Re: [EDUC] Des infos pro via Google

[Thierry Munoz <thierry.munoz AT free.fr>]

Le 21/11/2015 07:26, Christophe De Natale a écrit :

Le 20 nov. 2015 à 21:27, Nicolas George <ngeorge AT april.org> a écrit :

Le decadi 30 brumaire, an CCXXIV, Christophe De Natale a écrit :

La situation peut être intenable, néanmoins, les exécutants n’ont pas à
décider de comment il faut faire.

Les exécutants sont au pied du mur, ils ne peuvent pas ne pas décider.

Le souci est ailleurs de toute façon.

Donc arrêtons de blâmer les exécutants.

Oui et mille fois désolé, le terme exécutant n’est peut-être pas approprié, utilisateurs(-trices) si vous voulez.
Bien sûr que vous n’êtes pas à blâmer, ni personne d’ailleurs car chacun(-e) fait comme il ou elle peut.

Ce que je désire vous faire comprendre, c’est qu’une prise de conscience est nécessaire sur la nature extrêmement confidentielle des données qu’un établissement fait cheminer par voie numérique. Vous avez parmi vos élèves de futurs cracks en informatique, certains ayant sûrement déjà expérimenté des outils que l’on trouve en pack sur Internet et qui permettent de pénétrer aisément un réseau informatique.
Il ne s’agit pas là de parano ou de films de science-fiction, c’est la réalité …
Et comme il est parfaitement dit dans le courriel me précédant, c’est une énorme boulette d’avoir décidé d’utiliser gmail.

Donc je me répète, mais si vous constatez des dysfonctionnement sur l’utilisation de l’outil informatique au sein de votre établissement, il serait bon d’en toucher un mot à qui de droit (un courrier manuscrit ou courriel que vous vous envoyez en copie pour preuve afin d’être efficace, les paroles ayant tendance à s’envoler dès qu’elles sont prononcées).
Le ou la responsable de l’établissement ne peut se permettre de ne pas réagir face à un tel cas, quitte à faire un audit sur les pratiques informatiques.


Quand je dis « le souci est ailleurs », cela sous-entend qu’on nous bassine avec l’ère du numérique et paradoxalement (HS par rapport au titre du fil, quoique …) :
 
## on dépense des sommes faramineuses afin d’équiper les gamins en « Ordilib, Ordilot, etc… » (en midi-pyrénées, nous dans le Lot c’est au quotient familial mais sur l’Hérault ils donnent carrément un portable à chaque élève entré en sixième voire en seconde ; c’est la Région qui finance avec les deniers publics et c’est bien entendu le gros fournisseur américain de Montpellier qui a obtenu le marché).
Nous avons acquis un Toshiba 15 pouces pour 120€, il n’y a qu’à voir ce que font les gamins avec => rien ou quasiment :-)

Donc du fric jeté par la fenêtre car on ne peut pas tout miser sur le matériel sans la formation qui doit aller avec. Comprendre ici que ce n’est pas parce qu’on distribue du matériel à gogo que tout est réglé et c’est pourtant la couleuvre qu’on veut nous faire avaler.
Pour l’anecdote, lorsque notre cher Président était conseillé en Corrèze, un marché a été conclu avec Apple pour distribution d’iPad :-)
 
## les élèves du premier et second degré, et maintenant en primaire aussi avec les b2i des cm2, doivent savoir utiliser un ordinateur selon les référentiels correspondants à leur niveau. Ok, très bien, mais vu la différence de moyens techniques et humains entre certains établissements, on se trouve loin de l’égalité pour tout le monde.
Et là encore, tout dépend de la situation géographique de chacun. Les grosses agglomérations semblent bénéficier de projets mieux encadrés (surtout mieux dotés).

Concernant les écoles primaires de campagne, la situation est plus que lamentable et catastrophique. En gros, chaque circonscription est doté d’un référent ATICE, qui pour l’être doit être exclusivement issu de la formation professeur des écoles et dont le rôle est cantonné à une action pédagogique.
Je vous fais grâce du courriel de réponse qu’il m’a envoyé suite à mon questionnement sur la mise en place d’un parc d’une école : en gros il me dit que Win7 est fortement conseillé (mince désolé m’sieur, j’ai mis en oeuvre un pare-feu Amon et un serveur Debian LTSP et tout le monde est ravi, je vais pas être puni quand même ou pire, être taxé de terroriste !?)

