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educ - Re: [EDUC] logiciel libre et réussite des élèves "des banlieues"

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] logiciel libre et réussite des élèves "des banlieues"


Chronologique Discussions 
  • From: Csgd94120 <csgd94120 AT gmail.com>
  • To: educ AT april.org
  • Cc: "2010.rmll dom.info" <dom AT listes2010.rmll.info>, Libre Association April <libreassociation AT april.org>, education Rmll 2010 <education AT listes2010.rmll.info>
  • Subject: Re: [EDUC] logiciel libre et réussite des élèves "des banlieues"
  • Date: Mon, 24 May 2010 16:49:02 +0200
  • Domainkey-signature: a=rsa-sha1; c=nofws; d=gmail.com; s=gamma; h=mime-version:in-reply-to:references:from:date:message-id:subject:to :cc:content-type; b=MjRQ6XJMh+jxJmneWbUllpA7fam8LbPBuCTTJbEas8bCfsvdvwF+GOuOaqSaGBee0I f6OITOJbj5YZmLZyioa9trmmLBMzccEkB4Fx6zvITp1NZJRjxToHmOiFWBmg5GvgrSee mWF4oQ0kwRF7oFMGxGID5NADh7BRU7oB4BPl4=

Alexis Marise dit :

Bonjour Charlie,
Bonjour à tous,

Charlie, je positionne ma réponse avant ton texte, en dépit des consignes Rmll. Je crois nécessaire de conserver tout ton texte dans la réponse. Vu son importance tant du point de vue de la pédagogie, de la sociologie que de l'histoire. En plus, tu réponds parfaitement à mes préocupations. Mais, les membres de la liste doivent pouvoir accéder au dernier texte. (Pour l'historien, la chronologie inverse n'est pas un problème : Lifo ou fifo, c'est une question d'efficacité.

S'il te plaît, ne tape pas si fort sur mes doigts ! Le groupe Rmll Dom est en train de se former : nous sommes de tout jeunes. Nous n'avons pas encore acquis tout le savoir de nos aînés.

En tant qu'enseignants, nous devons résoudre des problèmes. Surtout quand nous sommes en charge d'élèves qui présentent des déficits importants en savoirs, savoir-faire et savoir-être. Il faut user de pédagogie et de technologies. Nous sommes à l'ère du numérique ? Dans le mouvement libriste ? Alors j'y go !

Je pense que les logiciels libres peuvent aider des élèves à acquérir des savoirs.
  1. La première des raisons est qu'ils sont accessibles. Un jeune qui souhaite acquérir des savoirs et savoir-faire trouvera toujours les moyens d'accéder à un ordinateur sans bourse délier.
  2. La deuxième raison est que le jeune peut s'affranchir des rythmes scolaires
  3. La troisième qu'il peut combler des lacunes : en lecture par exemple. Mais je ne sais pas quel logiciel libre d'apprentissage de la lecture est basé sur la méthode syllabique.
Voici une grille pour le type de réponse que je recherche maintenant :

  • Outil (logiciel libre) utilisé :
  • Objectif du projet :
  • Niveau de l'élève au début du projet :
  • Centres d'intérêts de l'élève :
  • Premier
  • Deuxième
  • Troisième
Travail réalisé en classe :Travail réalisé hors classe :Durée du projet :Géolocalisation :Résultat obtenu :Niveau par centre d'intérêt:
  • Premier
  • Deuxième
  • Troisième
Orientation à l'issue du projetCela pourrait faire l'objet d'une enquête avec LimeSurvey ?


Amicalement,

Alexis Marise, Csgd94120
Les usages du Libre dans les cultures domiennes
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Le 24 mai 2010 15:52, <cnestel AT free.fr> a écrit :

----- Mail Original -----
De: "Csgd94120" <csgd94120 AT gmail.com>

Bonjour Alexis;

Je ne peux pas adhérer à la manière dont tu poses le problème qui, à mon humble avis, ne s'inscrit pas dans le paradigme du logiciel libre mais dans une logique technocratique et pédagogiste..

En effet tu écris :

> Je viens de découvrir Les états généraux de la sécurité à l'École . :(.

> Je me demande maintenant quel role joue le logiciel libre dans les
> dispositifs et méthodes mises en place pour amener des élèves des
> banlieues à un niveau de 1ere année de lycée ? Puis au niveau des écoles
> prépa ? Ces sujets précis ont-ils été déjà traités ?
>
> Merci de vos éclairages.

En premier lieu je n'adhère pas du tout à l'idéologie technocratique qui consisterait à accréditer l'idée que des "dispositifs" et des "méthodes"  dédiés aux établissements de banlieue permettraient de lutter contre l'échec scolaire. Mêler les logiciels libres à une telle imposture relève de l'escroquerie intellectuelle.

J'ai enseigné plus de vingt-cinq ans en Seine Saint-Denis aussi bien en collège qu'à l'université. Le mouvement du 93, un mouvement de grève de plus de trois mois auquel participèrent tous les collèges de Seine Saint-denis ainsi que de nombreux lycées, en 1998, et auquel j'ai moi-même activement participé, n'a jamais eu pour ambition d'exiger des moyens pour des dispositifs spécifiques qui auraient été dédiés aux banlieues.

Au contraire !

Le mouvement du 93 débuta par l'occupation du lycée Henri IV de Paris par un groupe de lycéens de banlieue en réponse à une réforme des lycées projetée par Claude Allègre. Ces lycéens disaient : "on veut la même chose en banlieue".

