L'informatique en collège vue par l'EPI

[cnestel AT free.fr]

Bonjour,

Si vous souhaitez réellement vous prendre la tête
et faire un travail utile, il est impératif de se
démarquer du texte de l'Epi sur l'informatique en collège
de Maurice Nivat, membre correspondant de l'Académie des sciences,
soutenu par Jean-Pierre Archambault et soutenu par Gérard Berry
membre de l'Académie des sciences et de l'Académie des Technologies.

Gérard Berry a contribué au rapport sur "l'Industrie du Logiciel en France : 
une analyse et des propositions pour l'enseignement et la rechercher" 
remis récemment au Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Le texte de Maurice Nivat parait en première lecture : parfait.

Je vais le copier/coller plus bas.

Mais il n'est pas sans dangers. Je suis en train de rédiger une
réponse qui, j'espère, sera la position officielle de l'April.

Je vous livre le texte brut de décoffrage. A vous de voir
tous seuls les effets de bord et pourquoi ce qui est proposé
n'est qu'une partie de la solution.

Charlie

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Le texte :

Informatique au collège

Il est certain que l'enseignement de la spécialité informatique 
en terminale S qui se met en place et la publication du livre 
de Gilles constituent des progrès majeurs dans la bataille qu'il faut, 
hélas, mener pour que l'informatique trouve toute sa place à tous 
les stades de l'enseignement du primaire  aux écoles d'ingénieurs.

Le premier cours de Gérard au collège de France tout comme le livre 
de Gilles dessinent les contours d'une véritable science que l'on 
peut à bon droit appeler informatique et mettent bien en lumière 
les concepts fondamentaux: 

-information, 
-algorithmes, 
-langages, 
-machines, 
- réseaux. 

Comme tous les concepts de toutes les sciences, ces concepts là sont 
des moyens d'appréhender le réel, en l'occurrence les phénomènes de 
calcul, ce mot étant pris dans son sens le plus large. 

On peut dire que l'on fait de l'informatique dès que l'on et seulement 
si l'on  identifie précisément un ensemble d'informations à traiter, 
des algorithmes pour les traiter, des langages pour décrire ces algorithmes, 
des machines ou des réseaux ( de machines ou d'acteurs) pour les effectuer, 
et si à chaque pas l'on possède les moyens de vérifier que les programmes 
écrits font bien ce que l'on veut qu'ils fassent et aussi par des mesures 
de performance appropriées de choisir les algorithmes utilisés.

L'universalité de ces concepts qui sous-tendent toute la science informatique 
comme toutes les techniques informatique et leur simplicité font que ce sont 
eux qu'il convient d'enseigner: l'expérience a montré que l'assimilation par 
les élèves quelque soit leur âge de ces concepts prend du temps, le reste de 
ce qui leur est enseigné dans la autres matières scientifiques ne les 
préparant 
nullement à ces concepts là.

Je pense ainsi qu'il convient de commencer plus jeune à familiariser les 
élèves 
à ces concepts et je pense que le collège qui s'adresse à des jeunes de onze
à quinze ans est le bon endroit pour ce faire. On ne va pas évidemment leur 
mettre 
le livre de Gilles entre les mains, car ils ne peuvent pas le lire, mais on 
pourrait 
écrire un autre livre présentant les mêmes concepts de façon assimilables par 
des 
enfants de cette tranche d'âge de façon plus dépouillée (surtout des 
formalismes 
les plus rébarbatifs) en utilisant des langages qui soient soit le langage 
naturel 
( s'inspirer du mouvement concernant l'informatique sans ordinateur) soit des 
langages comme logo faits pour être facilement utilisable par des enfants 
grâce 
à la concrétude des instructions qu'ils contiennent (il y en a beaucoup 
d'autres que 
logo) Cela s 'inscrirait dans le droit fil des recommandations faites par 
l'Académie 
en juillet 2008 si mes souvenirs sont bons au sujet de l' enseignement des 
sciences au 
collège dont une des idées maitresses est de briser les frontières entre les 
sciences 
traditionnelles  et de rapprocher science et technique, faire , savoir-faire 
et savoir. 
On peut noter au passage que l'informatique introduit naturellement une autre 
catégorie 
d'activité qui est le faire-faire, puisque le programmeur ne calcule pas mais 
fait calculer 
la machine ou le réseau.
Je sais que l'EPI a prévu d'assembler un comité réfléchissant à un 
enseignement d'informatique 
au collège mais celui-ci ne s'est pas encore réuni. Je pense qu'il ne 
faudrait pas tarder 
à mettre ce comité vraiment au travail car cette question de l'informatique 
pour les jeunes, 
qui serait aussi l'informatique pour tous les non scientifiques (mais 
utilisateurs ou concepteurs 
de systèmes informatiques comme peuvent l'être des linguistes, des médecins, 
des juristes, 
des managers et bien d'autres) nous interpelle et la réforme du collège va 
suivre celle 
du lycée. La coordonnatrice d'un numéro spécial de la Recherche dédié à Maths 
et Info suggère 
que je m'exprime sur le collège, ce que bien évidemment je ne puis faire seul 
et si nous n'avons 
pas une idée claire de ce qu'il convient de proposer qui soit une initiation 
à la fois réaliste 
et ambitieuse des jeunes collégiens aux concepts fondamentaux de 
l'informatique, à l'opposé 
de l'apprentissage  de gestes à faire pour utiliser des matériels et 
logiciels dont on 
ne leur donne pas de clé pour comprendre comment ils marchent.

Maurice Nivat