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educ - Re: [EDUC] Manuels scolaires libres

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Manuels scolaires libres


Chronologique Discussions 
  • From: Daniel Caillibaud <daniel AT edulibre.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Manuels scolaires libres
  • Date: Sun, 7 Aug 2011 16:12:43 +0200

Le 07/08/11 à 09:23, Rémi Boulle <remi.boulle AT gmail.com> a écrit :
RB> On 05/08/2011 12:54, Roman Pierre-Antoine wrote:
RB> > Malheureusement la licence de "open english web" n'est pas libre, elle
RB> > interdit les ré-utilisations commerciales (CC by-nc-sa)
RB>
RB> Ok, comme le manuel de SVT.
RB>
RB> Essayer de les convaincre, pourquoi pas, mais lorsque l'auteur dit "je
RB> ne veux pas que d'autres se fasse de l'argent sur mon dos" et
RB> qu'effectivement, il est fort probable que cela se produise, j'ai du mal
RB> à trouver des arguments pertinents.
RB>
RB> Vous avez de quoi convaincre ?

(dsl, trop long, pas réussi à résumé sans tronquer)

Que cela ne se joue pas au niveau légal mais au niveau légitimité (une fois
n'est pas
coutume).

Un acteur "mercantile" aurait effectivement le droit de tout prendre,
l'imprimer et le
vendre, mais
- il est obligé de citer les auteurs, ce qui accroît donc leur notoriété
- s'il n'apporte pas de plus value, pourquoi l'acheter alors que c'est dispo
gratuitement ? =>
il ne se fera pas beaucoup d'argent
- s'il apporte une plus value (par ex fabriquer des machins avec des pages en
papier reliées
ensemble), c'est tout benef pour les auteurs et l'œuvre car ça la valorise
- s'il apporte une plus value faible pour un gain important, un autre petit
malin viendra assez
vite le concurrencer.

Vient ensuite le coté légitimité. Si un éditeur imprime le livre et le vend,
sans rien
reverser aux auteurs (au sens large, pour Sésamath les auteurs sont tous
bénévoles, l'éditeur
reverse de l'argent à l'association), ça va vite se savoir, et si c'est
"rentable" les
auteurs n'auront aucun mal à trouver un autre éditeur plus respectueux des
contributeurs,
feront de la pub pour ce nouvel éditeur plus "éthique" et le 1er ne vendra
plus grand chose
(voir quasi rien dans un contexte éducatif, où les prescripteurs sont quand
même assez
sensibles à ces questions, d'autant plus que ce ne sont pas eux qui
financent).

C'est paradoxalement souhaitable pour des auteurs qui auraient du mal à
trouver un
éditeur / imprimeur / distributeur !
En effet ce 1er éditeur peu scrupuleux rend le 2e bcp plus facile à
convaincre si ça marche.
Si le 2e était frileux au départ, l'argument "vous voyez c'est rentable,
profitez de son coup
d'essai qui le prouve et raflez la mise" a pas mal de poids. le coté on vous
soutient et ont
fait votre promo (notre site vers lequel votre concurrent est obligé de faire
référence), les
profs achèteront le votre et pas le sien car il passera pour un
"voleur/profiteur".
Et si le 1er se plante, il perd un paquet d'argent, tant pis pour lui (mais
le peu de promo est
toujours bon à prendre).


Pour un éditeur, le risque concernant l'image de marque est bcp plus
important que l'aspect
légal, pourquoi personne d'autre que Génération 5 n'imprime et ne vend les
manuels Sésamath
(même lelivrescolaire.fr ne l'a pas fait, alors qu'ils en avait tout à fait
le droit) ?

Idem pour wikipedia.

La licence libre n'entraîne pas de contrainte sur le reversement de
bénéfices, mais dans le cas
de 2 "vendeurs de libre", l'un ayant le soutien des contributeurs et l'autre
pas, celui qui
fait ça sans l'aval des contributeurs se retrouve à être obligé de faire la
promo de son
concurrent.

Concernant le paysage français, pour le moment aucun risque qu'un éditeur de
manuel scolaire
ne viennent prendre et vendre un manuel libre, ça serait reconnaître qu'il
est de qualité et
comporte donc beaucoup trop de risques sur le reste de leur production (ce
serait mettre le
doigt dans un engrenage, avec un modèle dont ils ne veulent surtout pas
entendre parler).

Lorsque le papier sera devenu marginal dans l'éduc (si ça arrive), la
question sera différente,
mais ce sera à l'avantage des auteurs puisque tout un chacun peut diffuser du
numérique pour
des sommes très modiques, à coût fixe faible (créer les fichiers et le moyen
de les distribuer)
et coût marginal quasi nul (celui d'un téléchargement supplémentaire), rien à
voir avec
composition / impression / diffusion / distribution du support papier où le
coût fixe est très
élevé et le coût marginal pas vraiment négligeable (2 palettes à transporter
coûtent pas loin du
double d'une seule palette, même si à produire la différence est minime
devant les autres coûts,
dès qu'on a franchi certains seuils, vite atteints dans le scolaire).

Autre inconvénient de la clause NC, c'est qu'elle interdit la vente même à
prix coûtant.
Impossible de faire des CD ou des clés USB avec le contenu et de faire payer
la fabrication
(pour le port je sais pas), au détriment des pays en voie de développement
que ça arrangerait
bien.

Et dernier argument, pas très scientifique je le reconnais, c'est jamais
arrivé alors que
les contenus libres de qualité existent depuis un moment !
Et au niveau logiciel, les exemples d'acteurs qui revendent des logiciels
libres en se
faisant du gras sur la communautés des producteurs sont rarissime (en
revanche, les exemples
de sociétés de services qui vendent l'installation / maintenance de logiciels
libres sans rien
reverser sont nombreux, mais c'est à mettre en parallèle avec un prof qui
donnerait des cours
particuliers payants avec un manuel libre sans rien reverser).

Désolé pour le mail un peu long, en espérant que cela pourra aider à
convaincre l'auteur du
manuel de SVT ;-)

--
Daniel

La nature est prévoyante : elle a fait pousser la pomme en Normandie sachant
que c'est dans cette région qu'on boit le plus de cidre.
Henri Monnier




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