pourrait
> dire Richard Stallman -  fonctionnelle.
>
> Alors oui, l'informatique relève à la fois de la science, lorsqu'on
> étudie l'informatique pour elle-même, mais elle est également en tant
> que produit : une technologie.  Il n'y a pas de contradiction, mais
> interaction, entre les deux aspects. En revanche cela n'a rien à voir
> avec les TICE qui amalgament matériels et logiciels.
Je n'ai pas eu le temps de creuser cette dualité autant que tu l'as fait, et
mon raisonnement était plus intuitif que le tien. Plus simplement, ce qui
me fait penser à cette dualité est le fait que j'utilise principalement
l'informatique (aussi bien le matériel et le logiciel) comme un outil pour
communiquer, compter, … Cependant, je reste conscient si le matériel que
j'utilise est un objet technique, le logiciel ne l'est pas. Le logiciel
n'est qu'une suite d'instructions réalisées en fonctions des conditions
environnantes (comme presser une touche). L'accès libre à cette suite me
semble être un droit fondamental et cet accès se fait à travers le code
source du logiciel.

Par ailleurs, les interactions qui existent entre l'informatique et les
mathématiques me semblent tout aussi complexes que celles qui existent
entre la physique et les mathématiques. Je n'ai là non plus pas le temps
d'approfondir ce sujet qui me semble aussi annexe.

Pour conclure, il me semble nécessaire de rejeter en bloc l'appellation TIC.
Cette appellation, comme tu le notes amalgame des choses incompatibles
entre elles, et ne prends pas en compte de nombreux aspects de
l'information et de la communication. Elle présente le seule avantage pour
les politicens et lobbyistes adeptes de Novlangue de pouvoir parler de
l'informatique présentée par le petit bout de la lorgnette, et faire un
amalgame dangeureux qui ne prends en compte qu'un aspect mineur de
l'informatique. Il suffit, pour se rendre compte du retard que nous avons e
France sur ce sujet, de lâcher le mot "informatique" dans une conversation
mondaine et de voir les réactions sur le sujet. Celle-ci est fréquement vu
comme un outil, et que comme un outil, en mélangeant allègrement les
problèmes de logiciel et de matériel … L'anglais a eu le mérite de faire de
l'informatique une science à part entière : /Computer science/ lui donnant
ainsi des lettres de noblesse.


*sous réserve que ce soient des technologies
--
Vincent-Xavier JUMEL
... vous connaissez la mouche qui pète ? Elisa : le dégazage de l'asile. --
Schmitter, Frédéric




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