Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
Archives de la liste
- From: cnestel AT free.fr
- To: d michon <d.michon AT laposte.net>
- Cc: educ AT april.org
- Subject: Re: [EDUC] Rapport Attali "Une ambition pour dix ans" -
- Date: Wed, 20 Oct 2010 17:34:30 +0200 (CEST)
----- "d.michon" <d.michon AT laposte.net> a écrit :
Bonjour,
Pour être franc, je ne comprends pas tout (méconnaissance complète
du terrain)...
> Pour être franc rien qu'en regardant les dernières instructions
> officielles issue de cette gouvernance, l'informatique n'apparaît plus
> en maternelle comme une nécessité d'excellence et à donc disparue en
> obligation d'équipement lorsque cela arrange tout le monde sur les
> dépenses publiques ...
Tu évoques donc les maternelles.
Peux-tu, pour un public non averti, dire en quoi consistait l'informatique
en maternelle, dire ce qui a changé avec les nouvelles instructions,
en illustrant ton propos par des références.
> J'en avais touché un mot sur cette liste à l'occasion d'une com sur un
> article parut dans un numéro de "la classe" concernant les EAD.
EAD : enseignement à distance ?
La classe ?
http://www.laclasse.fr/ ?
J'ai juste jeté un regard sur la licence, j'ai lu :
"Toute représentation, reproduction de ce site, par quelque procédé que
ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2
et suivants du Code de la propriété intellectuelle."
Pour info, ces articles ont trait aux "mesures techniques de protection"
dont le contournement débouche entre autre sur le dispositif pénal
de l'Art. L. 335-2 :
"Toute édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture
ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie,
au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs,
est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit.
La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger
est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. (*)."
Réf : http://www.celog.fr/cpi/lv3_tt3.htm
On est donc loin du libre.
Aussi, étant totalement étranger au terrain, je cherche à comprendre.
Merci de nous éclairer.
> C'est intéressant de reprendre à la racine le sujet car mes élèves
> issus des maternelles depuis cette io n'ont plus la même capacité ni la
> même efficacité face à l'informatique.
Ce paragraphe laisse entendre que tu enseignes en primaire.
Peux-tu me dire pourquoi, depuis l'an passé, c'est-à-dire depuis l'arrivée
en sixième des élèves touchés par la réforme du primaire, j'observe qu'ils
n'ont aucune maîtrise du clavier.
Bien que mes programmes me l'interdisent, j'ai souhaité l'an passé procéder
à une mise à niveau informatique, notamment l'usage structuré du traitement
de textes, avec comme seul critère d'évaluation : une production
autonome à partir de recherches sur le web.
(je me suis pris une observation de type " a une conception très particulière
des programmes de technologie", dans ma notation pédagogique, pondérée
à mon avantage après une négociation où j'étais accompagné par le
représentant
syndical... ).
Comment expliquer que je sois parvenu l'an passé à atteindre l'objectif
que je m'étais fixé qu'après les vacances de février (et hors cours
institués, lors de séances de parcours éducatifs et/ou club informatique
une fois par semaine), tandis que je parvenais au même résultat les
autres années autour de la Toussaint ?
Comment expliques-tu ce phénomène ?
Je refuse de tout mettre, comme le suggère le rapport Attali sur des
seuls problèmes de manque d'équipement. Aix-en-Provence, ce n'est pas
la Seine Saint-Denis.
> Non seulement face à leur écran mais également face à toute machine
> "intelligente". Pour eux la problématique de l'ergonomie des appareils
> n'est plus liéée qu'au look ou à la marque et non au système d'exploitation
> ou à la mise à dispo de ressources.
Pardonne-moi, tu parles d'enfants de quel âge ?
On pourrait dire la même chose des adultes non ?
N'es-tu pas en train de suggérer que focaliser sur les matériels c'est
accepter d'entrer dans une logique consumériste ?
Le problème est-il matériel ou de temps consacré dans des cours dédiés ?
Qu'est-ce qui a changé en primaire pour que les enfants régressent
autant ?
Que devrait-on, selon toi, enseigner en maternelle et en primaire ?
Que suggères-tu ?
> Pour eux de nouveau on entend le vieux y'a pas word ou y'a pas
> internet, et dès qu'un fichier lu sous navigateur que la machine
> soit ou non connectée y'a internet.
> C'est ce qui avait disparu pendant une bonne dizaine d'années où nos
> élèves du primaire demandaient si "on est connecté ?" et c'est
> regretable .
> Téléphone,Ps2, DS, Windows tablettes et le reste .. l'interopérabilité
> n'est plus leur soucis, on cumule à la maison les appareils et on est
> sûr d'avoir accès à tout, même s'il y a redondance des ressources.
Excuse-moi, mais vu le contexte, c'est normal.
Je suis sûr que les machines de ma salle sont 10 fois plus pouraves
que celles que mes élèves ont à la maison... Et celui qui rouspète le
plus, comme un vieux grincheux, quand je veux faire une démo et que
ça rame, ce n'est pas les élèves, c'est moi.
Et les mômes acceptent très bien de travailler même quand ça rame
quand on leur apprend des trucs.
Qu'est-ce que l'on devrait selon toi apprendre en maternelle et
en primaire ?
