Re: [EDUC] Re: Affiche partage de logiciel libre - Education

[cnestel AT free.fr]

----- "Jean Peyratout" <jean.peyratout AT abul.org> a écrit :

> Le 15/09/2010 17:35, cnestel AT free.fr a écrit :
> > ----- "Jean Peyratout" <jean.peyratout AT abul.org> a écrit :
> >> Proposition d'accroche :
> >> Les logiciels libres couvrent tous les besoins des élèves ./.
> >                                                     ^^^^^^   
> > Je souscris pleinement au mot "élèves".
> > Primitivement il comportait le mot "enfant".
> 
> Ma proposition de modification ne doit rien au hasard.
> 
> On est en contexte scolaire, ce sont des élèves. Ce sont
>  aussi des individus, avec des devoirs et des droits. Mais
>  il vaut mieux rester centrés sur le projet d'affiche.
>  ;-)
> 
> Cordialement,

Je reste totalement centré sur l'affiche qui, sur le plan
esthétique est très belle (une licence Art Libre serait
bienvenue).

Pour autant, en ce qui me concerne, JAMAIS je ne diffuserai
une affiche qui comporterait en filigrane une idéologie
contraire à mes principes.

C'est un peu comme le débat qui a eu lieu ici fin juin
à propos du livret de compétences, d'une évaluation dite
par compétences, etc.

Imaginons un seul instant une affiche faisant la promotion
du logiciel libre tout en faisant la promotion du livret
de compétences et/ou du B2i et/ou de l'idéologie de la
formation tout au long de la vie.

Hé bien, une telle promotion du Libre dans mon collège serait
contre-productive.

Pourquoi ?
Tout simplement en ce que, parmi les différents points de
l'appel à la grève du 6 septembre 2010 à l'initiative du SNES 
et de SUD, se trouvait en bonne place le refus de substituer
les connaissances par des compétences.

Par exemple, dans mon collège, la majorité des enseignants ont
fait grève le lundi 6 septembre, et un moins grand nombre
le 7 septembre pour les retraites (principal argument :
ne pas perdre 2 journées de salaire).

En ce qui me concerne, je ne suis ni à SUD ni au SNES, comme
beaucoup d'autres enseignants grévistes. Pour autant, 
les grévistes partageaient la réflexion du SNES concernant
"Les dangers du livret de compétences au collège" et les
"Les problèmes posés par la définition du socle commun".
http://www.aix.snes.edu/spip.php?article880

Jusqu'à présent je reste encore membre de l'April et j'ai
usé de toute mon énergie pour la création d'un groupe
Education au sein de l'April.

Je suis d'autant plus attaché à l'April sur le plan
affectif que la plupart des membres fondateurs furent
mes étudiants (à l'époque où j'étais détaché sur la fac
de Paris 8)...

Pour autant, depuis la campagne massive d'adhésion, je vois
poindre une dérive insidieuse néo-libérale en contradiction
avec la position historique de l'April concernant 
le refus d'une politique mandataire.

Cette dérive n'est peut être pas forcément consciente ou
volontaire. Je constate d'ailleurs dans l'Education de 
graves lacunes concernant l'histoire de l'école et une
adhésion à tout un ensemble de corpus idéologique de nombreux
jeunes enseignants.

Pour autant, il n'est pas tolérable qu'une affiche, quelle 
que soit sa signature - April, AFUL, etc - face consciemment
ou non, en filigrane, de la propagande sous couvert de
promouvoir le logiciel libre.

Reprendre le discours de Claude Allègre, insister sur "Educateur",
"enfant" en lieu et place d'élève, d'enseignement, etc, est
inacceptable.

La dichotomie enfant/élève qui renvoie à la dichotomie homme/citoyen, 
femme/citoyenne est une question centrale. Bien sûr qu'à l'école,
comme le dis l'élève est aussi un individu, un enfant au même titre
que le citoyen est aussi un homme. Mais la confusion entre espace
privé et espace public est l'un des éléments historiques de
la décomposition de l'école, de la destruction de l'école de
la République.

Il ne peut y avoir de contradiction entre la devise Liberté,
Egalité, Fraternité d'avec le logiciel libre. La contradiction
n'est pas entre l'école de la République et le logiciel libre,
mais entre l'école de la République et le logiciel propriétaire,
privatif-privateur de libertés.

Aussi lorsque de manière consciente ou inconsciente, sous-jacente,
je vois que l'on attaque les principes de l'école de la
République pour promouvoir le logiciel libre, je me dis
qu'il y a un BUG.

Sans doute le problème provient-il d'une absence de réflexion
sur ce qui distingue l'instruction publique de l'éducation
populaire.

L'Education populaire mériterait en elle-même un débat.

Car sous ce vocable, se retrouvent dans la même catégorie
les héritiers de Jean Macé qui est l'un des fondateurs de
l'Education populaire en ce qu'il milita pour la création
de bibliothèques dans les municipalités au service du
monde ouvrier d'avec un grand nombre d'industriels philantropes
socialistes utopiques qui souhaitaient éduquer les enfants
du peuple.

Dans le premier cas, on est dans une volonté de diffuser
la culture et la connaissance. Alors à cette éducation
populaire, je dis OUI.

Dans le second, il s'agissait de substituer à une défaillance
de la sphère privée (mauvais éducation, etc ) une autorité.

Ce deuxième aspect peut être dangereux et peut comporter des
dérives totalitaires. 

A suivre,

Charlie