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educ - Re: [EDUC] Textes de références sur l'enseignem ent de l'informatique de la maternelle au lycée

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Textes de références sur l'enseignem ent de l'informatique de la maternelle au lycée


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Textes de références sur l'enseignem ent de l'informatique de la maternelle au lycée
  • Date: Sun, 7 Nov 2010 20:56:36 +0100 (CET)


----- "Rémi Boulle" <remi.boulle AT gmail.com> a écrit :
>
> Je propose : "Pour un enseignement de l’informatique"
> 16-17 mai 2009, Jean-Pierre Archambault, président de l’EPI
> (Enseignement Public et Informatique), et Gilles Dowek, professeur
> d’informatique à l’École Polytechnique, au sujet de l’introduction
> possible d’un enseignement d’informatique au lycée.
>
> Extrait :

>
> Enseigner l’informatique demandera au lycée d’enseigner une technique
> et c’est un apprentissage qui demande du temps. Cette notion de technique
> a de la difficulté à entrer dans l’enseignement général. Or
> l’informatique n’est pas seulement une science ; elle a un lien fort avec la
> technique.
> Enseigner l’informatique serait donc un bon moyen de faire entrer la
> technologie au lycée de façon noble
>
> http://www.apmep.asso.fr/spip.php?article3208

Pardonne-moi, mais je ne suis absolument pas d'accord avec l'emploi du
mot technique, à propos de l'informatique (même si j'adhère à l'intention
du propos).
Je l'ai déjà dit à Gilles Dowek et ce jour là, il semblait comprendre
mes arguments.
Par manque de temps, voici donc un copier/coller de ma dernière
contrib sur la liste de l'EPI :

----- début du copier/coller ---

----- "Bastien Guerry" <bastienguerry AT googlemail.com> a écrit :

>
> Merci pour cette réflexion.
>
> Si je lis correctement les conclusions entre les lignes, je comprends
> que l'enseignement de la programmation nous permettrait de doublement
> "maîtriser" la technique : de comprendre les fins qui sont les
> siennes, (telles qu'elles sont définies par d'autres), de comprendre les
> fins
> que chacun peut lui assigner, et de comprendre comment échapper au
> mouvement dans lequel risquent de nous enfermer les « innovations »
> informatiques
> -- celles, par exemple, qui concernent les machines de vote.
>
> À noter qu'on peut chaque fois expliquer pourquoi le libre va dans le
> sens de la "maîtrise" - qui est aussi, comme tu l'as bien souligné,
> le fait de savoir se déprendre du "démon technique" (voire à ce sujet
> une belle page d'Alain, dans /Mars ou la guerre jugée/.)
>
> J'ajouterais que l'enseignement "informatique" est voué à transmettre
> quatre choses : la science informatique, la technique informatique,
> le simple usage, et ce que Paul Graham appelle le "hacking" - qui n'est
> ni science ni ingénierie ni usage, mais "poiesis" (pour employer des
> gros mots).
>
> Ce qui ne peut se faire sans une réflexion autour de l'acte
> d'enseigner lui-même, qui ne peut pas être le même dans les trois cas.


N'oublions pas la réalité du terrain pour ne pas sombrer dans les pièges
logiques d'un raisonnement par induction quand bien même serait-il bien
écrit et séduisant.
La situation décrite ne peut en aucune manière correspondre à une
situation d'enseignement secondaire où le temps est compté, réduit
et fractionné.

Voilà pourquoi je ne voulais pas entrer dans une digression philosophique
complètement déconnectée de la réalité du terrain. A ce propos existe
ou existait dans les "sciences" dites de l'éducation un courant qualifié
d'ethnographie de l'école qui étudie, entre autre, les stratégies
institutionnelles.

Celles-ci s'expriment dans des procédures. Par exemple lorsqu'un ministre
souhaite réformer l'enseignement des sciences ou de la technologie, il
s'adresse
aux Académies des sciences et technologies qui rendent un Avis.
Les académies peuvent aussi rendre des Avis sur des enjeux stratégiques
comme les Avis remis au premier ministre sur la brevetabilité des inventions
mises en oeuvre par ordinateur par l'Académie des technologies.

