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educ - Re:Re : [EDUC] enseigner l'informatique : mettre la charrue avant les boeufs ?

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re:Re : [EDUC] enseigner l'informatique : mettre la charrue avant les boeufs ?


Chronologique Discussions 
  • From: jp.archambault AT laposte.net
  • To: cnestel AT free.fr, Brice Mallet <bmallet AT cap-tic.fr>
  • Cc: educ AT april.org
  • Subject: Re:Re : [EDUC] enseigner l'informatique : mettre la charrue avant les boeufs ?
  • Date: Wed, 05 Feb 2014 19:40:46 +0100

Bonsoir,

Un lien vers une proposition de programme d'informatique au collège :

Esquisse d'un programme d'informatique pour le Collège
Serge Abiteboul, Jean-Pierre Archambault, Gérard Berry, Colin de la Higuera,
Gilles Dowek, Maurice Nivat
http://www.epi.asso.fr/blocnote/CSPpourprogrammeinformatiquecollegejanvier2014.pdf

Jean-Pierre



> Message du 05/02/14 19:08
> De : cnestel AT free.fr
> A : "Brice Mallet"
> Copie à : educ AT april.org
> Objet : Re : [EDUC] enseigner l'informatique : mettre la charrue avant les
> boeufs ?
>

>
> ----- Brice Mallet a écrit :
> > Bonjour,
> >
> > Ci-dessous un lien vers un article de Michel Guillou pour lequel
> > l'enseignement de la seule informatique et du code à l'exclusion d'une
> > éducation aux médias rénovée serait mettre la charrue avant les boeufs.
> >
> > Je serais intéressé à lire l'avis de certains : les positions, notamment
> > exprimées içi, pourraient elles laisser croire que l'enseignement de
> > l'informatique se suffirait à lui-même ?
> >
> > http://gingko.neottia.net/post/75596670705/apprendre-a-exercer-sa-liberte-dexpression-ou
> >
> >
> > Cordialement.
> >
> > --
> > Brice MALLET
>
> Bonjour en deux mots,
>
> Michel Guillou, bien qu'à la retraite, fut membre du CLEMI, un organisme du
> ministère
> de l'Éducation nationale chargé de l'éducation aux médias dans l'ensemble
> du système
> éducatif. CLEMI = Centre de liaison de l'enseignement et des médias
> d'information.
>
> Pour le CLEMI, Internet est un média dans le prolongement de la presse, la
> radio,
> la télévision. Media n'étant pas à prendre ici dans le sens que lui
> accordait
> Mac Luhan, l'un des premiers théoriciens des média dans les années soixante.
> Pour Mac Luhan le medium c'est la technologie, résumé dans sa célèbre
> phrase :
> the medium is the message.
> De ce fait, il développait la thèse que le véritable medium de la
> communication
> à l'ère de l'électricité (il n'employait pas l'expression "électronique"
> et/ou
> "numérique" qui n'existait pas); c'est la programmation des ordinateurs ;
> de la même manière que la dramaturgie du théâtre classique français était
> conditionnée par l'organisation spatiale du théâtre à l'italienne (cas
> différent pour le théâtre élisabéthain) et la durée de combustion d'une
> bougie
> qui déterminera l'organisation en scènes et en actes.
>
> Le CLEMI a donc une vision très partielle et/ou très idéologique des médias
> et de leur enseignement à l'école.
>
> Ce ne serait pas trop grave, s'il ne constituait pas un puissant lobbye
> dont le pouvoir d'audience et d'influence est bien supérieur à sa réalité
> institutionnelle (très peu de personnes détachées).
>
> Pour autant, pas un seul rapport parlementaire et/ou sénatorial sur le
> "numérique" à l'école sans que le CLEMI ne soit auditionné. Le CLEMI
> exerce également un pouvoir d'influence sur les programmes scolaires,
> le CNDP et l'inspection générale. Même si les attentes de ses idéologues
> ne sont pas toujours à la hauteur de leurs aspirations. Par exemple,
> le CLEMI militait pour un enseignement du "numérique" orienté "medias"
> au lycée qui ne fut pas agréé.
>
> L'EPI, de son côté défend, tout comme monsieur Jourdain faisait de la
> prose sans le savoir défend une approche "media" proche de Mac Luhan, en
> prônant un enseignement de la science informatique dans tout le cursus ;
> de la même manière qu'on enseigne les mathématiques, les SVT,
> la physique/chimie pour donner une culture scientifique à tous les
> citoyens.
>
> La bataille idéologique se joue autour du terme "numérique".
>
> Soit "numérique" est un adjectif qui renvoie à une acception technologique,
> s'appuyant bien sûr sur des sciences, notamment les mathématiques,
> renvoyant à du traitement du signal et/ou encore une description d'un
> document
> physique par un fichier numérique ; auxquels cas puisqu'on parle de
> "numérique" à toutes les sauces, sans jamais en préciser la réalité