Donc qui s’occupe des parcs info des écoles ? Et bien toujours le même schéma : soit on est sur une grosse commune avec un maire et son équipe motivés, ils votent un budget, appel d’offre, tout va bien (?).
Oui et non, car si personne de qualifié pour comprendre ce qui va être mis en place comme solution et que l’assemblée se laisse endormir par la voix magique du gentil commercial qui ne pense qu’à s’en mettre plein les fouilles …

Donc, pour les écoles de campagne => bénévolat, bon vouloir de certains parents, dons de matériel, c’est pas sérieux …
« Ils »  en veulent des projets pour créer de l’emploi ? Pas de soucis, on leur en donne à la pelle :D
Le pognon, y’en a et plus qu’il n’en faut.

## pas de programme national coordonné, pas d’encadrant dédié à la formation du personnel, pas de techniciens et administrateurs embauchés pour l’occasion avec de vrais contrats à plein temps, avec de vrais statuts (fonctionnaire, pas assimilé).
Le tout est maintenu par des professeurs plus ou moins compétents ; le bon-vouloir est une chose, le savoir-faire en est une autre.


En résumé : tout est de la poudre aux yeux et nous les exécutants (utilisateurs et mainteneurs de parc info), nous sommes tributaires de décisions prises au sommet, souvent par des gugus qui n’y pipent rien et dont la vocation ne tient qu’à faire des ronds de jambes.

Cordialement,

Bon courage à vous les profs car je n’aimerai certainement pas faire votre job et être à votre place.

-- 
 Nicolas George

Christophe De Natale

Salut à tous,

Je plussoie avec Christophe concernant son constat à l'école primaire.

J'apporte quelques précisions :

- Les Animateurs TICE effectivement ne devraient intervenir que sur des points pédagogiques (ce sont d'abord des enseignants) et pas techniques : or "on" s'en sert comme "dépanneur" (ce qu'ils font même si ce n'est pas dans leurs attributions ; ils aident aussi les inspecteurs face à leurs problèmes informatiques) vu que les municipalités ne prévoient pas bien souvent la maintenance/dépannage une fois les achats d'équipements faits. Mission qui ne correspond pas à la réalité du terrain car les questions sont d'abord d'ordre technique vu que notre formation est sommaire (ou quasiment inexistante) : on (l'Éducation Nationale) considère que tous les enseignants possèdent les compétences techniques, ce qui n'est pas le cas (je dirais qu'on "met la charrue avant les bœufs"... sans mauvais jeu de mot  :-) ). Or on ne peut faire l'impasse sur cet aspect car c'est ce qui bloque/rebute les utilisateurs lambda qui ont peur de se retrouver en rade avec leur classe à cause d'un souci technique (Internet ne marche pas, le vidéoprojecteur ne marche pas etc.). Du coup, au final, on utilise très peu le "numérique" lorsqu'on est peu à l'aise avec un ordinateur.

- Il y a eu il y a quelques années, pour les villes de moins de 2000 habitants, des fonds alloués (Écoles Numériques Rurales) pour aider les communes rurales à s'équiper en "portables" et de TBI/TNI. Au départ, il y avait un cahier des charges "intéressants" car il fallait inclure la maintenance de 3 ans (il me semble). Cette opération a eu pas mal de succès. Chez nous, d'après ce que j'ai vu, les prestataires retenus (ils avaient répondu à un appel d'offre) avaient fournis du Windows uniquement et n'étaient pas très réactifs en cas de problèmes (par exemple avec le wifi). S'il n'y a pas une personne ressource au sein de l'équipe éducative ayant un minimum de connaissances techniques, ça a du mal à fonctionner. Il faudrait voir aujourd'hui quel est le bilan de cette opération. On peut d'autant plus se poser la question avant l'opération "Tablettes" en 5ème qui va engloutir des sommes énormes (à rapprocher de l'opération Lordi en Languedoc-Roussillon avec l'utilisation qui en est faite... mon fils en a un...).

- Tout n'est quand même pas tout noir. L'Éducation Nationale finance des solutions libres (dont Amonecole+ que nous utilisons quotidiennement) qui ont le défaut d'être totalement méconnues des élus de terrains (je parle des municipalités qui ont en charge les écoles) avec le pôle de compétences Logiciels Libres du ministère de l’Éducation nationale (anciennement pôle EOLE). D'ailleurs, il y a la semaine qui vient un hackathon visant à améliorer leurs solutions http://linuxfr.org/news/hackathon-a-dijon-sur-la-distribution-gnu-linux-eole-du-24-au-26-novembre-2015.

- Suite à des fils précédents traitant de ces questions, Rémi Boulle avait ouvert un pad où je relatais mon expérience et faisais des "propositions" suite à l'installation dans mon école d'un serveur Amonecole2.3 + (serveurs regroupés au sein d'une même machine ayant pour base Ubuntu avec notamment un serveur de clients légers "Éclair" sous LTSP) et l'utilisation de logiciels libres uniquement : http://pad.april.org/p/LibrePremierDegre.

Cordialement,

Thierry Munoz