Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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- From: "ROYER Jean-Yves" <royerjy AT wanadoo.fr>
- To: <educ AT april.org>
- Subject: J'ai le coeur fendu de voir les enfants se torturer avec un ordinateur
- Date: Wed, 14 Oct 2009 17:30:23 +0200
- Importance: Normal
Bonjour,
Venant de faire le tour de médiathèques pour distribuer des affiches
pour les JDLL (Journées du Logiciel Libre de Lyon), je me sens révolté
et impuissant de voir qu'aucun des enfants observés utilise l'ordinateur
sans se faire mal, de manière à s'exprimer bien, confortablement, et,
accessoirement, à bonne vitesse.
Si j'étais encore recruteur, dans le contexte technologique actuel, je
refuserais de les embaucher parce qu'ils sont incapables de travailler
avec des standards professionnels, ce qui les conduirait à se faire mal
et, pour certains, à craquer. Je n'ai jamais exigé que l'école et la
formation professionnelle me prépare personnellement, ainsi que mes
collaborateurs, pour exercer le métier de l'entreprise. Chaque personne,
chaque entreprise doit enrichir les connaissances et le savoir-faire
reçus pour se distinguer et apporter à la communauté un service
original. En revanche, il y a des apprentissages de base, voire des
connaissances de base, qui ne peuvent plus s'acquérir passé un certain
âge, surtout quand de mauvaises habitudes ont été prises. L'entrepreneur
ne peut faire que de sélectionner parmi les candidats, voire bloquer son
développement d'activité ou le déplacer dans un milieu plus favorable,
pour éviter des responsabilités qu'il est incapable d'assumer. J'ai
échappé au suicide de collaborateurs mais j'ai vécu quelques expériences
de dépressions qui m'ont incité à être prudent dans beaucoup de
domaines, dont celui des compétences et aptitudes de base des personnes
recrutées.
Quand je vois des retraités agir de la même manière, je ne me fais aucun
souci, car il n'y a plus d'enjeu pour la plupart d'entre eux. En
revanche, quel gâchis de condamner des jeunes à l'incompétence et aux
maladies professionnelles. Les connaissances ne suffisent pas : il faut
un apprentissage, un bon apprentissage pour acquérir des réflexes, avec
les méthodes éprouvées depuis un siècle, adaptées à l'évolution de
l'écriture mécanique.
Comment peut-on imaginer préparer notre jeunesse à travailler et à être
citoyen dans le monde actuel, sans lui apprendre, au sens de
l'apprentissage et non de l'enseignement, à se servir d'un ordinateur
pour s'exprimer.
Peut-on supporter que les enfants aient l'attitude de celui qui
introduit le site de la mission Fourgous :
<http://www.missionfourgous-tice.fr/> ? Consommateur avide !
J'ai réagi par la quatrième contribution du thème 4 :
<http://www.missionfourgous-tice.fr/theme-4>.
Il faut absorber de l'information, assimiler des connaissances, mais
cela n'apporte rien au reste de la société. Notre seule valeur pour les
autres est ce que nous pouvons leur apporter. Les connaissances sont
nécessaires, mais il n'y a que ce que nous en faisons qui compte pour
notre entourage.
Concernant l'ordinateur, mais pas seulement, la connaissance sans
capacité à faire, à faire vite et bien sans se fatiguer inutilement, est
totalement stérile. Pour faire vite et bien, l'apprentissage de l'usage
de l'interface homme-machine est absolument nécessaire. Il est
prioritaire dans le cursus. Ce n'est qu'une question d'heures : trois
heures pour ma fille à 7 ans, un peu plus pour mes garçons plus âgés et
quelques stagiaires totalement novices en prison, environ une centaine
d'heures pour moi à quarante ans (sans atteindre, et de loin, les
performances de mes enfants mais je suis capable d'écrire de nombreuses
lignes et corriger mes fautes sans regarder mes doigts). En revanche, je
n'ai jamais vu une personne ayant pris de mauvaises habitudes faire
l'effort suffisant pour prendre une bonne méthode. Les mauvaises
habitudes sont des drogues dures !
Des connaissances théoriques des systèmes technologiques et de leurs
usages sont indispensables. Un apprentissage de la pratique de
l'interface actuel entre nous et la machine est nécessaire. C'est
(encore) par les doigts que l'on valorise ce qui est dans notre cerveau.
Une bonne vitesse d'expression sans fatigue permet de libérer du temps,
le temps pour rendre le reste possible.
Cordialement.
Jean-Yves ROYER
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15, 16, 17 octobre Lyon vibre libre
http://jdll.org
11ème édition des journées du logiciel libre
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- J'ai le coeur fendu de voir les enfants se torturer avec un ordinateur, ROYER Jean-Yves, 14/10/2009
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