Accéder au contenu.
Menu Sympa

educ - Re : Re: [EDUC] Apprendre la programmation informatique aux enfants sur France Info

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re : Re: [EDUC] Apprendre la programmation informatique aux enfants sur France Info


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: d michon <d.michon AT laposte.net>
  • Cc: educ AT april.org
  • Subject: Re : Re: [EDUC] Apprendre la programmation informatique aux enfants sur France Info
  • Date: Fri, 30 May 2014 12:02:30 +0200 (CEST)

----- d.michon <d.michon AT laposte.net> a écrit :
> Ce jeudi également sur RFI était relaté un partenariat pour
> l'enseignement de la robotique dans le secondaire et son concours.
> Je n'ai pas su si l'entreprise citée distribue le matos en opensource et
> s'il est pilotable de façon interopérable.
>
> Ici, Planète sciences au CSG de Kourou avait du matériel embarqué dans
> des fusées éducatives modulaires qui réalisaient des enregistrements en
> temps réel mais c'était du matériel propriétaire ( et on ne blague pas
> avec des réacteurs) et un émetteur d'un signal analogique.
>
> Je crois qu'il sont passés depuis peu à Arduino.
>
> Didier Michon

L'April va sans doute être reléguée à la poubelle de l'histoire pour
n'avoir pas su prendre le tournant de la critique du cloud computing,
notamment de l'informatique comme SaaS et de toutes ses conséquences ;
sans oublier la critique de concepts mensongers comme "numérique"
employé en tant que substantif et bien d'autres...

Au moment où l'EPI se livre à une propagande sans précédent pour avancer
sa vision dans les médias, quitte à forcer le trait et/ou mentir aux
journalistes (cf. plus bas) ; où Boissinot président du Conseil supérieur
des programmes est auditionné à l'Assemblée nationale ; où des associations
d'enseignants comme l'association de professeurs de technologie
Pagestec a été auditionnée par le Conseil supérieur des programmes, écrit
au ministre du redressement productif, participe à l'EPI ; où des partisans
de l'Open Source militent pour l'apprentissage du code à l'école d concert
avec Microsoft, Google, etc ; l'April est étrangère à ces débats ; étrangère
aux enjeux de l'éducation.

Même le Café pédagogique, chien de garde de Microsoft dans l'Education
se livre à une critique des ENT, alors même qu'à l'April nous n'avons
jamais été capables de nous livrer à une critique des ENT, nous contentant
d'accoler "logiciels libres" à chaque projet abracadabrant de l'Education
nationale sans la moindre analyse critique de ces projets....

En réalité si le Café pédagogique met en avant l'échec des ENT (après les
avoir encensé) c'est bien sûr parce que l'enjeu s'est déplacé sur
les tablettes numériques (Terminaux 2.0 du "clown computiong") dont le parc
n'est pas géré par les serveurs locaux des établissements qui hébergent
les plateformes des ENT et/ou des CMS qui sont bien souvent des passerelles
vers des sites distants et externalisés.

Promouvoir le Libre dans ces conditions ne veut plus rien dire !

Si ce n'est comme une diarrhée protestataire, où ne portons de jugement
critique
sur rien, si ce n'est pour rajouter le terme "logiciel libre" à ce que nous
avons refusé de penser.

Cette décomposition qui n'est pas sans évoquer celle des partis politiques,
de la montée du fascisme un peu partout en Europe (et je ne suis pas loin
de penser que le Front National a servi d'amortisseur, car nous pourrions
avoir la même chose en France qu'en Grèce ou en Hongrie sans le FN ; voir
tous ces connards y compris dans les milieux dits Libertaires qui soutiennent
Dieudonné). Elle a principalement pour cause l'absence de perspectives,
l'absence d'alternatives.

Or on ne peut pas construire une alternative sans examen critique.
"Le terme de critique provient du grec kritikē (κριτική), signifiant «
(l'art de) discerner".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Autocritique

C'est-à-dire, cesser de penser par amalgames, avec des mots valises dont
la puissance d'évocation va au-delà de la puissance de signifié ; mais
également cesser de penser de Libre dans une segmentation arborescente
et retrouver une pensée cohérente et militante.

