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educ - Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public


Chronologique Discussions 
  • From: Étienne ANDRÉ <etienne AT intendancezone.net>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public
  • Date: Thu, 1 Mar 2018 00:26:50 +0100 (CET)

Salut,

----- Mail original -----
> De: "Rémi Boulle" <mail AT remiboulle.fr>

> Le 28/02/2018 à 12:06, Eda Nano a écrit :

> > C'est
> > entièrement injuste que quand les autres postes Mac de mon labo
> > payent 15 euros par mois pour avoir Illustrator, les logiciels
> > libres de mes ordi de travail, ceux du serveur de développement,
> > ceux du serveur de déploiement, ceux du cluster de calcul, toutes
> > des machines cruciales pour nous labo de bioinformatique, c'est
> > totalement absurde que ces logiciels libres là n'aient rien de la
> > part des labos.

> 100% d'accord. Cela m'a toujours frappé/choqué que des établissement
> payent des licences Microsoft ou autre alors que LibreOffice (par
> exemple) est déployé gratuitement sur tous les postes. Lorsqu'on
> propose
> à ces mêmes établissement de donner même 10% du prix total des
> licences
> Microsoft à une fondation, on a l'impression de demander à jeter de
> l'argent par les fenêtres. Ce ne serait que justice de la part d'un
> organisme public.
>
> Cela ne semble pas rentrer dans les cases des dépenses possibles pour
> un établissement. Un intendant/gestionnaire de la liste peut-il
> confirmer ?

Allô, j'écoute ?
Attention, dans la réponse qui suit, il y aura peut-être de vrais morceaux de
troll méchant intendant anti-profs ;-p

Je vais m'attacher à la pure forme de la dépense publique : pour faire sortir
l'argent public (comprendre : sacré) de la caisse, il faut une pièce
justificative. A priori et en temps normal, c'est une facture réglant une
prestation dont le service est attesté bien réalisé par l'ordonnateur (le
chef d'établissement/président d'université dans ce qui nous intéresse).

Si l'on reste dans cette banalité de la prestation réalisée, pour le Logiciel
Libre il y aurait alors deux voies de facturation envisageables :

1- l'abonnement à un service d'assistance-maintenance du logiciel par une
SSLL, mine de rien la plus grosse boîte du monde libre, RedHat, semble assez
bien s'en porter

2- la commande de fonctionnalités nouvelles dans un logiciel : mon lycée a
Habsolument besoin de ce petit module dans LibreOffice, et passe commande de
sa confection à qui (à peu près n'importe qui) peut le lui développer, en
demandant au passage que le code soit versé au projet. Mais attention, on ne
paie qu'après livraison.

Autre possibilité, le soutien franc et massif, mais ce ne peut pas être une
décision du seul ordonnateur :

3- pour faire un don à une cause, la pièce justificative de la dépense est
alors un acte de l'assemblée délibérante de l'établissement public (conseil
d'administration), acte soumis à contrôle de légalité. Mais sur des
engagements financiers modérés cela ne pose pas de problème fondamental,
hormis de réunir un consensus suffisant au CA (une instance où il est de bon
ton de faire joujou à la ghrande polithik, alors c'est pas trop dur de se
mettre d'accord contre les vilains GAFAM, faut bien que cette ambiance
aberrante ait des bons côtés)


Le problème, c'est qu'il faut un décideur (l'ordonnateur) absolument
convaincu de la nécessité d'agir ainsi. Or même un proviseur super
bien-pensant, sympa et tout, si on lui propose de verser 1000 € à la FSF (ou
Framasoft ou l'April ou que sais-je) ou bien de rendre possible le voyage des
1e STMG au Futuroscope, il choisira toujours la seconde option, c'est fatal.

Si en plus il a dans son intendance un mien collègue qui se mêle de ce qui ne
le regarde pas et se permet de sauter sur les freins au titre de je ne sais
quelle règle qui interdirait de payer pour ce qui peut apparaître pour
formellement gratuit au premier abord, ou qui trouverait que c'est pas assez
cher comparativement à Krosoft et savonnerait la planche, et c'est plutôt
courant, ça devient quasiment impossible.

J'essaie de faire entrer le virus libriste dans mon métier, et j'ai une
petite victoire à mon actif : le site web de l'association des agents
comptables http://espaceple.org que je gère tournant avec SPIP, j'ai obtenu à
deux reprises que l'association fasse un geste vers la communauté. Il était
parfaitement assumé que c'était une dépense somptuaire, pour la beauté du
geste, mais je n'ai pas rencontré de résistance parmi les autres cadres de
l'association. D'ailleurs ça me fait penser que je vais renouveler
l'opération, ça fait trop longtemps la dernière fois. Mais mon association
regroupe les plus réveillés des collègues, nous ne sommes pas aussi
représentatifs que nous le souhaiterions.


Concrètement, si l'on veut faire bouger les lignes vraiment, il faut agir sur
plusieurs fronts à la fois :

a) faire copain avec des chefs d'établissement geeks qui serviront de
référence auprès de leurs collègues

b) avoir en tête mon argumentaire ci-dessus et le diffuser auprès des
responsables financiers qui devront admettre qu'il est conforme à la
réglementation, et ne pas ajouter de frictions là où il n'y en a pas

c) plutôt qu'espérer faire marcher les profs, àmha il faut attaquer les
inspecteurs : eux voient le problème du coût global des logiciels privateurs,
et seraient des disséminateurs idéaux du virus libriste

d) toujours tenter d'attendrir les collectivités assurant le financement avec
les économies en perspective, la localisation de l'emploi etc.

e) jouer sur les élèves politisés/organisés qui devraient pouvoir ramer dans
le même sens que nous. A titre d'exemple je compte lancer un jour dans les
pattes de mes élèves de l'éco-club le concept de "donnons les vieux PC du
lycée mais avec Linux dessus". Suivant les profils, en leur faisant carrément
faire des méga-install-parties, soit par un partenariat avec
Emmabuntus/Emmaüs ou l'équivalent (ou les deux)


Voilà quelques éléments. Je reste à la disposition de tout membre de la liste
qui voudrait s'armer d'arguments pour attaquer le problème dans son bahut. Si
ça pouvait démultiplier mes toujours trop modestes contributions financières
à la communauté, j'en serais ravi.

Librement,


--
Étienne ANDRÉ
http://www.intendancezone.net
Tél direct 01 48 99 99 22



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