Accéder au contenu.
Menu Sympa

educ - Re: [EDUC] inscrits d'office à une ENT sous copyright .

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re: [EDUC] inscrits d'office à une ENT sous copyright .


Chronologique Discussions 
  • From: Patrice HARDOUIN <patrice AT biotechno.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] inscrits d'office à une ENT sous copyright .
  • Date: Sun, 15 Mar 2015 14:32:55 -0300

Le 15/03/2015 13:02, d.michon a écrit :

De toute manière lorsque j'ai posé la question à l'un de nos conseiller sa réponse fut sans ambages :
" Tes collègues ne se posent pas tant de questions. Ils veulent du clé en main, alors pourquoi s'en faire ( .... ) ?"
La Guyane est très particulière sur ces points. Je tiens à rapporter ici même des soucis rencontrés dans le secondaire (c'est de moins grande ampleur que la situation que tu décris mais si cela peut donner du grain à moudre pour votre argumentaire…).

Je suis enseignant PLP en SEGPA sur Cayenne (j'étais en LPO les années précédentes mais j'ai décidé de voir ailleurs ce qui s'y passait). Je me suis retrouvé à enseigner des techniques d'entretien/hygiène et de la cuisine sans matériel (2 bacs évier et un four micro-ondes en tout et pour tout). Cela ne m'a pas empêché de faire quelques préparations avec les élèves (50 sandwichs + boissons vendues 1,50€ aux élèves à chaque récréation). En parallèle, j'avais rédigé un rapport stigmatisant les règles de sécurité qui n'étaient pas respectées (risques biologiques, chimiques, électrique, incendie/explosion…) ainsi qu'un projet d'équipement informatique de 300€ pour 3 ordis recyclés (Recycl'Ordi), imprimante, scanner, cablage ethernet…

Lors de sa visite dans le local me servant de salle HAS (Hygiène Alimentation Service en SEGPA) mon IEN-ET a confirmé tout ce que j'avais relevé à mon rapport et a conclu que je ne pouvais pas faire de cuisine dans ces conditions. Jusqu'ici tout va bien…

Il a également repoussé d'un revers de la main mon projet informatique avec les arguments suivants :
- matériel d'occasion hors de question : risque de tomber en panne, de plus l'ancien DANE était contre (avis de l'ancien DANE complètement inventé par l'IEN-ET puisqu'il m'avait tenu le discours contraire quelques mois avant sa mutation) ;
- GNU/Linux sur ces postes vétustes : hors de question ; quand vous serez parti, qui va les maintenir ? ;
- ordinateurs fixes (avec du film plastique changé tous les jours sur les claviers) : inopportun : il vous faut prendre des tablettes.

J'ai eu beau argumenter que les tablettes dans la farine ou à côté de l'évier c'était peut-être ça qui n'était pas opportun ; qu'utiliser une tablette en atelier avec des doigts humides c'était quasiment mission impossible ; que j'avais besoin que les élèves accèdent à un kiosque leur donnant aussi bien accès à des informations (recettes, protocoles d'entretien…) qu'à des outils de saisie (stocks, traçabilité…) et que Android ou iOS ne me permettrait pas de construire (en bricolant sur l'existant ; je ne suis pas développeur) des applications pédagogiques pour l'acquisition des compétences professionnelles et que, de plus, un ordinateur dans une salle de préparation alimentaire ça se voyait régulièrement et que c'était ça qui était utilisé en entreprise actuellement. J'ai également argumenté que les tablettes c'était quasiment du jetable et que je pensais bien que mes ordis, tout aussi recyclés qu'ils étaient, risquaient fort des les dépasser en longévité à quelques changement de pièces près.

L'IEN-ET a simplement rétorqué que iOS était évidemment le seul système valable à son avis. Il n'a pas mouffeté lorsque je lui ai dit q'iOS était un UNIX au même titre qu'une distribution GNU/Linux, que les tablettes étaient majoritairement sous Android qui possède un noyau Linux et qu'au final mon GNU/Linux était certainement tout aussi efficace qu'iOS ou Android… Il n'a rien voulu savoir du fait que j'avais déjà fais cela (sur Saint Laurent du Maroni) en équipant les ateliers de 10 postes sous GNU/Linux parfaitement intégrés au serveur pédagogique Scribe…

Mon IEN-ET a fini par me dire d'utiliser la salle informatique du collège ce à quoi je lui ai rappelé que mon but n'était pas de faire des cours d'informatique mais bien d'utiliser (en complète individualisation de la formation) le numérique au sein d'activités professionnelles pratiques.

