Re: [EDUC] La course à la simplification de l’informatique est-elle dangereuse ?

[raphael.poitevin AT gmail.com (Raphaël POITEVIN)]

"hubraym" (hubraym AT laposte.net via educ Mailing List) <educ AT april.org>
writes:

> Paresse intellectuelle des "mes" étudiants BTS qui malgré un CCF
> informatique avec les logiciels libres utilisés en salle de formation
> continuent (à 95%) d'utiliser le pack office et refusent d'installer
> libre office par crainte que ça fasse planter (salisse !) leur
> ordinateur ...

Ça pose question pour des élèves en informatique. Pour le reste de la
population, on est en de-çà de ces considérations. Si tout simplement
ils avaient les notions de base ? J’ai l’impression que plus
l’informatique a été popularisée, plus la maîtrise de ces notions est
devenue facultative. J’ai 33 ans, j’ai eu la chance de mettre les mains
sur un clavier d’ordinateur presque en même temps que mes doigts sur un
livre en Braille. À cette époque, pas énormément d’interfaces
graphiques, encore moins des interfaces accessibles aux aveugles. Je
mettais donc les doigts dans le cambouis, en console DOS. J’ai pleuré
quand M$ a décidé de virer le vrai DOS. Ça m’a poussé en 2007 à
m’intéresser à GNU/Linux. Je suis de nouveau dans mes consoles, ça me
console. :-) La génération née 10 ans après moi est devenue plus ignarde
en informatique alors qu’on aurait pu espérer le contraire. Il en va de
même pour les personnes de mon âge qui ont abordé l’informatique plus
tard. Même ma tante de 80 ans qui a été confrontée à un ordinateur à son
travail maîtrise mieux. Et à mon sens, le cataclisme est arrivé avec les
terminaux mobiles et les réseaux sociaux. Je me souviens, à l’époque où
j’étais carrément ignard avec un mobile, car j’étais encore sur un bon
vieux Nokia, on me parlait d’applications : SNCF, Radio France etc. Je
m’étais interogé sur deux mouvement antagonistes qui étaient en train de
s’opérer, d’un côté, on supprimait les clients lourds sur PC :
traitement de texte, tableur, pour tout basculer sur interface Web, ce
qui a cassé l’accessibilité au passage ; de l’autre côté, on développait
des applications mobile qui permettaient d’accéder à des services
normalement disponibles avec un navigateur Web.

> Paresse intellectuelle des étudiants qui continuent à acheter des
> ordinateurs neufs en grande surface alors que les "professionnels"
> reconditionnés sont moins chers, plus solides et facilement
> disponibles...

Ah ça ça m’intéresse. J’achète peu de matériel mais j’aimerai retrouvé
une machine performante pour ma mère et un petit serveur pour moi.
>
> Je pense donc qu'il y a autre chose (en plus ?) que de la paresse
> intellectuelle. Il y a quelque chose qui s'apparente à une "empreinte"
> au sens éthologique (cf. Konrad Lorentz et ses oies). Les publics que
> j'ai en BTS depuis quelques années (je n'ai pas d'autre niveau depuis
> plus de 20 ans) semblent être dans l'incapacité de s'adapter à des
> outils divers et variés, bien que confrontés aux problèmes posés par
> leur inféodation à l'acteur principal de ce marché captif !!
> Cette empreinte est savamment mise en place par le marketing moderne
> et est redoutablement efficace, face à nos "fatigants", "répétitifs",
> "peu convaincant" appels à la réflexion, au raisonnement, à l'analyse
> de faits objectifs ....

C’est exactement ça. Et maleureusement, si ça se bornait à
l’informatique …
>
> Il y a quand même quelques collègues, proches de collègues que j'ai
> équipé en reconditionnés sous linux, mais le "service après-vente" me
> demande quand même une implication conséquente pour palier les
> difficultés de la migration et il faut bien le dire la perte de
> praticité (confort) qui en découle dans l'utilisation professionnelle
> (traitement de texte, tableur, PAO).

Je comprends tout à fait et c’est pourquoi j’en parle, mais n’aide que
les gens qui sont volontaires. En plus, étant presque un imbécile avec
les interfaces graphiques, ça ne me facilite pas les choses. Cependant,
je me dis que je peux quand-même insiter des personnes à utiliser des
solutions de visio-conférences libres, mais tombe des nues de
m’apercevoir que même ça c’est trop difficile.
>
> Alors on lutte avec nos petits moyens, je n'ai pas encore trouvé de
> recette miracle, et reste convaincu de la nécessité d'étendre
> l'utilisation du libre (os et applications).

Il faut inoculer le virus petit à petit.

Confinement vôtre,
-- 
Raphaël POITEVIN
www.leclavierquibave.fr