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educ - RE: [EDUC] [presse] Elargir l'enseignement de l'informatique : un enjeu national, par Pierre Corvol et Michel Cosnard

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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RE: [EDUC] [presse] Elargir l'enseignement de l'informatique : un enjeu national, par Pierre Corvol et Michel Cosnard


Chronologique Discussions 
  • From: Francois Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
  • To: <educ AT april.org>
  • Subject: RE: [EDUC] [presse] Elargir l'enseignement de l'informatique : un enjeu national, par Pierre Corvol et Michel Cosnard
  • Date: Wed, 18 Nov 2009 14:49:45 +0100

Bonjour,

Le mer 18/11/09 11:09, "ROYER Jean-Yves" royerjy AT wanadoo.fr a écrit:
> Voir par exemple
>
> <http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/clavier%20d%27ordinateur/11012781>
> dont je tire la conclusion :
> "Tout cela pour arriver au paradoxe extraordinaire que l’écriture
> est, de toutes les opérations produites grâce aux micro-ordinateurs,
> celle dont la vitesse a globalement diminué de moitié depuis 30 ans
> : on est passé d’une vitesse de frappe moyenne des anciennes
> secrétaires d’environ 50 mots par minute à moins de 20 mots par
> minute, alors qu’il suffirait de pas grand-chose pour améliorer le
> confort de cette activité tout en améliorant la performance
> moyenne."

Ces chiffres sont insensés : ils comparent des populations radicalement
différentes.
Si les anciennes secrétaires tapaient rapidement, c'est avant tout parce
qu'elles étaient
dressées à ça. Elles avaient un usage très différent des machines par rapport
au quidam
d'aujourd'hui, notamment le fait qu'elles tapaient sans se préoccuper de la
construction
du discourt. Enfin, la dernière partie du texte se verrait décoré d'un
{{référence nécessaire}}
s'il était publié sur Wikipédia.

Quoi qu'il en soit, les «jeunes» n'ont plus à taper de longs mots, ils les
ont remplacé
par le langage SMS, lorsqu'ils sont contraints d'écrire. ;-)

Quant aux aspects de savoir si l'informatique doit être enseignée comme un
outil ou
en tant que science algorithmique, que pense que les deux enseignements sont
toxiques,
où au mieux inutiles.

Le premier pour toutes les raisons invoquées (notamment par Charlie), le
deuxième parce
seul, il ne fera que creuser la fracture numérique qui donne le pouvoir aux
spécialistes
en plongeant les autres dans une ignorance qui pousse à la soumission. Si on
peut proposer
aux élèves qui le souhaitent d'étudier très vite et très tôt l'algorithmique,
pourquoi pas, mais
je ne crois pas que ce soit ni motivant ni utile de généraliser à tous les
élèves.

On vit dans un société où (même si on peut longtemps tergiverser autour de
ça) beaucoup
de liberté de choix sont offertes aux citoyens. Au travers de la démocratie à
laquelle ils
peuvent prendre part, au travers des marchés sur lesquels ils influent, les
individus et leur
comportement compte beaucoup sur la société (peut être trop, peut être pas
assez, je ne
sais pas et m'en moque). Si on souhaite que cette influence soit productive
et positive pour
tous, il est nécessaire que dans tous les domaines les citoyens reçoivent les
clés pour
comprendre et ainsi décider ce qu'il y a de mieux pour eux. Moi je considère
que l'informatique
est un des enjeux les plus important de notre époque, et comme vous je ne
peux que constater
que l'éducation des gens à l'informatique est un désastre (en dehors des
spécialistes).

C'est dans ce contexte que Microsoft s'impose. Curieusement, si on avait
proposé jadis à mes
parents une voiture avec un capot soudé, et un volant qui a une tendance
«naturelle» à se
bloquer à gauche sans prévenir, ils auraient doucement rigolé avant de
rejoindre et/ou
constituer un concurrent. Mais voilà, face à la boite noire que représente
pour eux un
ordinateur, la donne est changée et celui qui rigole n'est plus le même.
Heureusement
pour eux, mes parents (ainsi que *tous* les gens qui prennent les décisions
qui nous
préoccupent) n'ont jamais eux à faire face à cette boite noire, avouant leur
méconnaissance
à cause de laquelle ils n'ont jamais été blâmé.

La situation est assez différente pour ma petite sœur. Comme pour mes
parents, elle n'y
comprends rien ou pas grand chose. Mais en plus, à l'issue du dressage
scolaire elle
possède des automatismes qui ne sont ni plus ni moins que fausses certitudes,
et en ce
qui la concerne elle, sa vie citoyenne sera fondée sur le postula qu'elle
doit connaitre
ces machines, ou au moins en connaitre les principes de base.

En quoi avoir une approche procédurale sur ces machines vues comme des outils
opaque l'aidera à se déterminer ? C'est comme si, pour expliquer le
fonctionnement
d'une voiture, on se bornais à apprendre par cœur la séquence de passage d'une
vitesse. Mais alors, devrons nous réapprendre tout le jour où sortira la boite
automatique ? Et à l'inverse, aborder la question du stricte point de vue de
l'algorithmique à des débutants est aussi inutile que d'enseigner la chimie
de la
combustion de l'octane à des élèves qui ne connaissent pas les bases de la
mécanique newtonienne.

L'informatique, ça ne se réduit pas à ça !!! Une informatique constructive
pour des
débutants, ça devrait essentiellement constituer à démystifier le rôle des
machines.
Pour cela, il y a des thématiques qui me semblent essentielles à aborder avec
un
point de vue ludique, en restant centré sur une approche fonctionnelle. Que
demande
t'on à un ordinateur ? De manipuler et traiter de l'information. Qu'est-ce
que de
l'information ? Quels sont ces traitements ? C'est en dépliant ce genre de
structure
qu'on abordera les notions qui sont utiles et qui devraient préoccuper les
gens tous
les jours. La première question amène la notion de numérique, et de toutes
les notions
importantes qui lui sont attachées. Je pense par exemple à la représentation
des images,
du son, des mouvements, qu'il s'agissent de la coder, ou de la reconstituer,
etc. La
seconde question introduit le but, l'objectif du traitement réalisé. En
somme, à qui
profite le crime ?

Il n'y a que lorsque ma petite sœur aura comprit qu'une image (bitmap)
fonctionne sur
le même principe qu'un canevas à broder, qu'elle saura alors assurément que
lorsqu'un
vendeur essaiera de la fournir en aiguilles tordues, ce ne sera pas
souhaitable pour elle
de l'accepter. Et ce n'est pas l'apprentissage par cœur de la séquence du
point de croix,
ou encore l'étude de la chimie des pigments du fil qui va l'aider dans ce
contexte.

Mes 2€.
François

--
François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>

La faculté de citer est un substitut commode à l'intelligence.
-+- Sommerset Maugham -+-




  • RE: [EDUC] [presse] Elargir l'enseignement de l'informatique : un enjeu national, par Pierre Corvol et Michel Cosnard, Francois Poulain, 18/11/2009

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