Re: [EDUC] Tablettes/Framablog

[Laurent Spagnol <laurent.spagnol AT univ-reims.fr>]

Des retours d'expérience ?

Le cas dont je parle est ici un peu différent: il s'agit de 
l'enseignement supérieur.

Prenez un amphi équipé en Wifi, installez-vous en hauteur, et observez: 
la moitié des étudiants ont un écran, mais pratiquement aucun ne 
l'utilise dans un but "pédagogique" !!

Entre ceux qui se baladent sur Facebook, regardent des matchs de foot, 
des émissions de télé-réalité, jouent à Candy-Crush, WoW, ou je ne sais 
quoi d'autre ...

Le Wifi utilise la moitié de l'énorme bande passante dont nous 
disposons. Et nous savons très bien ce à quoi elle est utilisée: à part 
du streaming et du téléchargement illégal, pas grand chose !!

Parlons maintenant de notre cas: les écoles et les collèges.

Au cours de ma carrière, j'ai été M.A., puis "technicien" dans 
l'enseignement supérieur, pour un Rectorat, un IUFM, et à présent une 
université.

J'ai vu défilé les projets lancés à grand frais, publicité, et surtout 
perte et fracas ... :
- les salles multimédia (désertées au bout de quelques semaines car 
constamment en panne et personne pour les gérer)
- les TBI (qui terminent barbouillés au feutre par ce qu'on a rien 
inventé de plus pratique, de plus fiable, et de plus simple à utiliser)
- les classes connectées dans lesquelles prête un ordi portable à chaque 
étudiant (entre la casse, le vol, la "perte", les virus, ...)
- les projets d'examens sur tablettes ou on espère que 600 étudiants 
d'un amphi arriveront à accéder à des contenus vidéo simultanément avec 
du Wifi ...
- les salles de visioconférence "usine à gaz" que personne n'utilise car 
trop compliquées (je peux donnez aussi le contre exemple de visio 
utilisée intensivement quand le matériel est réduit à sa plus simple 
expression)

Je veux bien croire qu'il y a quelques expériences réussies, menées par 
des passionnés (qui n'ont rien d'autre à faire, pas de vie de famille, 
des enfants exceptionnels qui n'ont pas besoin d'aide, une femme de 
ménage, ...)

Généraliser ce genre d'initiative à coup de centaines de millions 
d'euros (multipliez le coût d'un tablette par le nombre d'élèves, et 
vous serez encore loin du compte).

Imposez cela à des collectivités qui ont déjà bien du mal à joindre les 
deux bouts ...

Imposez du travail supplémentaire à des enseignants qui n'en peuvent 
plus des paperasses à remplir, et par dessus le marché, ils devront 
encore bosser le soir sur informatique et produire des contenus qui 
seront bons à balancer si le marché suivant est attribué à un autre 
constructeur ...

Vous n'êtes pas au pays des Bisounours !!! L'argent ne tombe pas du 
ciel, le matériel ne fonctionne pas tout seul, et le contenu est bien 
plus long et contraignant à produire sur ce genre de trucs.

Tout ceci n'est que gadget, effet d'annonce, et n'a pas grande utilité.

Cdlt,

LS



Le 02/04/2015 11:36, Jonathan Tessé a écrit :
> Le 02/04/2015 11:22, bdesroches AT free.fr a écrit :
> > Cette posture est risquée même si je comprends la démarche. C'est mal
> > connaître l'éducation nationale et son histoire... Aucune chance de
> > faire accepter des systèmes libres sur des tablettes ce sera trop
> > compliqué et puis, ça existe ? pas vraiment, que je sache.
> Pas d'accord, les expériences montrent que ça fonctionnent si on a une
> dynamique positive, et pas une position arc-boutée.
> > Mais il y a plus grave. Car si l'introduction de la tablette peut être
> > valable en maternelle du fait quel es élèves ne savent pas encore ou
> > apprennent seulement à lire, il n'en va pas de même pour la suite des
> > études
> >
> > Je n'ose imaginer l'utilisation de tablettes par les collégiens ou les
> > lycéens. Ils ne s'en serviront pas pour travailler.
> Des retours d'expériences pour confirmer ces propos ?
> Je ne connais bien que le primaire et j'y vois aussi des utilisations
> intéressantes avec des élèves lecteurs. Travailler sur la recherche
> d'informations, la sélection des sources d'information, le recoupement,
> la réutilisation, la synthèse,... sont des compétences qui permettraient
> de poser efficacement la question des outils utilisés.
> Si on ne fait rien, on ne peut pas s'attendre à ce que les élèves
> d'aujourd'hui soient moins passifs que leurs parents...
>
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Laurent Spagnol
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