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educ - Re: [EDUC] examens en télésurveillance

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] examens en télésurveillance


Chronologique Discussions 
  • From: hubraym AT laposte.net
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] examens en télésurveillance
  • Date: Mon, 27 Apr 2020 18:31:36 +0200 (CEST)
  • Authentication-results: vip.april.org; dkim=pass (2048-bit key; unprotected) header.d=laposte.net header.i= AT laposte.net header.b="Rv8SB2Ef"; dkim-atps=neutral

Bonjour
Très intéressant échange, un magnifique exemple de l'art de botter en touche, tout en ayant l'air de se sentir concerné..
Je le mets dans mes archives.
Et pour apporter un air de poésie champêtre sursauts d'une vie où j'étais botaniste ...
Quelques belles des champs auxquelles j'ai le bonheur de pouvoir rendre visite pendant 1 ... h à moins de 1... km...
Librement
Hubert
De : "Fabrice Régnier"
A : educ AT april.org
Envoyé: lundi 27 Avril 2020 17:29
Objet : Re: [EDUC] examens en télésurveillance
 
salut à tous,

Voici un échange de mails que j'ai eu avec Pierre Beust, Conseiller
DGESIP, rédacteur de la fiche qui fâche (page 22):

Désolé pour la longueur du post. C'est promis, j'arrête ensuite.


***********************************
Envoyé : lundi 27 avril 2020 12:06
***********************************
Bonjour,

Merci pour votre réponse.

Étant donné que vous êtes le rédacteur principal de la fiche n°6. J'ai
quelques questions qui me taraudent:

Je peux notammant y lire que vous souhaitez assurer "le respect du
principe d'égalité de traitement des candidats", ce qui est fort louable.

Mais dans ce cas, voyez-vous la contradiction avec la phrase suivante ?
"De plus, il est nécessaire de demander à l’étudiant un engagement
explicite à assumer la responsabilité des conditions techniques,
matérielles et opérationnelles".

Etant donné les différents niveaux d'équipement (liés aux différences de
niveau social), vous ne pourrez jamais assurer ce principe d'égalité.

Que signifie "responsablité opérationnelle" ? avoir par exemple,
j'imagine, des plages de temps disponibles avec une pièce calme et
appropriée. Comment concilier cette exigence avec le quotidien de
nombreux étudiants confinés avec leur famille dans de petits espaces ?

Par ailleurs, avez-vous mesuré l'impact d'une telle obligation et
notamment sur l'aspect vie privée ? Personnellement, je n'ai aucune
envie qu'un tiers (privé ou public) sache (voit et entende) que je vis
avec 3 gamins dans un 25m2.

Concernant la possibilité donnée à des prestataires privés de collecter
autant de données sur nos intérieurs, je crois qu'on est en train de
franchir un cap très dangereux qui préfigure déjà l'université de
demain. Pourquoi ne pas favoriser/développer des solutions publiques. Je
pense que nous en avons les compétences. Par exemple,
https://apps.education.fr/ , qui a été déployé dans l'urgence, est
parfaitement fonctionnel et opérationnel.

Enfin, je voudrai vous soumettre le résultat d'un sondage sur des
étudiants L1 Math-Info et L3 Info, sur Lyon : une majorité d'entre eux
éprouvent au moins une difficulté majeure lié au travail numérique. cf
PJ. Pour tous ceux là, la télé-surveillance d'un exam écrit ne sera, au
mieux pas simple, au pire injuste.

Merci de m'avoir lu.

Fabrice Régnier.

*********************************
Sa réponse le Le 27/04/2020 à 15:32
*********************************

Bonjour Monsieur Régnier,

Je comprends votre questionnement sur la question de l'égalité de
traitement.
Effectivement, les réalités sociales sont les premières raisons d'une
rupture d'égalité entre les étudiants. C'est presque plus flagrant
encore dans les conditions de suivi d'une formation à distance par
rapport à une formation en présentiel. Il est evidemment plus facile de
travailler chez soi quand on peut s'isoler. Je suis bien de votre avis.
C'est aussi plus simple lorsque l'étudiant dispose de son propre
matériel et d'une connexion internet efficace. C'est loin d'être
systèmatiquement le cas, qui plus est dans la période de confinement
actuelle quand des étudiants rentrent dans leur familles et partagent
une même connexion à plusieurs.

