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educ - Re: [EDUC] programme secondaire : objectifs

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] programme secondaire : objectifs


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] programme secondaire : objectifs
  • Date: Fri, 12 Nov 2010 21:57:08 +0100 (CET)


----- "Vincent Delecroix" <vdelecroix AT april.org> a écrit :

> Bonjour,
>
> Je suis d'accord sur le fait qu'il soit urgent d'intervenir dans
> l'éducation à l'informatique mais à deux titres. Je cite d'abord le
> préambule du texte
> http://wiki.april.org/w/Enseignement_de_l%27informatique qui se
> réfère
> lui même à un texte.
>
> """
> Dans le premier et le second degré, l'informatique n'est abordée que
> sous l'angle de l'utilisation.
> """
>
> Ici il faut faire attention à "utilisation" qui n'a aucune vocation
> critique. On peut très bien apprendre à un élève comment mettre du
> poison de la soupe de ses parents, se jeter par la fenêtre... c'est
> aussi du savoir technique. D'autant plus que tous les élèves
> pratiquent déjà l'informatique depuis longtemps !

Salut,

En premier lieu je souhaiterais que tu écrives plus souvent.
Tu développes un point de vue étouffé dans les communautés
du libre éducatif, surtout celles qui ont vu dans le libre à l'école
principalement : un marché ; pour vendre de l'ENT, etc.

Pour autant, je ne peux pas te suivre quand tu dis "nos élèves
pratiquent l'informatique depuis longtemps". Ce soir, j'ai encore
vu un couple de parents qui souhaitaient me rencontrer parce que
leur petite fille de sixième se sentait, dans mes cours, dépassée
par certains élèves (j'ai en gros dit aux parents qu'ils se
préoccupent plutôt des cours de français et de math et laissent
leur fille apprendre à utiliser "un ordinateur" à son rythme).

Et cette semaine encore, j'ai vu plusieurs mômes pleurer devant
une machine.

Alors, j'en ai marre, plus que marre des allants de soi qui laisseraient
entendre que sous prétexte que ces enfants seraient nés avec Internet,
les téléphones portables, les consoles de jeux, qu'ils pratiquent
l'informatique depuis longtemps. C'est faux !

D'ailleurs un rapport publié - je crois en avril, mai, juin dernier - qu'il
faut absolument que je retrouve en remontant message après message les fils
des listes educ AT april.org et celle de l'Axul (mon LUG) indique
clairement un recul de la maîtrise de "l'outil informatique" des
élèves arrivant en sixième.

J'en témoigne absolument.

La différence entre les générations Hebdogiciel (même si le monde adulte
des éditeurs de logiciels ont pris peur en interdisant le SICOB - salon
informatique de l'époque - aux moins de 18 ans non accompagnés d'un
adulte) et celles d'aujourd'hui, c'est qu'à l'époque les "kids computers"
vivaient l'informatique principalement comme un environnement ludique.
Je me souviens encore du premier jeu vidéo sorti en France sur
l'Amstrad dont l'auteur était Laurent Chemla qui s'appelait "les dents de
sa mère".

Je découvre qu'aujourd'hui, pour plein de mômes l'usage de l'ordinateur
est devenu un savoir social que les mômes s'imposent eux-mêmes.
Je suis le seul cours de tout le collège (j'essaye encore de détourner
les programmes officiels de techno vers des objectifs sous-jacents
informatiques) où la plupart des mômes viennent avec un énorme désir
d'apprendre. Le vendredi je sors lessivé, tant je suis tiraillé de
tous côtés. Dès que des mômes ont des trous à lemploi du temps, ils
déboulent dans mon cours pour me demander si je veux les accueillir
en plus.

On est donc confronté - et ce quel que soit le milieu social - j'ai
fait plus de vingt-cinq ans de Seine Saint-Denis et là je suis dans
un milieu culturel (qui ne signifie pas forcément friqué) hyper
privilégié.

Si je n'étais pas en souffrance par des programmes qui nient
le désir d'apprendre des mômes, je serais un hyper privilégié.
Même à mon âge, des mômes peuvent encore me surprendre par leur
créativité, leurs capacités à apprendre bien plus vite que moi,
leur ouverture d'esprit, leur désir d'apprendre.

On est donc confrontés à un non sens total, du nihilisme achevé.

Mais ce n'est pas parce que les mômes ont un désir très fort
d'apprendre qu'ils maîtrisent a priori un savoir technique.


> Ce que je souhaite
> encourager ici c'est l'introduction d'un questionnement sur les
> "pratiques et l'utilisation de l'informatique". Les bases du
> fonctionnement d'un ordinateur sont indispensables à la
> démystification de la technologie

Pas seulement pour. Mais également parce que TOUT est fait
pour qu'ils n'apprennent jamais à distinguer le hardware du
software.

Ce postulat est le degré zéro de toute la philosophie du logiciel
libre.

> mais l'enjeu me semble d'amener les
> élèves à s'interroger sur ce qu'ils font.

OUI. Bien sûr.

Avec tout le plaisir que j'ai à lire tes contrib's.

Librement et Fraternellement
Charlie




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