Re: [EDUC] RE: [EDUC] Appel à contribution : inventaire solutions infos par académies

["Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>]

Patrice Pillot a écrit :
> ROYER Jean-Yves a écrit :
>   
> > Ces documents sont rédigés par rapport aux besoins perçus pour 
> > une initiation de citoyens adultes dont les ambitions dans les 
> > usages des technologies numériques sont limitées aux cadres 
> > familiaux et sociaux. En ce qui me concerne, le public auquel je 
> > m'adresse sont des détenus dont beaucoup n'ont encore aucune 
> > expérience de l'informatique. 
> >     
>
> Il me semblent que ces besoins intersectent largement les besoins de
> toutes les autres populations imaginables avec cette particularité
> grandement intéressante que les compétences constituant cette
> intersection se situe dans la phase initiale des cursus envisageables.
>   

Entièrement d'accord. Pour autant, cette intersection ne peut être mise 
en évidence que de deux manières :

a) Par une approche didactique.
Quel que soit le public, les pré-requis pour passer d'une étape à 
l'autre sont conditionnés par les notions mêmes de la discipline.
b) Par une approche circonscrite à un terrain
Ce n'est qu'à partir d'une pratique locale, dans un contexte déterminé, 
en tant que pratique sociale de référence que peuvent surgir ces besoins.

La réponse est donc : les deux mon général !


>   
> > Je tente de faire prendre conscience aux animateurs d'EPN 
> > que leurs responsabilités vont s'étendre avec la généralisation 
> > des usages des technologies numériques dans l'enseignement, comme 
> > Charlie l'a bien mis en évidence dans un message récent, pour 
> > l'expression écrite par un "usage raisonné du traitement de texte". 
> > Pour le moment, en caricaturant un peu, les EPN sont "colonisés" 
> > par des retraités pour lesquels, sauf exception, les enjeux de 
> > confort et de productivité sont faibles. S'ils sont initiés à 
> > bricoler, ce n'est pas dramatique. La situation est très différente 
> > pour leurs petits enfants qui sont à l'école.
> >     
>
> Il y a un /gisement/ conséquent, si j'ose dire, de public pour les EPN
> ou de manière générale pour les formateurs agissant dans le cadre de
> l'éducation populaire. Je ne peux que constater le manque de formation
> aux bases de l'informatique de la quasi-totalité de la population
> adulte. Doit-on considérer ces générations comme /sacrifiées/ ?
>   
Je me demande si le problème n'est pas davantage complexe et lié à 
d'autres paramètres.
Par exemple hier, j'ai dû interrompre le travail en cours que tu connais 
(je m'y suis remis et prends une pause pour te répondre) parce que le 
président du Cercle Condorcet d'Aix-en-Provence est venu dîner à la maison.
Il semblait se désespérer d'un manque de relais générationnel. Et 
actuellement un certain nombre d'associations Aixoises (Ligue des droits 
de l'Homme, Condorcet, etc.) sont en pourparlers pour travailler en réseau.
Aussi, le phénomène qui touche les EPN n'est pas spécifique aux EPN. Il 
semblerait qu'il y ait, en France, une sorte de désaffection des jeunes 
générations pour les associations, même si l'APRIL est un contre-exemple.

Aussi, loin de nous désespérer de la "colonisation" par les retraités, 
nous devons tenir compte des besoins de cette population qui, bien 
souvent, souhaite communiquer avec une webcam avec leurs petits enfants.

Pour autant, non seulement l'école de la République ne remplit pas son 
rôle de formation des futurs citoyens (non pas, comme tu l'exprimes bien 
souvent à mon plus grand plaisir, à des compétences d'usage qui de 
toutes les manières ont une forte probabilité de devenir obsolètes, mais 
à des connaissances qui seules permettent l'adaptation vers de nouvelles 
compéténces.

La substitution des connaissances par des compétences dans l'éducation 
désespère le corps enseignant.
Je ne sais pas s'il y a un lien. Mais je me demande si les attaques du 
Café pédagogique contre la Grande Bretagne qui a décidé de se recentrer 
sur des fondamentaux ne sont pas concomitantes avec le choix idéologique 
du Café pédagogique ne nouer un partenariat avec la société Microsoft. 
De même, je me demande si le rapport Becta, et si la direction prise par 
le  gouvernement britannique d'afficher sa volonté de soutenir l'Open 
Source n'est pas concomitante à ce recentrage sur les fondamentaux.
http://www.framablog.org/index.php/post/2009/02/27/angleterre-plan-gouvernemental-open-source-logiciel-libre



>   
> > Je vais tenter d'aller mettre mon grain de sel dans les pages du 
> > wiki...
> >
> > Je milite pour quelques idées simples, dont je n'ai pas trouvé trace 
> > dans les premiers textes que j'ai parcourus :
> >     
>
> J'avais commencé le /remplissage/ du wiki en considérant les
> problématiques du courrier électronique car il s'agit d'une /pratique
> numérique/ qui me semble concerner presque tous les types d'utilisateurs
> et surtout d'une pratique qui rassemble, notamment du fait des échanges
> de fichiers qu'elle permet, une énorme partie des /compétences/ à
> inclure dans un tel référentiel. Mais il est clair que si l'entrée
> /courrier électronique/ est donc un bon déclencheur, il faut que ça
> suive... Et dans le domaine du /traitement de texte/, depuis que j'ai lu
> tes propos, il me semble que tu es plus à même que moi de nourrir ce
> wiki ! N'hésites donc pas !!!
>   
J'apporte juste mon grain de sel pour dire que l'abandon de 
l'apprentissage raisonné du traitement de textes dans les programmes 
scolaires en collège, sans doute pour faire plaisir à la société 
Microsoft, est une connerie sans nom.
Pour présenter un document structuré, à partir de recherches faîtes sur 
Internet, il faut au minimum : un trimestre en sixième. Puis revenir 
dessus en cinquième, en quatrième et en troisième.

Et le problème est pire encore si l'on considère que le paradigme de 
l'arborescence n'est pas le seul que les élèves doivent apprendre à 
maîtriser. Les requêtes sur les moteurs de recherche basés sur de 
l'indexation plein texte, le développement des hypertextes (celui du 
web, pas celui du  Minitel 2.0) nécessite à l'opposé de l'approche 
raisonnée du traitement de textes, une approche lexicale où les notions 
renvoient, non pas à des catégorisations, mais à des corpus 
occasionnels, fondés sur des champs lexicaux, où les définitions sont en 
réseaux.

Amicalement,
Charlie