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educ - Rapport Bravo et Education

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Rapport Bravo et Education


Chronologique Discussions 
  • From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
  • To: educ AT april.org, "groupe. itic" <groupe.itic AT free.fr>, ITIC <itic AT melusine.eu.org>
  • Subject: Rapport Bravo et Education
  • Date: Fri, 17 Jul 2009 17:13:32 +0200
  • Organization: april AT april.org


1. On reste encore confiné dans la logique de l'outil :

Recommandations à court terme
− Placer le numérique (matériels, outils et contenus) au cœur de l’éducation et de la formation
initiale ;
− créer dans l’enseignement supérieur un cursus de formation des enseignants (grade Master)
adossé à la recherche et décloisonner la recherche en sciences informatiques vis-à-vis de
l’enseignement ;
− développer, grâce notamment au Fonds d’investissement social, la formation tout au long de la
vie par et pour le numérique, le promouvoir comme outil de créativité et d'innovation ;
− développer, grâce au numérique, de nouveaux outils de formation et de gestion des projets
pédagogiques ;
− élargir, et rendre opérationnelle, l’exception aux droits d’auteur pour les documents multimédias
utilisés à des fins pédagogiques.
(page III)

http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_final-3.pdf


Je note que le "numérique" n'est abordé que sous l'aspect matériel et contenus ; pas sous l'aspect logiciel. On reste encore dans la métaphore de "l'outil".

Grâce au "numérique" "on pourra développer de nouveaux outils de formation". A aucun moment, le rapport Bravo n'aborde le point de vue de Mac Luhan, pourtant vieux de plusieurs décennies, qui observait très judicieusement que le véritable message était le médium lui-même ; c'est-à-dire la technologie.

Croire en un "contenu" transcendant, indépendant de la technologie qui véhicule le message, que rendrait plus accessible l'"outil" , c'est le modèle cognitif du logiciel privateur. Pas un seul instant le rapport Bravo n'envisage une formation à l'informatique elle-même. On reste dans ce que Stiegler condamnait, dans sa conférence aux côtés d'Antoine Moreau aux RMLL, sous couvert de formation et d'outil, à une dépossession du savoir, dans une approche purement consumériste.

Seul point positif : élargir l'exception aux droits d'auteur utilisés à des fins pédagogiques ; c'est-à-dire à rééquilibrage entre les droits du public et ceux des éditeurs, à des fins pédagogiques.

Les logiciels libres sont sans doute référencés, mais ils restent confinés qu'en tant qu'outils, qu'aux seuls usages, à leur degré zéro (des quatres libertés), à de l'apprentissage des techniques dites usuelles de l'information :

"Placer le numérique (matériels, outils et contenus) au cœur de l’éducation et de la formation
initiale
- En renforçant, dès l’école primaire et au collège, l'apprentissage des techniques usuelles de
l’information et de la communication : dactylographie1, logiciels de base, en promouvant, en
particulier, les logiciels libres, et en formant aux usages de l’Internet."
(page 36)


En ce qui concerne le fair use (que j'avais revendiqué dans un débat face à Bernard Lang qui a presque fini par en accepter l'idée) lors d'une conférence sur l'exception pédagogique aux RMLL (que je mettrai en ligne sur un wiki de l'April à la rentrée), ce rapport propose des avancées :

" Adapter la protection de la propriété industrielle et intellectuelle à l’ère de la société de la
connaissance, de l’économie de l’immatériel et du développement durable
- En soutenant de nouvelles approches juridiques de la propriété intellectuelle issues de la pratique
des logiciels libres (Creative Commons, Science Commons), en élargissant les exceptions selon
l’approche du fair use3, et en redonnant un socle légal à des pratiques anciennes comme la
« licence de droit3 »."
(page 39)

En revanche, en ce qui concerne les logiciels libres, je note une méconnaissance qui reprend une vieille idée que l'April combat depuis des années : l'assimilation des logiciels libres à des logiciels génériques, à l'image des médicaments génériques :

"En instituant au niveau européen une liste minimum de logiciels libres génériques, en particulier
en bureautique, avec lesquels tout nouveau logiciel propriétaire devra être compatible sous peine
de non-respect du droit de la concurrence. Cette recommandation devrait s'accompagner de
l’adoption de normes internationales garantissant l’interopérabilité entre logiciels.".
page 41,

même si, aspect positif : il est fait mention à l'adoption de normes internationales garantissant l'interopérabilité. Si l'April doit réagir, il est tout de même important de rappeler que le format Office Open XML n'est pas réellement interopérable avec OpenDocument, notamment dès qu'il y a des tableaux...

A noter également, la mise sur un pied d'égalité de technologies qui peuvent se révéler déloyales et menaçantes pour les libertés, si elles ne sont pas encadrées par des gardes fous, comme le RFID avec le logiciel libre (page 21).
Les nanosciences sont rangées dans le hardware, alors même qu'elles peuvent contenir du logiciel.
Et dans le même temps on peut lire :

"Dans ce scénario, les technologies propres sont diffusées très rapidement dans le monde entier : la
diffusion rapide de la connaissance s’impose, les logiciels libres connaissent un essor non
négligeable..." (toujours page 21).

Voili, voilà.

J'attends voir quelle sera la réaction et l'analyse de l'EPI.


















  • Rapport Bravo et Education, Philippe-Charles Nestel (Charlie), 17/07/2009

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