Ma chef d'établissement est allé dans son sens en me demandant d'aller utiliser les ordinateurs du CDI avec mes élèves (je me voyais bien dire aux élèves : alors vous commencez par laver vos légumes et pendant qu'ils restent 10 minutes dans le bain désinfectant nous allons aller au CDI pour que vous puissiez consulter les recettes, que vous allez retenir par cœur pour revenir dans l'atelier terminer votre préparation de plat…).
Ma chef a également précisé que, puisque l'IEN-ET demandait à ce que tout ce qui était dangereux sorte de la cuisine (c'est à dire tout sauf les éviers et le micro-ondes) il était hors de question de rajouter des ordinateurs.

L'informaticien de l'établissement (un contrat précaire comme d'hab, mais le seul vraiment compétent finalement, même pédagogiquement parlant) m'a refilé 3 ordis donnés par le CSG. Il m'a également donné un switch ethernet et une carte réseau pour remplacer celle défaillante d'un des ordis. J'ai tout installé sous ZorinOS (promu par une entreprise de Cayenne pour les équipements scolaires, ce sont les seuls derniers vrais assembleurs alors autant les aider pour leur promotion de GNU/Linux).
 
Lorsqu'elle a vu que je fonctionnait avec ces 3 ordis ma chef d'établissement a alors soutenu mon projet et m'a permis d'acheter le cablage suffisant (50€) pour me connecter à la queue de réseau dans la salle voisine.

Maintenant mes élèves font des affichettes de préventions avec une version adaptée du Geektionerd (installé en local sur les 3 postes), réalisent des logigrammes des tâches professionnelles d'entretien des locaux réalisées, rédigent leurs CV (pour le CFG) sur le site du pôle emploi, ont modélisé la salle et son mobilier en 3D (avec SweetHome 3D) pour permettre de réaménager le local sans se casser le dos…

Toute cette histoire aura duré 6 mois et mon projet a pu aboutir sans aucune validation pédagogique («des tablettes sinon rien»). Maintenant que je ne peux plus faire de TP de cuisine je suis bien content d'avoir la possibilité de former mes élèves à des compétences sur ces ordis.

C'est dommage cette situation qui est liée au seul fait que :
- les IEN doivent être certainement récompensés au nombre de projet «tablettes» et non pas sur la mise en place du numérique pédagogique ; même les TNI sont mis de côté, c'est pour dire ;
- chacun d'entre eux pense savoir ce que l'enseignant doit faire pour l'intégration du numérique : cette académie n'est certainement pas faite pour accueillir des innovations pédagogiques.

C'est également dommage car le directeur de la DSI est à fond sur les formats ouverts notamment. Quand je pense que mon IEN-ET m'a renvoyé plusieurs fois, et sans les lire évidemment, mes documents (ODT et PDF) parcequ'ils n'étaient pas en «Word» ou «Excell».

Bon, bref, une académie bizarre que cette Guyane avec des personnages dirigeants et décideurs qui feraient bien de prendre des cours de management (même un niveau BTS suffirait pour régler ces soucis). Je pense que cette sixième année sera dans les dernières que je passerai à tenter de fonctionner, car même à coût «0» mes projets ne passent pas (j'ai un projet de composteur pour les déchets de la cuisine qui a été refusé sous prétexte qu'on a une poubelle… on n'a pas de tri sélectif mais on a effectivement une poubelle : argument imparrable !).

En bref : Les ordis sous GNU/Linux et le DIY sont à bannir de Guyane : on n'est pas une académie de SDF tout de même et on peut se permettre d'investir dans le tout tablettes et le matériel importé à grands frais !

bien cordialement,

Patrice HARDOUIN



Archives gérées par MHonArc 2.6.18.

Haut de le page