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educ - Re : Re: Re:Re : Re: [EDUC]Ra pport de l'Académie des Sciences

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re : Re: Re:Re : Re: [EDUC]Ra pport de l'Académie des Sciences


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: jp archambault <jp.archambault AT laposte.net>
  • Cc: Marie-Odile Morandi <mbottoli AT voyager.archi.it>, educ AT april.org
  • Subject: Re : Re: Re:Re : Re: [EDUC]Ra pport de l'Académie des Sciences
  • Date: Sun, 26 May 2013 15:09:05 +0200 (CEST)

----- jp archambault <jp.archambault AT laposte.net> a écrit :
> Bonjour,
>
> On ne demande pas l'impossible mais le nécessaire qui correspond aux
> besoins de l'époque
> où l'informatique et le numérique représentent 30% de la R&D au plan
> mondial
> (18% seulement en Europe), où l'informatique est omniprésente dans le
> quotidien,
> l'entreprise, la société...

Jean-Pierre,

Tu ne réponds pas à l'objection posée par Marie-Odile en te référant à de
grands
principes que l'on peut tous partager, en partie, dans les grandes lignes,
même s'il
occulte le Libre en tant que projet social alternatif qui ne s'inscrit pas
dans des modèles économiques anciens issus de la révolution
industrielle.
En ce sens, l'informatique n'est pas la troisième révolution industrielle,
et s'inscrit dans un autre paradigme qui ouvre le champ des possibles à
ce que Stiegler nomme sur ce point, fort bien : la société de
contribution.

Et si l'April doit soutenir le rapport de l'académie des sciences
par un communiqué de presse intégrant également le rejet de amendement 118
au Sénat; cela n'interdit en rien le débat critique sur cette liste
et le refus de s'aligner sur les positions de l'EPI.

> Lors des débats sur l'énergie, un citoyen sait de « quoi il retourne »
> car il peut se référer à ses cours de sciences physiques.

C'est un postulat purement formel qui s'avère malheureusement inexact
dans les faits. Le morcellement des disciplines qui se méconnaissent
et ne communiquent pas les unes avec les autres interdit de fait
aux citoyens de mobiliser les connaissances fragmentées apprises
à l'école pour mieux comprendre les enjeux de société, telle que
l'énergie. Bien sûr, ce n'est pas la seule cause et le seul paramètre.

L'enseignement de l'informatique qui relève tout à
la fois de la science et de la technologie, et non pas de la technique
si ce n'est dans les seuls termes des techniques de programmation,
ne peut être pensé sur le seul modèle de la segmentation arborescente
de l'enseignement des disciplines issu du lycée napoléonien.

Il devient donc plus que nécessaire d'apprendre non seulement aux
enfants des savoirs disciplinaires mais également de mobiliser leurs
connaissances pour affronter l'inconnu dans un monde où les technologies
informatiques ont permis tout à la fois, dans un même mouvement,
des corpus de données en mutation constance qui tendent vers l'infini
dans le parachèvement de l'atomisation des individus et de la société du
spectacle
à son stade suprême que l'on qualifie de société numérique.

On ne peut pas seulement promouvoir et défendre une discipline
informatique dans les seuls termes de l'ancien paradigme du lycée
napoléonien.
Les enjeux pour l'institution d'un CAPES et d'une agrégation
d'informatique qui permettraient d'asseoir une discipline informatique
ne doivent pas nier l'existence qu'existe également, y compris dans
le monde de l'entreprise, une informatique profane, une informatique
autodidacte, nomment dans le Libre, qui ne seraient être exclues,
y compris de l'enseignement.

J'en veux pour preuve, non seulement l'histoire du département
informatique de l'université Paris 8, université populaire fondé
sur la volonté de mettre en place après mai 68 un enseignement
pluridisciplinaire. Cela n'a pas empêché l'université Paris 8,
seul département informatique dans une université de lettres,
a avoir été la première à opter pour Unix, à promouvoir les
logiciels libres, à accueillir des informaticiens autodidactes
souvent exclus du système scolaire ; mais j'en veux pour preuve
également Télécom Bretagne dont Michel Briand, également membre
de cette liste est le directeur adjoint de formation (Michel Briand
est membre du Conseil national du numérique).
Télécom Bretagne accueille non seulement des étudiants issus d'une
filière classique mais également de jeunes "créatifs" qui ont su,
bien qu'autodidactes, développer des compétences...
Télécom Bretagne a été la première grande école a avoir promu
les logiciels libres (avec en partie l'Ecole centrale de Paris
avec le projet VideoLan) mais également les ressources libres,
le travail contributif. Et les deux aspects sont liés : l'ouverture
et les logiciels libres.

Ma position est entre celle de Michel Briand (qui fut membre de
l'EPI) et la tienne.

Je soutiens l'introduction d'une discipline informatique. Elle est
nécessaire. Cela fait des années que je me bats pour.
Mais à condition que ce ne soit pas seulement une discipline académique
morcelée de plus. Que l'on prenne également en considération le fait
que l'informatique a créé les conditions d'une modification sans
précédent des représentations des connaissances à laquelle l'école
tourne le dos.

L'enseignement de l'informatique en technologie en collège ne peut pas être
l'enseignement de la science informatique, pour des raisons purement
objectives.
Lorsqu'un professeur de technologie se réfère par exemple aux plaques
électriques, il ne fait pas un cours sur l'effet Joule. De la même
manière, lorsqu'il aborde les plaques à induction, il ne fait pas
de cours sur les courants de Foucault. Mais en abordant les ustensiles
ménagers
qui fonctionnent sur le principe des résistances thermiques il
se réfère à l'effet Joule qui est/sera abordé en physique et permet aux
élèves une première approche de leur environnement technologique
quotidien.

Interdit-on pour autant l'approche des objets techniques
qui constituent notre environnement domestique pour se limiter aux seuls
usages des outils ?

Bien sûr que non !

C'est la même chose pour l'informatique.

L'introduction de la discipline informatique en tant que science
ne doit pas empêcher de se pencher sur un enseignement des technologies
qui ne se limitent pas, comme le suggère le rapport de l'Académie
à des techniques ou aux seuls objets de la nature.

Ce que font la plupart des Lugs en France lorsqu'ils initient aux
logiciels libres ne peut pas être qualifié de science informatique.
Ce sont des savoirs technologiques qui permettent d'aller plus loin
que le simple usage des logiciels. Ils permettent aux utilisateurs
de mieux maîtriser leurs machines et leurs logiciels et tendre pour
une minorité d'entre eux vers du code et de l'informatique.

L'école doit être en capacité de lier les deux aspects.

Librement,
Charlie



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