La question de la responsabilité opérationnelle consiste effectivement à
demander à l'étudiant de vérifier qu'il peut trouver un lieu adéquat aux
conditions de passage d'une épreuve, c'est à dire garantir qu'il ne sera
pas dérangé par quelqu'un dans le temps de l'épreuve et qu'il aura pris
ses dipositions pour ne pas avoir à bouger de devant son ordinateur dans
le temps de l'épreuve. Cette question ne doit pas être comprise comme
allant à l'encontre de l'égalité de traitement. L'objectif est
d'expliquer que le domicile n'est (heureusement) pas un lieu contrôlé
par un établissement universitaire et que l'étudiant et son université
sont partenaires de la bonne tenue d'une épreuve à domicile. C'est un
élément de consigne et d'explicitation, pas un moyen de faire des
différences entre étudiants. C'est comme l'examen test à blanc avant le
jour J où le but est de vérifier que les conditions sont favorables et
donner à tout étudiant devant passer une épreuve à domicile une
expérience réelle des conditions de passage.

Pour la question sur l'intrusion dans la vie privée, je vous renvoie
vers des enquêtes qui ont été réalisées sur le déploiement de la
télésurveillance. Notamment, je vous conseille le site du projet
européen Erasmus+ OP4RE qui a produit un jeu de documents de qualité
pour expliquer les conditions de mise en œuvre d'examens télésurveillés
: https://www.onlineproctoring.eu/fr/home-2/ . Notamment dans le
document intitulé "Expérience des étudiants en matière de surveillance
en ligne"
(https://drive.google.com/file/d/1a3bXO0xP0IgMy0KIVafZugoUV4vITP_e/view?usp=drive_web)
vous pourrez trouver en page 34 le résultat d'un enquête montrant que
moins de 2% des étudiants ayant procédé à des examens télésurveillés
ressentent une intrusion dans leur vie privée.

Sur la question des données à caractère personnel capté par des
prestataires (la vidéo ou une photo par webcam en font partie), vous
avez raison, il convient d'être vigilant. Tous ceux qui sont mentionnés
dans la fiche de la DGESIP affichent une compatibilité de leur service
avec les exigences du RGPD qui vise exactement à garantir les
traitements de données à caractère personnel. Déployer des examens en
télésurveillance dans un établissement doit se faire de manière
conjointe avec le DPO de l'établissement qui saura élaborer la
documentation exigée par le RGPD pour sécuriser les modalités.

Je vous remercie pour les résultats de votre sondage que je vais
regarder avec attention.

Je reste à votre écoute si vous voulez qu'on fixe un rendez-vous
téléphonique.

Bien cordialement,

Pierre Beust
Conseiller DGESIP

***********************************
Ma réponse : lundi 27 avril 2020 12:06
***********************************

> Oui, oui, je vous autorise, bien sûr.
ok, merci.

Vous comprenez mes questionnements, mais vous n'y répondez pas.
Aussi bien sur le problème des inégalités sociales que sur le sujet de
la captation des données privées. Le "il convient d'être vigilant",
c'est de la langue de bois.

Quant au sondage "Expérience des étudiants en matière de surveillance en
ligne", c'est assez cocasse de télécharger un doc dans un google drive
pour lire que personne ne sent surveillé par ce procédé ;)

Je n'ai pas fait que lire la page 34 mais une bonne partie du doc, et
j'en conclue que c'est une excellente étude de marché pour les sociétés
qui voudraient leur part du gâteau avec notamment le tableau sur le prix
que les étudiants seraient près à payer pour être surveillés par une
société privée. C'est étrange, j'ai toujours pensé que le passage des
examens universtaires était de l'ordre de la chose publique, j'ai du
rater une élection ou deux.

Pour résumer ma pensée, je ne doute pas que des moyens techniques
doivent être mis en oeuvre lorsque il y a une impossibilité physique de
présenter des examens. Or, j'ai l'impression que, grâce à l'épisode du
covid19, vous poussez des technologies qui nous serons imposées/payantes
et privées mêmes lorsque nous ne serons plus confinés. Avec la société
Proctorexam et d'autres, vous inventez l'université de demain, elle sera
full-connectée, dématérialisée, onéreuse, sans lien véritable entre
apprenants et professeurs et entre apprenants eux-même. Bref, la
deshumanisation de l'université se poursuit :(

cdlt,

Fabrice Régnier.

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