Exemples qui ne sont pas sans conséquences en termes de répercussions
sur l'enseignement de l'informatique et du Libre à l'école :

a) Notre position sur l'informatique à la fois science et technique :
--------------------------------------------------------------------
Pour Gilles Dowek, l'un des penseurs de l'EPI, l'informatique serait à
la fois "science" et "technique".
Ici technique est employé dans un sens multiple, renvoyant tout à la fois
à la philosophie de Martin Heidegger sur la "technique", comme procédé
de programmation, etc.
Gilles Dowek conteste la notion de "technologie" qui n'est à ses yeux
qu'un néologisme.
Si l'on se place du point du Libre. Il importe de rester cohérent avec
les Eurodéputés qui, entraînés par Michel Rocard, ont rejeté la seconde
directive européenne sur la brevetabilité des logiciels en rappelant
qu'en Europe, ne pouvait être breveté que ce qui revêt un caractère
technique. Revêtant un caractère technique ce qui modifie directement
les forces de la nature.

Cela aurait dû nous amener, par cohérence avec l'axiomatique du Libre,
à nous opposer à la position de l'EPI qui déniait, y compris dans
le rapport de l'Académie des sciences, que l'informatique est également
une ingénierie, une technologie. Et donc faire nôtres les positions du
Conseil national du numérique libre qui vont totalement dans ce sens.
Positions en partie reprises dans le CP commun, sur l'inspection générale
et Microsoft que j'avais initié.

Cela nous aurait dû également nous amener à mieux définir quelle est
la spécificité de la science et de la technologie informatique.
Quand Jean-Pierre Archambault, ici-même, dans un débat avec Louis-Maurice
revendique la neutralité de la science : "Une procédure récursive n'est ni
libre ni propriétaire" écrivait-il.
Soit, en admettant la neutralité de la science, qu'en est-il de la
technologie ?
Enseigner une technologie libre ou une technologie privatrice, est-ce la même
chose ?

Pour la vision privatrice, il n'y a pas de séparation entre un brevet
industriel et un brevet logiciel, tous deux relevant de la technique.

A partir de ce moment là, réduire l'informatique à de la science et de
la technique n'est effectivement pas neutre et privateur et donc
obscurantiste.

b) Notre position sur la vente subordonnée
--------------------------------------------
Est-il besoin de rappeler que nous luttons sur le plan de la consommation
pour une distinction entre matériel et logiciel ?

Est-il besoin de rappeler que Benoît Hamon, ancien secrétaire d'Etat
à la consommation s'était opposé à un amendement anti-vente liée.
http://www.zdnet.fr/actualites/projet-de-loi-consommation-beno-t-hamon-fait-retirer-un-amendement-anti-vente-liee-39792856.htm
http://www.nextinpact.com/news/82322-vente-liee-pc-et-os-benoit-hamon-enterre-promesses-dhollande.htm

Or aucun programme de l'Education nationale ne propose (et pour cause !!!!)
d'apprendre aux élèves à distinguer le hardware du software, ce qui est
est matériel et revêt un caractère technique, de ce qui relève
traitement des données.

Pourtant depuis Hassenfratz qui instaura la première chaire de technologie
durant la révolution française avec le soutien de Monge, Condorcet, "place,
Fourcroy, Berthollet, Guyton de Morveau, etc... la technologie a pour objet
d'étudier l'interaction entre les arts (techniques), les sciences
(mathématiques,
physique, etc), les modes de production, l'économie, le droit, etc...

Enseigner signifie aussi : éveiller à l'esprit critique, apprendre
à discerner.

De ce postulat premier, apprendre à discerner ce qui relève de la partie
matérielle, technique, de ce qui relève de la partie logicielle, en phase
avec notre refus des brevets logiciels et de la vente subordonnée débouche
une approche spécifique de l'enseignement du Libre à l'école, en tant
que technologies.

L'April n'a pas de vision cohérente de l'enseignement de l'informatique
à l'école, parce qu'elle n'applique pas les principes du Libre à
l'enseignement,
se limite trop souvent à la seule question des usages légitimé par une
référence à de l'éthique (utiliser les logiciels libres serait mieux) ;
occultant
le fait que l'éthique mise en avant par Richard Stallman se déploie comme
une axiomatique sous la forme d'implications de type : si A est vraie alors B
est
nécessairement vraie.
Il n'y a pas d'opposition entre l'axiomatique du logiciel libre, donc sa
didactique,
d'avec ses enseignements.