De ce fait, la prise de position de l'Académie des Technologies en faveur de
la brevetabilité des logiciels dans ses Avis, est réflexive de son "Avis
au premier ministre sur l'enseignement des technologies de l'école primaire
aux Lycées".

Pour l'Académie des sciences et l'académie des technologies
(il ne peut pas y avoir de contradiction entre les deux points de vue),
l'informatique est soit un outil, auquel cas le logiciel peut assimilé à un
objet technique et breveté, soit une science d'où la place accordée au
module informatique dans les futures terminales scientifiques.

Voilà pourquoi nous devrions arrêter d'accoler au mot informatique le mot
technique. Peu importe l'acception philosophique que l'on accorde à
la technique, ce qui compte c'est l'enjeu juridique.

Juridique ?

Prenons un exemple : la photographie, puisque mes interlocuteurs
viennent de produire un communiqué de presse sur un projet de loi au
Sénat qui a comme enjeu le droit d'auteur et les oeuvres photographiques
dites orphelines...

Durant la première moitié du XIXème siècle, la photographie n'était pas
reconnue, compte tenu de son procédé de reproduction mécanique comme
un art. Une pétition émanant du monde artistique s'opposa m^eme à "toute
assimilation de la photographie à l'art".

Ce n'est que par un jugement de la chambre des appels de Paris qui affirma
le 10 avril 1862 que "les dessins photographiques peuvent être "le produit
de la pensée de l'esprit, du goût et de l'intelligence de l'opérateur"
que la photographie changea de statut et les photographes protégés par
le droit d"auteur.
Léopold-Ernest Mayer et Pierre-Louis Pierson avaient réalisé en 1856
le portrait de Camille de Cavour. Cinq ans plus tard, ils constatent
que leur concurrents Beder, Thiébault et Schwabbé avaient reproduit et
commercialisé une version retouchée de ce portrait. Ils décident de
défendre "leur droit d'auteur" en justice.
Source : le journal Télérama du 18 avril 2009

Il en est de même pour la brevetabilité des logiciels.

C'est en s'appuyant sur une décision de justice de la Haute cour
Allemande (BGH) de 1976 qui proposa une méthodologie pour distinguer
entre un logiciel et une invention technique que les Eurodéputés
ne votèrent pas les Directive Européennes sur la brevetabilité
des logiciels (ne pouvant être brevetable ce qui revêt un caractère
"technique" ;et modifie directement les forces de la nature).

Sur le site la ffii on peut lire ceci :

"La décision Dispositionsprogramm est bien connue par ces raisonnement
de portée générale. Elle explique en outre: Le système de brevet et un
outil spécialisé pour la promotion de l'innovation dans un champ clairement
délimité, celui de l'invention technique, et que le seul critère pratiquable
et permissible est celui de la technicité, voire la distinction entre
solutions
par causalité physique et solution par fonctionalité logique. Une extension
du système de brevet au dela de cette claire limite serait illégale et
irresponsable.".
http://eupat.ffii.org/papri/bgh-dispo76/index.fr.html

Alors quel peut être le statut du logiciel (oeuvre de l'esprit protégé
par le droit d'auteur) s'il n'est pas un objet technique ?

La réponse immédiate qui vient à l'esprit est tout simplement objet
technologique. Un logiciel est une oeuvre de l'esprit fonctionnelle.

C'est cet argumentaire là que je vous demande de partager pour qu'enfin
on sorte de cette dichotomie imbécile Science/Outil qui réserve
l'enseignement de l'informatique aux seules terminales scientifiques
et l'interdit au collège en Technologie, et au lycée pour toutes
les sections dont les sections technologiques et professionnelles.

Merci.

Charlie

---Fin ---

Amicalement,
Charlie







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