En ce qui me concerne, si la plupart des mômes arrivaient en collègee
avec une connaissance des différentes touches du clavier, la capacité
à naviguer dans une arborescence pour enregistrer des fichiers,
reconnaître la différence (et ce quelles que soient les interfaces
graphiques) entre une icône de dossier, de fichier, de différents
types e fichiers (sans trop entrer dans les détails), etc ; ce serait
déjà vachement bien.
>
> Le seul intérêt ? c'est que je n'ai plus de bidouilleurs puisqu'ils ne
> > savent plus qu'on peut y faire, ils ne se posent même plus la
> question.
Quand mon fils qui a 36 ans était en primaire, certains programmaient
en Basic. On n'en est plus là. Pour autant je suis persuadé que l'on peut
toujours éveiller la curiosité des mômes.
> Or c'est bien le but recherché non ? Comme les dirigeants d'entreprise
> il y a trente ans "Gem j'aime pas, disaient-ils, Nos secrétaires y
> voient trop bien " ...
Gem le système d'exploitation de l'Atari sur 68000 ?
> Récemment j'ai eu des informations allant dans ce sens au cours d'un
> entretien sur le sujet avec un à-qui-de-droit et ci-devant, qui
> englobe également les équipements des salles à l'école et de leur
> logiciels :
> D'une part les offres concernant le primaire stipulent par exemple
> que les machines soient équipées d'un disque dur, car la solution réseau
> ltsp et de consoles n'est pas retenue et ceci bien entendu pose
> d'emblée la question du système d'exploitation.
> Une des raison que je vois est que la décision d'équipement hormis la
> salle commune par la commune est soumise à décision du conseil des
> enseignants qui peut du jour au lendemain opter pour l'utilisation en
> fond de salle de classe et donc faisant appel à une work station et
> autonome...
Je ne comprends pas ce que tu veux dire. T'es pour ou contre les stations
en fonds de salle ?
> D'autre part les recteurs se situant en véritables chef d'entreprise
> n'acceptent plus de payer des heures de formation sur un logiciel ou
> un système open source puisqu'on leur a dit que tout était gratuit. Ce
> qui orient pratiquement automatiquement vers un système et une l'opinion
> des collègyes pour opter en faveur dde solutions propriétaire.
> Mais la formation continue concerne également une enveloppe du nombre
> d'enseignants et celle ci est en constante régression. on s'appuie
> obtenue en entrée d'iufm ou piochée sur le C2I automatiquement par un
> "lauréat" par le biais de sa mastérisation et qui n'a aucun rapport
> avec l'utilisation et la mise en place d'une solution pour la maternelle et
> le scolaire, ainsi que sur l'obtention de certification.
> Donc statut quo pour la progression de l'informatique ou ne serait-ce
> que l'entrée d'un souris ou d'un bot en kturtle ou py-logo dans sa
> classe.
Bon... Si j'ai bien compris tu es favorable au retour du Logo (dont je
pense le plus grand bien mais saboté lors du plan IPT et pas par les instits)
et dérivés de type kturkle.
Je partage bien sûr entièrement ton point de vue.
Mais que suggères-tu ?
Penses-tu que le sabotage du Logo lors du plan IPT ait été seulement dû
à des manques de formation ?
N'ya-t-il pas eu également des blocages au sein du ministère dans
l'entourage de Jean-Pierre Chevènement ?
Comment expliquer que les principales expériences positives concernant
le Logo aient eu lieu dans des écoles privées de type écoles
alternatives ?
(je remarque au passage que les écoles cathos pouvaient opter pour
Mac et pas pour TO7 ou Mo5)...
> Trop de collègues "se couchent" car il sont perdus, n'y comprennent
> rien, mais surtout redoutent les foudres d'une hiérarchie qui de plus
> en plus réclame la mise en place de pédagogies de masse, frontales,
> collectives,globalisantes et dont la pratique professionnelle est
> évidemment plus facile à évaluer en statuant sur des résultats
> accrochant un quota de réussite chiffré au nom du socle commun.
> Alors que la mise en place de solutions permettant l'individualisation
>
> pourtant prônée par ces mêmes personnes au nom des sacro-saintes IO
> n'est en rien contradictoire avec le soucis d'un socle commun au sein
> de
> nos sociétés d'information post-moderne.
> Comme dans toute bonne pragmatique faudrait simplement savoir ce qu'on
> veut .... et c'est pas donné.
C'est le seul point de ton discours que j'ai bien compris, sans doute
parce que je vis la même situation dans le secondaire.
En psychanalyse cela s'appelle "double contrainte" (double bind) et en
lutte de classes : le harcèlement au travail.
Les marchands de TICE mettent en avant des discours centrés sur des
pédagogies dites différenciées, des démarches dites par investigation,
du baratin "pédagogiste", pour vendre leurs produits, et c'est le
discours dominant qui est repris partout, alors même que sur le terrain
on assiste à un retour contraint (pour des raisons toutes bêtes de
conditions matérielles d'exercice) aux pédagogies frontales.
Pour autant, contrairement à ce que tu écris, dans le secondaire le discours
des hiérarchies et des inspections, c'est bien sûr la critique systématique
des pédagogies dites frontales. C'est pour cela que j'évoque le double bind.
Amicalement,
Charlie
- Re: [EDUC] Rapport Attali "Une ambition pour dix ans" -, cnestel, 20/10/2010
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