Le discours pédagogiste - qui est en réalité un discours de classe - prétend qu'on ne peut pas, au nom des disparités locales, sociales et culturelles, enseigner partout et de la même manière, les mêmes choses.
Pourtant force est de constater que plus les discours pédagogistes se développent au sein de l'école, plus les disparités sociales s'accroissent comme si la traditionnelle instruction publique fondée sur la seule égalité des droits d'accès aux savoirs et aux connaissances était plus équitable.

Dans les premières années où j'ai enseigné au collège Jean Lurçat de Saint-Denis nombreux furent mes élèves qui, sans que l'on fasse appel à l'humiliante discrimination positive, purent entreprendre des études tout aussi bien à l'université que dans de grandes écoles comme Polytechique.

Comment expliquer qu'une dizaine d'années plus tard, le collège se transforma en ghetto et devint une ZEP ?

Sur le site web du mouvement du 93 on pouvait lire en première page "Pas d'Internet sans Latin". Enseigner le Latin pour nous en banlieue était aussi fondamental que l'enseigner au lycée Henri IV.

Cela ne signifie pas que nous négligions pour autant la révolution technologique. Susbsiste encore sur le web la synthèse de la Commission Nouvelles Technologies de l'Assemblée Générale des établissements en lutte. On peut y lire :

"Or, des rumeurs alarmantes font état d’une " microsoftisation " des moyens obtenus.

Le mouvement du 93 ne saurait tolérer un détournement néo-libéral alors qu’il lutte pour l’égalité des droits d’accès aux savoirs , donc aux " sources ", dans l’éducation.

De fait, les membres de la commission " Nouvelles Technologies "

S’inquiètent :

du manque d’information, en ce qui concerne la destination des fonds ; du manque de transparence tant sur les choix matériels et logiciels, que sur leur destination et de leur implantation dans les établissements ; des critères selon lesquels sont accordés les heures de décharge ; des politiques menées en matière de formation des personnels enseignants à ces nouvelles technologies, notamment de l’absence de toute proposition aux logiciels libres dans le PAF (plan académique de formation des personnels) ; du manque de coordination et de cohérence entre les instances de tutelle régissant l’éducation nationale entre elles et vis à vis des collectivités territoriales (Conseils Généraux, Conseil Régional) ; de la politique du ministère qui semble se décharger de ses responsabilités sur la décentralisation, accroissant les inégalités territoriales, privilégiant les logiques consuméristes au détriment des logiques cognitives et des logiciels libres."

http://reseaudesbahuts.free.fr/article.php3?id_article=1250

Plus de douze ans après, on en est encore au même point. Pire j'estime que la situation s'est empirée.

J'ai de plus, dans les années quatre-vingt, co-fondé le Télémateur Illustré, un fanzine distribué en kiosque par NMPP entièrement dédié aux sysops des réseaux électroniques alternatifs Minitel ou BBS qui se développaient en  France sur le réseau téléphonique auto-communté. Inutile de dire que grand nombre de ces acteurs devinrent par la suite, non seulement des pionniers du réseau Internet en France, mais également les premiers supporters des logiciels libres comme GNU/Linux ou BSD.

Force est de constater que ces jeunes adolescents pionniers du cyberspace Français se trouvaient pour la plupart en échec scolaire. Ce qui n'empêchait pas des chasseurs de tête de Ross Perot Industries voire même du KGB de les recruter sur leurs serveurs RTC alors même que l'etablishment Français les ignorait superbement. Seul Yves Lecerf, fondateur du département informatique de l'université Paris 8, s'en émut et me chargea de constituer des dossiers au titre des acquis professionnels et des publications afin qu'il puissent bénéficier d'une équivalence de licence, voire de maîtrise et réintègrent avec tous les honneurs qui leur étaient dus : le système scolaire.

Il n'y a donc pas de relation de cause à effet entre des compétences de programmation en logiciels libres et une réussite scolaire. Et plus d'une fois, au cours de ma carrière, j'ai côtoyé des "petits génies en informatique" qui se trouvaient en échec.

En réalité, le système scolaire, tel qu'il est conçu actuellement ne favorise ni les talents, ni les connaissances informatiques.

Je me permets de rappeler qu'en 1986 le Sicob - salon informatique de l'époque - fut interdit d'accès à toute personne de moins de dix-ans ans non accompagnée d'un adulte au moment même où les films pornos devenaient accessibles à tous sur la cinquième chaîne de Berlusconi...

Je me permets également de rappeler que l'enseignemet des notions informatiques a été, sous la pression des lobbies dont Microsoft, systématiquement rayé des programmes scolaires en collège au profit du B2i, du "socle commun des connaissances et compéténces"...

De plus, enseignant désormais dans des milieux dits privilégiés, j'observe que l'origine sociale n'interfère pas pour l'informatique.  Quand un ado est passionné d'informatique, de programmation, son comportement est le même qu'il soit fils de bourgeois ou banlieusard.

En ce sens, je ne vois pas quel rôle particulier pourrait jouer le logiciel libre dans des dispositifs pédagogiques spécifiques aux banlieues.

Je refuse donc l'idée que l'on puisse utiliser l'argumentaire des logiciels libres pour promouvoir des dispositifs de compétences au détriment des connaissances (cas du B2i, de l'usage de l'informatique comme outil et fariboles pédagogistes).

Amicalement,
Charlie

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