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educ - Re : [EDUC]Génératio n Z : des connaissances superficielles

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re : [EDUC]Génératio n Z : des connaissances superficielles


Chronologique Discussions 
  • From: Sylvain Pourieux <lapinou AT tchitcha.info>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re : [EDUC]Génératio n Z : des connaissances superficielles
  • Date: Fri, 6 Apr 2012 14:04:13 +0200

Bonjour à tous,

je vais avoir un propos polémique, mais il ne s'agit pas du tout d'une attaque, encore moins personnelle.

Pour résumer, je dirai que je suis gêné par le décalage apparent entre les questions étudiées ici et ce que
je vois "sur le terrain", en tant que parent et mari d'enseignante (en maths, je ne rigole pas tous les jours).

Le 6 avr. 12 à 06:46, cnestel AT free.fr a écrit :

Pardonne-moi Lionel, mais ce qui est intéressant dans cet
article, c'est ce que tu n'as pas copié.

Par exemple les références aux organes multilatéraux du néo- libéralisme : OCDE, PISA...

ou encore le lien en bas de l'article :
"Les professeurs dubitatifs face au numérique".
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/03/09/01016-20120309ARTFIG00673-les-professeurs-dubitatifs-face-au-numerique.php

Quitte à profiter des liens en bas d'article sur le Figaro, en bas de l'article mentionné ci-dessus se trouve un lien vers "Le CNNum se
penche sur l'usage du numérique à l'école".

... qui se termine par "Un enjeu pédagogique et économique" ... et la boucle est bouclée, une fois de plus (et ici, avec la forme).

Par ailleurs, Lionel, April devrait se poser des questions
sur l'usage du mot "numérique" qui est un fourre tout, dont
la puissance d'évocation va au delà de la puissance de signifié
et qui renvoie de plus en plus, non pas à de l'informatique,
mais à une approche consummériste et "media".

Je ne crois pas que le problème soit lié à l'usage du mot "numérique". Un mot n'est qu'un mot, et si l'on décidait demain d'utiliser
"digital", "TIC" ou "grille-pain" à la place, ça ne changerait rien au fond du problème.

Le mot sert une idée, et l'idée en question est connue de tous depuis belle lurette : la situation de l'Education Nationale, face à la
question des TIC et l'évolution qu'elles impliquent dans la société, est absolument déplorable et gérée depuis trente ans selon
une logique exclusivement mercantile.


Et si, les partis politiques n'ont pas répondu au questionnaire
de l'April, c'est principalement dû à l'écran de fumée du concept
numérique.
Presque tous les partis ont leur commission numérique, qui d'ailleurs
reprennent pratiquement les recommandations de la Commission
Nationale du Numérique - composée exclusivement de chefs d'entreprises
en communication.

Rien de neuf là-dedans, donc (voir ci-dessus).

Réfléchissez bien à tous au piège, après l'aveu généralisé de
l'échec du B2i, d'un enseignement au numérique.
Pensez-vous que ce sera les mêmes contenus qu'un enseignement
de l'informatique ?

Voilà bien l'une des questions que je veux -ne pas- me poser. J'explique :

Cela fait six ans que ma fille aînée va à l'école (une Ecole Numérique Rurale qui ferait bien "cas d'école" ...) et cela fait six ans
que je vois, entends et lis des personnes s'interroger sur la même question du "numérique". Dans le même temps, l'école en question
a été équipée à grands frais, et c'est bien le seul changement visible.

Hormis l'équipement, tout est dans la même configuration "standard" depuis six ans : virus, pannes récurrentes, dépenses récurrentes ...
Pour certains, un business bien rôdé.

Ce business possède une grande force : il est factuel. Il ne se fatigue pas à soulever des questions et se contente de fournir des réponses.
Il est aussi efficace : il sait créer et entretenir une situation de dépendance. Il est opiniâtre. Si l'on arrive à le faire reculer d'un côté il trouve
le moyen de s'imposer de l'autre : la vente liée, les licences, l'obsolescence calculée, les lois anti-piratage, les formats de fichiers ...
Et plus le temps passe, plus ses moyens deviennent imposants et persuasifs.

J'ai vraiment le sentiment d'énoncer de ridicules évidences, mais cela fait six ans que je constate que ces évidences sont
systématiquement ignorées par celles et ceux qui veulent faire changer la situation.

Le débat politique ? Le bien fondé de l'enseignement au numérique, opposé à l'enseignement de l'informatique ? La distinction entre
le savoir et les compétences ? Très intéressant. Je ne nie pas le bien- fondé ni encore moins la légitimité de ces questions, mais je suis
convaincu qu'il est possible et plus que nécessaire de répondre à l'évidence que l'on connaît par des actes "de survie", avant tout.

Bien qu'ils soient de plus en plus sollicités par des "missions" en marge de leur fonction initiale, les enseignants ne sont pas -encore- des
abrutis de travail incapables d'intégrer des notions nouvelles ou de nouveaux outils sans qu'une réforme, un plan ministériel ou une
politique revendiquée par un quelconque candidat vienne leur dicter leurs actes. Ils n'ont pas -à ce point- besoin que l'on réfléchisse à leur
place.

Cela fait de nombreuses années qu'ils décrivent de façon très claire le marasme dans lequel il doivent intégrer les TIC, et cela fait de
nombreuses années que la quasi intégralité des structures chargées de les soutenir, conseiller, informer voire former dans le domaine
font intégralement le jeu des lobbies du "marché" de l'éducation.

De l'instituteur, déchargé pour effectuer la maintenance dans son canton, au service du Rectorat chargé d'apporter un soutien à l'échelle
régionale, le système est absolument invariant. La sensibilisation des chefs d'établissements ? La formation des enseignants ? Celle des
rares personnels embauchés dans certains établissements pour maintenir le parc informatique ? Les préconisations régionales, avalisées
par des décideurs plus politiques que compétents ? Tout pareil. C'est- à-dire à peu près pas grand chose. Ne reste plus, au moment de
décider, qu'à faire son choix sur l'étagère, en écoutant attentivement les conseils du vendeur (qui ne sont pas forcément mauvais,
entendons-nous bien).

Personnellement, je me moque éperdument de ce que mes filles recevront à l'école, au collège et au lycée en matière d'informatique et de
citoyenneté numérique ; c'est mon métier et je prétends pouvoir faire bien mieux que toutes celles et ceux que j'ai pu rencontrer jusqu'à
maintenant dans les établissement que fréquenteront mes gamines. Ce qui ne m'empêche pas de me demander ce que l'on pourrait faire
pour améliorer la question.

Mais j'ai du mal à trouver un rapport valable entre cette question et la campagne présidentielle, le piège de l'enseignement au numérique
opposé à l'enseignement de l'informatique ou les organes multilatéraux du néo-libéralisme, quand je vois ce que l'on peut et doit faire et
qui n'est pas fait, depuis si longtemps.

Sylvain Pourieux.


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