Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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- From: cnestel AT free.fr
- To: educ AT april.org
- Subject: Re: [EDUC] words-to-avoid
- Date: Sat, 13 Nov 2010 07:56:21 +0100 (CET)
----- "Vincent Delecroix" <vdelecroix AT april.org> a écrit :
Salut,
Je laisse, sans couper, le préambule car ce que je dis est
"fondamental". :-))) pour te répondre sur ce mot.
> Bonjour,
>
> Dans le contexte de la grande restructuration de l'éducation (et plus
> généralement du mode de fonctionnement de l'état et de la société) la
> plupart des mots sont à éviter ! Un problème de la politique
> d'aujourd'hui est qu'elle intègre de l'idéologie dans les mots et ça
> devient ses mots (les politiciens se répètent jusqu'à déformer le
> langage). En voici quelques uns mais je pense qu'on peut rallonger la
> liste (d'ailleurs c'est pas très compliqué, il suffit de prendre une
> brochure de l'OCDE sur l'éducation, de prendre l'ensemble des mots
> avec une forte occurence et de lui soustraire l'ensemble des mots
> avec
> une forte occurence générale dans la langue française).
>
> * fondamentaux : cheval de troie du gouvernement pour diminuer la
> quantité d'enseignement, augmenter les évaluations et faire de la
> chaire à patron : "savoir lire, savoir écrire mais surtout pas savoir
> réfléchir".
Bonjour,
Je pense que ce que la critique du cheval de Troie sur les "fondamentaux"
ne doit pas nous amener à jeter le bébé avec l'eau du bain.
Toute la politique pédagogiste triomphante sous l'ère Allègre consistait,
précisément à détruire l'enseignement des fondamentaux, sous prétexte par
exemple que toutes les disciplines se valent.
Si l'on se place sur le plan éthique : oui, toutes les disciplines
se valent, tous les savoirs méritent d'être enseignés.
Pour autant est-ce à dire qu'il n'y a pas de fondamentaux ?
Je ne le pense pas. Et j'estime, bien au contraire, qu'à l'image
de la construction d'une maison, tout repose sur des fondations et
quelle que soit l'importance du second oeuvre, il dépend du gros
oeuvre.
En lisant des écrits d'Einstein, de Karl Popper, d'Hannah Arendt,
Léon Poliakoff, je me suis rendu compte que sans se concerter, après
la seconde guerre mondiale, ils avaient tous développé la même
analyse des mécanismes du phénomène totalitaire.
Se posant par exemple la question dpourquoi les scientifiques allemands
avaient adhéré à l'idéologie nazie, avant les masses et sans y être
contraints, ils en sont arrivés à la conclusion qu'à partir du moment où,
sur le plan formel on admet le postulat premier inégalité entre les races,
présenté comme scientifique, alors tout le reste de l'axiomatique suit.
L'un des mécanismes de la pensée totalitaire consisterait donc
à assimiler les sociétés humaines à des logiques formelles.
C'est de cette manière me semble-t-il qu'il faut aborder le raisonnement
par segmentation arborescente. Sur le plan formel, une arborescence n'est
rien d'autre qu'un classement, une catégorisation. Nous nous livrons tous
dans notre quotidien à des catégorisations que l'on pourrait traduire par
un graphe dit heuristique, une table des matières, une arborescence.
Les connaissances peuvent se structurer de la même manière et découlent
de connaissances précédentes ou peuvent se décomposer en branches
disjointes. La logique formelle, l'axiomatique ne sont pas totalitaires
en soi. Ce qui l'est, c'est leur application au fonctionnement
des sociétés humaines.
Le discours d'un Edgar Morin, par exemple, sur la complexité n'est
pas condamnable en soi (même si je juge sa conception de la complexité
des plus triviales) ; ce qui l'est, c'est son application technocratique
à l'école. Sous couvert de transversalité, de décloisonnement des
disciplines, en s'appuyant sur des discours séduisants sans tenir compte
des réalités tangibles du fonctionnement de l'école, on a tout
foutu en l'air.
C'est ce discours là qui est principalement celui de l'OCDE.
Si des hommes politiques de droite, dans leurs discours (pas dans
les programmes scolaires) évoquent encore les fondamentaux, c'est aussi
pour donner le change à une partie de leur électorat conservateur
qui confond hiérarchie formelle avec hiérarchie sociale..
Je me bats, au contraire, pour que l'école continue d'enseigner;
sur le plan formel : des fondamentaux ; même si, sur le plan
éthique, il ne doit y avoir aucune hiérarchie sociale, de valeur,
entre les disciplines.
> * cométences/évaluations : vision décalée du savoir composée de
> case à remplir. Mais puisqu'il faut rationaliser (il paraît) on est prêt
> à tout.
> * projet/objectifs/résultats : nouveau mode de fonctionnement de la
> "société" ou les contrats individuels pronent sur des projets de
> société
> * primes
> * flexibilité/mobilité
> * compétitivité
> * valorisation
>
> Bon ceci dit, en dénonçant tout ça je fais aussi de la politique.
>
> Vincent
Je mets la semaine prochaine, si tu ne veux pas le faire toi-même,
ta liste sur un wiki, pour en garder la trace.
Je pense que nous sommes sur la même longueur d'ondes.
Amitiés,
Charlie
- Re: [EDUC] words-to-avoid, Lionel Allorge, 09/11/2010
- Re: [EDUC] words-to-avoid, Vincent Delecroix, 12/11/2010
- <Suite(s) possible(s)>
- Re: [EDUC] words-to-avoid, cnestel, 13/11/2010
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