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educ - Re: [EDUC] examens en télésurveillance

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] examens en télésurveillance


Chronologique Discussions 
  • From: Fabrice Régnier <regnier.fab AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] examens en télésurveillance
  • Date: Mon, 27 Apr 2020 17:26:00 +0200

salut à tous,

Voici un échange de mails que j'ai eu avec Pierre Beust, Conseiller DGESIP, rédacteur de la fiche qui fâche (page 22):

Désolé pour la longueur du post. C'est promis, j'arrête ensuite.


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Envoyé : lundi 27 avril 2020 12:06
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Bonjour,

Merci pour votre réponse.

Étant donné que vous êtes le rédacteur principal de la fiche n°6. J'ai
quelques questions qui me taraudent:

Je peux notammant y lire que vous souhaitez assurer "le respect du
principe d'égalité de traitement des candidats", ce qui est fort louable.

Mais dans ce cas, voyez-vous la contradiction avec la phrase suivante ?
"De plus, il est nécessaire de demander à l’étudiant un engagement
explicite à assumer la responsabilité des conditions techniques,
matérielles et opérationnelles".

Etant donné les différents niveaux d'équipement (liés aux différences de
niveau social), vous ne pourrez jamais assurer ce principe d'égalité.

Que signifie "responsablité opérationnelle" ? avoir par exemple,
j'imagine, des plages de temps disponibles avec une pièce calme et
appropriée. Comment concilier cette exigence avec le quotidien de
nombreux étudiants confinés avec leur famille dans de petits espaces ?

Par ailleurs, avez-vous mesuré l'impact d'une telle obligation et
notamment sur l'aspect vie privée ? Personnellement, je n'ai aucune
envie qu'un tiers (privé ou public) sache (voit et entende) que je vis
avec 3 gamins dans un 25m2.

Concernant la possibilité donnée à des prestataires privés de collecter
autant de données sur nos intérieurs, je crois qu'on est en train de
franchir un cap très dangereux qui préfigure déjà l'université de
demain. Pourquoi ne pas favoriser/développer des solutions publiques. Je
pense que nous en avons les compétences. Par exemple,
https://apps.education.fr/ , qui a été déployé dans l'urgence, est
parfaitement fonctionnel et opérationnel.

Enfin, je voudrai vous soumettre le résultat d'un sondage sur des
étudiants L1 Math-Info et L3 Info, sur Lyon : une majorité d'entre eux
éprouvent au moins une difficulté majeure lié au travail numérique. cf
PJ. Pour tous ceux là, la télé-surveillance d'un exam écrit ne sera, au
mieux pas simple, au pire injuste.

Merci de m'avoir lu.

Fabrice Régnier.

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Sa réponse le Le 27/04/2020 à 15:32
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Bonjour Monsieur Régnier,

Je comprends votre questionnement sur la question de l'égalité de traitement.
Effectivement, les réalités sociales sont les premières raisons d'une rupture d'égalité entre les étudiants. C'est presque plus flagrant encore dans les conditions de suivi d'une formation à distance par rapport à une formation en présentiel. Il est evidemment plus facile de travailler chez soi quand on peut s'isoler. Je suis bien de votre avis. C'est aussi plus simple lorsque l'étudiant dispose de son propre matériel et d'une connexion internet efficace. C'est loin d'être systèmatiquement le cas, qui plus est dans la période de confinement actuelle quand des étudiants rentrent dans leur familles et partagent une même connexion à plusieurs.

La question de la responsabilité opérationnelle consiste effectivement à demander à l'étudiant de vérifier qu'il peut trouver un lieu adéquat aux conditions de passage d'une épreuve, c'est à dire garantir qu'il ne sera pas dérangé par quelqu'un dans le temps de l'épreuve et qu'il aura pris ses dipositions pour ne pas avoir à bouger de devant son ordinateur dans le temps de l'épreuve. Cette question ne doit pas être comprise comme allant à l'encontre de l'égalité de traitement. L'objectif est d'expliquer que le domicile n'est (heureusement) pas un lieu contrôlé par un établissement universitaire et que l'étudiant et son université sont partenaires de la bonne tenue d'une épreuve à domicile. C'est un élément de consigne et d'explicitation, pas un moyen de faire des différences entre étudiants. C'est comme l'examen test à blanc avant le jour J où le but est de vérifier que les conditions sont favorables et donner à tout étudiant devant passer une épreuve à domicile une expérience réelle des conditions de passage.

Pour la question sur l'intrusion dans la vie privée, je vous renvoie vers des enquêtes qui ont été réalisées sur le déploiement de la télésurveillance. Notamment, je vous conseille le site du projet européen Erasmus+ OP4RE qui a produit un jeu de documents de qualité pour expliquer les conditions de mise en œuvre d'examens télésurveillés : https://www.onlineproctoring.eu/fr/home-2/ . Notamment dans le document intitulé "Expérience des étudiants en matière de surveillance en ligne" (https://drive.google.com/file/d/1a3bXO0xP0IgMy0KIVafZugoUV4vITP_e/view?usp=drive_web) vous pourrez trouver en page 34 le résultat d'un enquête montrant que moins de 2% des étudiants ayant procédé à des examens télésurveillés ressentent une intrusion dans leur vie privée.

Sur la question des données à caractère personnel capté par des prestataires (la vidéo ou une photo par webcam en font partie), vous avez raison, il convient d'être vigilant. Tous ceux qui sont mentionnés dans la fiche de la DGESIP affichent une compatibilité de leur service avec les exigences du RGPD qui vise exactement à garantir les traitements de données à caractère personnel. Déployer des examens en télésurveillance dans un établissement doit se faire de manière conjointe avec le DPO de l'établissement qui saura élaborer la documentation exigée par le RGPD pour sécuriser les modalités.

Je vous remercie pour les résultats de votre sondage que je vais regarder avec attention.

Je reste à votre écoute si vous voulez qu'on fixe un rendez-vous téléphonique.

Bien cordialement,

Pierre Beust
Conseiller DGESIP

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Ma réponse : lundi 27 avril 2020 12:06
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> Oui, oui, je vous autorise, bien sûr.
ok, merci.

Vous comprenez mes questionnements, mais vous n'y répondez pas.
Aussi bien sur le problème des inégalités sociales que sur le sujet de la captation des données privées. Le "il convient d'être vigilant", c'est de la langue de bois.

Quant au sondage "Expérience des étudiants en matière de surveillance en ligne", c'est assez cocasse de télécharger un doc dans un google drive pour lire que personne ne sent surveillé par ce procédé ;)

Je n'ai pas fait que lire la page 34 mais une bonne partie du doc, et j'en conclue que c'est une excellente étude de marché pour les sociétés qui voudraient leur part du gâteau avec notamment le tableau sur le prix que les étudiants seraient près à payer pour être surveillés par une société privée. C'est étrange, j'ai toujours pensé que le passage des examens universtaires était de l'ordre de la chose publique, j'ai du rater une élection ou deux.

Pour résumer ma pensée, je ne doute pas que des moyens techniques doivent être mis en oeuvre lorsque il y a une impossibilité physique de présenter des examens. Or, j'ai l'impression que, grâce à l'épisode du covid19, vous poussez des technologies qui nous serons imposées/payantes et privées mêmes lorsque nous ne serons plus confinés. Avec la société Proctorexam et d'autres, vous inventez l'université de demain, elle sera full-connectée, dématérialisée, onéreuse, sans lien véritable entre apprenants et professeurs et entre apprenants eux-même. Bref, la deshumanisation de l'université se poursuit :(

cdlt,

Fabrice Régnier.

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