Promouvoir le libre à l'école, à l'heure du triomphe commercial et
idéologique
du clown computing où tout n'est que nuage, brume, pâture et vent globalisé
sous le vocable "numérique" ne veut rien dire et ne peut que mener le groupe
educ de l'April à la poubelle de l'histoire, si cette promotion ne s'assied
pas
sur un enseignement.

Or, ce n'est pas par hasard si Boissinot, l'inspection générale, et tous
les idéologues du néo-libéralisme, dénient, à l'instar de Benoit Hamon
que soit enseignée la séparation entre Hardware et Software. Car de ce
postulat premier débouche celui de système d'exploitation, système de
fichiers, également absent des revendications du Syntec-Médef, Microsoft
and co, dans leur lobbying pour l'apprentissage du code à l'école.

Pour Boissinot, le "numérique" se décompose en 3 aspects :

- Enseigner avec le numérique (dans une vision qui reste encore purement
dominée dans une logique émetteur/récepteur ou le numérique est un "outil",
autre avatar pour dire technique. De ce fait on a une convergence entre
les partisans de l'apprentissage du code (Microsoft, Google, etc).

- Prendre la mesure des usages du numérique (propriété dite intellectuelle,
protection des données personnelles, déontologie).

- Codage. Réduite à titre d'exemple à un élève qui déplace un personnage
à gauche ou à droite. Boissinot, voit la décomposition de cette partie,
confiée en partie aux mathématiques pour la partie algorithmique,
à l'enseignement ISN au lycée et à l'éventuelle ouverture des programmes
de technologie en collège centrée sur la partie matérielle (robotique
par exemple).

Or historiquement l'adjectif "numérique" avait été proposé par l'Académie
française des sciences pour remplacer l'américanisme "digital".

Et Wikipédia rappelle fort bien à ce propos que : "Cette utilisation du terme
"digital" pour numérique provient d'une extension erronée de "digital
display"
ou affichage à 7 segments des années 1980 pour tout affichage de nombres,
puis à toute numérisation. Le succès de ces afficheurs à 7 segments
("digits" en angloaméricain, c'est-à-dire "doigts"), fait que le terme
digital display est devenu par la même dérive que celle de frigidaire
(une marque) pour réfrigérateur".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Digital

Nous voilà en plein ce que Freud qualifiait de condensation et de
déplacement dans la psychologie des rêves, basés sur la métaphore
et la métonymie.

Le passage de l'adjectif numérique au substantif dans l'univers médiatique
étant lui-même un déplacement de "convergence numérique" vers "numérique".

Si ni la séparation entre matériels et logiciels, système d'exploitation
et applications sont ignorées de l'enseignement d'une culture technologique
pour tous qui serait en phase avec le Libre, puisque leur occultation
participe à l'obscurantisme privateur, qu'en est-il du concept même
de "numérique" dans ses aspects technologiques ?

Rappelons que l'adjectif numérique et le substantif "numérisation" et non
pas "numérique" signifiaient :

- la description d'un document physique par un fichier numérique ;
- la conversion d'un signal électrique analogique en un flux numérique.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Num%C3%A9rique

Et l'on retrouvait là encore les deux aspects matériels et logiciels.
La conversion du signal renvoyant à la physique et aux applications
techniques ; la partie fichier numérique à la partie données, représentation
des données, codage/encodage des données.

Cet aspect là étant également totalement en phase avec le Libre - donc
occultée dans les programmes officiels et les partisans du code - puisqu'elle
permet de rendre intelligible et d'enseigner l'interopérabilité.

Je pourrais continuer de développer élément par élément en quoi le groupe
Educ de l'April en ayant refusé de prendre en compte un lourd travail
de réflexion et de proposition sur l'enseignement de l'informatique
à l'école, en se contentant de promouvoir les usages des logiciels
libres, sans de plus s'intéresser à leur didactique nous tout droit
dans une décomposition.

Il est encore temps de se ressaisir et de nous inscrire dans une politique
éducative.

Librement,
Charliçe






















Archives gérées par MHonArc 2.6.16.

Haut de le page