Re: [LibreAsso] Retour sur Agorajep TIC : les LL

[François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>]

Salut,

Le Sun, 14 Nov 2010 16:29:21 +0100,
Laurent Costy <laurent.costy AT frmjc.org> a écrit :

> Le manifeste du Crajep sur les TIC (fichier joint à ce mail )
> produit pour l'occasion mentionne explicitement les Logiciels Libres.

Critique (très) rapide du texte.

* Rédigé avec M$W.

* L'acronyme TIC est à proscrire. Il sert essentiellement à masquer le
  sens des mots qu'il contient, or ceux-ci sont trop important pour
  être passés à la trappe (information <= format, communication <=
  mise en commun).

* Le document cristallise la fracture numérique autour du problème de
  l'équipement, alors que celui-ci est de moins en moins prégnant. La
  vraie fracture est celle, beaucoup plus durable et dommageable, de la
  connaissance et de la formation. Un trésor comme wikipédia est
  beaucoup plus utile aux gens cultivés qu'aux autres, c'est un fait.
  (voir par exemple
  
http://fr.wikinews.org/wiki/Umberto_Eco,_%C3%A9crivain,_donne_son_avis_sur_Wikip%C3%A9dia
 )

* Les risques dénoncés reprennent en coeur la propagande du
  gouvernement. C'est dommage de voir des gens qui aspirent à
  l'émancipation s'auto-aliéner par manque de connaissance critique du
  sujet. On peut par ailleurs regretter que l'éducation n'est une
  évidence et une urgence uniquement fasse aux « risques » de
  l'Internet.

* La propriété intellectuelle n'existe pas.
  http://www.gnu.org/philosophy/not-ipr.fr.html

* Je pense à titre personnel que si deux mots clés doivent être
  associés au logiciel libre dans ce contexte, ce sont les notions
  d'émancipation et de partage de la connaissance. Je pense que la
  notion d'émancipation manque dans ce contexte (par contre on peut se
  satisfaire de voir les 4 libertés, la transparence, la volonté de
  mutualiser, l'interopérabilité, la pérennité des données, le travail
  collaboratif, le partage, etc.).

* Le § sur l'utilisation citoyenne du numérique est gentil, mais
  particulièrement mal amené. La « soumission » du numérique au marché,
  ça n'a aucun sens. D'ailleurs la volonté constante de lutte contre la
  marchandisation se place de facto en travers des libertés et mérite
  opposition, à ce titre.

* Le grand absent de ce document est pour moi le danger possible du
  centralisme des architectures numériques. Le « numérique » peut se
  révéler très efficace pour beaucoup de choses, y compris pour
  remettre de la centralisation en faisant croire le contraire. Il ne
  faut pas donc embrasser aveuglément les pratiques numériques (ce dont
  j'ai l'impression ici), il faut aussi conserver un positionnement
  critique qui ne retient pas que les success stories à petite échelle.

François

-- 
François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>

Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies. 
-+- Montaigne, Les Essais -+-