[EDUC] Re : Re: Re : Re: Fwd: [Diversite] Mis à jour de la page des gulls

[cnestel AT free.fr]

----- Frucot Jean-Louis <frucot.jeanlouis AT free.fr> a écrit :


> Vraisemblablement, mais on ne peut faire d'un exemple une généralité. 
> Dans mon département, il n'existe rien de tout cela.
> Il se pose aussi d'autres problèmes quand aux intervenants dans les 
> écoles : un en sport, un en musique, un en arts visuels, un en 
> informatique (ou autre appellation au choix), ça commence à faire du 
> monde dans un cycle ou le "maître" doit assurer une certaine 
> transversalité des apprentissages.

> Promouvoir cette façon de faire ne fera que créer des disparités entre 
> communes (niveau auquel fonctionnent les écoles) qui peuvent financer 
> ces activités et celles qui ne le peuvent pas (c'est déjà le cas). Pour 
> illustration, j'ai conduit cette année une animation "cirque" avec une 
> professionnelle pour en gros 25 séances d'une heure. La communauté de 
> commune a payé la moitié (550€) et les parents par le biais de la 
> coopérative scolaire l'autre moitié. Ce ne sera pas possible tous les 
> ans sans compter que d'autres écoles voudront peut-être bénéficier de la 
> même activité (ni les crédits, ni le temps de l'animatrice ne sont 
> extensibles).


J'entends complètement ce que tu dis.


> Que ces activités soient proposées, favorisées dans le cadre 
> d'associations, très bien, mais je pense que ce n'est pas le but à viser 
> pour l'école élémentaire si on veut quelque chose de pérenne et de 
> qualité respectant le droit des enfants à être traités équitablement à 
> l'école.

Le problème que tu poses c'est celui du double statut du temps extra ou
péri-scolaire d'une part, et du statut symbolique de l'école en tant 
qu'espace 
scolaire.

Notre collège est par exemple jumelé avec une école Waldorf en Allemagne.
Quand les allemands viennent dans notre collège, ils considèrent que
c'est une prison. Dans leur école en Allemagne, il n'y a pas de murs
d'enceinte, ni bien sûr de grille où l'on est contrôlé à l'entrée
et à ls sortie. La frontière qui sépare la ville de l'école est
dans leur tête, elle est mentale. 
Depuis des dizaines d'années, la plupart des écoles du nord de l'OCDE
ont des services d'équipements partagés ; à l'instar de la piscine
de l'école à aires ouvertes Saint-Merri à Paris où mon fils a été
scolarisé. 
Dans un grand nombre d'écoles des pays nordiques existent des salles
de spectacles, des salles de réunions, des salles informatiques 
qui sont considérés comme des services d'équipements mixtes, pour les
activités scolaires, pour les activités périscolaires et citoyennes.

Autant je peux entendre ce que tu dis sur les inégalités territoriales
et le droit des enfants à être traités équitablement à l'école, autant
je ne vois pas en quoi des activités péri et/ou extra-scolaires
qui seraient animées par des associations seraient à ce point mal
vécues en France par les enseignants alors que cela se pratique ailleurs ?

Je ressens tes dires comme une atteinte à la sanctuarisation de l'école.

Mais il est vrai que l'architecture scolaire des pays du nord de l'OCDE
permet le déploiement d'équipements mixtes parce que l'espace s'y prête.
Les salles de cours restent un territoire inviolé.

 
> Ayant connu le plan "Informatique Pour Tous", les ENR, les chèques 
> logiciels,..., vous me permettrez de douter quant à l'avenir de cet 
> énième plan s'il est aussi peu préparé que les autres.

J'ai également connu cela. Mais j'ai aussi vécu une expérience positive.
J'enseignais dans un collège de banlieue à Saint-Denis et je réalisais
dans les années quatre-vingt un petit magazine qui était partout diffusé
en France consacré aux communautés des micro-serveurs Minitel et/ou BBS
RTC.
C'est ainsi que j'ai connu Laurent Chemla qui avait développé un petit
logiciel serveur et un boîtier détecteur de sonnerie pouvoir transformer
les MO5 en serveur Minitel RTC.
L'Education ne voulait pas de son produit, les bureaucrates du volet
télématique du plan IPT non plus. On touchait là à leur pouvoir.
Je fus donc le seul collège de France à utiliser le produit de Laurent
Chemla qui nécessitait l'apprentissage d'un langage Basic qu'il avait
créé dédié télématique.
Comme mes capacités d'apprentissage étaient plus lentes que celles
de mes élèves. Laurent intervint donc toutes les semaines dans ma classe
où je devins également son élève. 
Le micro-serveur fut médiatisé sous le nom de ZARBI, il tourna ensuite
sur Atari ST, toujours sur un soft de Laurent pour l'éditeur vidéotex.
Monory alors ministre de l'éducation inaugura au Carrefour Media Jeunesse
de Niort Zarbi. L'éducation nationale n'avait rien d'autre à montrer
de créatif que ce qui avait été réalisé par des gamins d'un collège de 
banlieue.

Le temps passa. Un jour, l'un de mes anciens élèves soutînt une maîtrise
d'informatique - un compilateur Prolog pour plan 9 - qu'il dédia à Laurent
Chemla qui dans lui avait ouvert l'univers de la programmation quand il
était collégien.

Quand Laurent intervint dans ma classe, il n'avait aucun diplôme. Pas
même le bac. Il était encore pratiquement ado. Quelques années plus tard
il fonda l'une des toutes premières entreprises du logiciel libre - 
Brainstorm -
où Benjamin Bayart fit ses premiers pas...

Le libre dont tu fais partie c'est aussi une histoire d'êtres humains,
ce qui n'interdit pas qu'on puisse avoir des positions politiques
claires, comme les tiennes que je partage, surtout en ce qui concerne
l'école.

A ma connaissance, seule AbulEdu propose des tablettes équipées
de logiciels libres dont l'aura dépasse ton département.

Librement,
Amicalement,
Charlie