> sémantique, cela doit être enseigné puisque nous vivons dans une
> société numérique ;
>
> Soit nous parlons "du" numérique, c'est-à-dire du passage de l'adjectif
> au substantif où "numérique" a un pouvoir d'évocation qui va au-delà
> de sa puissance de signifié et génère de la confusion mentale en ce
> qu'il désigne des objets amalgamés sous ce terme qui renvoient à
> des réalités différentes (ustensiles de type smartphones, tablettes,
> "outils", réseaux dits sociaux, Internet, Internet des objets
> et bien d'autres choses encore)...
>
> Pour Michel Guillou, un farouche opposant à l'enseignement de l'informatique
> à l'école, "numérique" est à prendre dans le sens commun commun
> de médias (qui n'est pas l'approche de Mac Luhan).
>
> De ce fait, pour lui - compte-tenu des positions des différentes
> associations du mouvement pour le logiciel libre en faveur de l'enseignement
> de l'informatique à l'école - ces associations sont rangées dans
> la catégorie : "obscurantismes".
>
> Voir par exemple :
>
> "Ces lobbyistes-là, il faut les chercher dans des milieux mouvants et
> interlopes
> que sont les associations qui militent pour la défense du logiciel libre et
> de la neutralité de l’Internet"
> http://www.educavox.fr/actualite/debats/article/education-au-numerique-gare-aux
>
> Cela étant dit, Michel Guillou oppose également un enseignement
> de la "culture numérique" à un "enseignement de l'informatique".
>
> Or, si l'on se réfère à la définition de "culture numérique" que donne
> Wikipédia : "La culture numérique est une expression qui fait référence aux
> changements
> culturels produits par les développements et la diffusion des technologies
> numériques
> et en particulier d'Internet et du web", je ne vois rien qui permet
> d'opposer
> une prise en compte des changements culturels, y compris dans la
> représentation
> et les modes de transmission des connaissances qui bouleversent l'école
> d'une manière ou d'une autre, de la nécessité d'un enseignement de
> l'informatique.
>
> Ici la métaphore de la charrue est des boeufs ne tient pas.
> C'est un débat stérile, débile, idéologique et sectaire.
>
> La positions du groupe Educ de l'April - qui méritent sans doute davantage
> à être davantage formalisées - est qu'on ne doit pas opposer : la science
> informatique,
> les technologies de l'informatique, des usages et des cultures numériques.
>
> Nos différends avec l'EPI et Jean-Pierre Archambault sont principalement
> sur deux aspects :
>
> - Pour nous : priorité aux logiciels libres. Apprendre à pisser du code,
> par exemple avec un compilateur proprio (comme cela se pratique dans
> de nombreux IUT) dans un environnement privateur etc, est incompatible
> avec notre approche éthique de l'informatique qui doit enseigner
> la liberté et l'émancipation des citoyens.
> L'EPI ne prend pas clairement position pour un enseignement de
> l'informatique
> avec et sur des logiciels libres.
> De plus, face à un corpus immense, nous pouvons nous trouver en désaccord
> sur les priorités. Que doit-on enseigner en premier ? Sur quel temps ?
> Dans quel cadre ? Dans quel contexte pédagogique ?
>
> - Place de la technologie. Pour l'EPI, l'informatique serait à la fois
> "science et technique". Technique étant pris dans une acception très proche
> de la philosophie de Martin Heidegger, en termes génériques, amalgamant
> tout à la fois les technologies et les techniques.
> De ce fait, l'EPI combat l'approche d'un enseignement de l'informatique
> du point vue technologique (technologique pouvait être pris dans
> le sens d'ingénierie).
> La raison est purement politique. Existe en collège une discipline qui
> s'appelle la technologie, aux côtés des mathématiques, des SVT et de
> la physique... Introduire un enseignement de l'informatique en collège
> nécessiterait donc de supprimer l'éducation technologique et/ou de
> la limiter à la seule étude des objets physiques.
>
> Pour moi, le concept fédérateur reste le "libre" - tout aussi bien
> du point de vue des logiciels que des documents à travers un nécessaire
> enseignement :
>
> a) de la science informatique dans le cursus ;
> b) des technologies informatiques qui doit inclure l'usage structuré des
> logiciels et un certain nombre de connaissances qui rejoignent la science
> informatique, à travers les pratiques courantes des utilisateurs ;
> c) et bien sûr d'une prise en compte, dans toutes les disciplines,
> de la culture dite numérique 'dans le sens qu'en donne Wikipédia'.
>
> Opposer la science, la technologie, les medias et blabla c'est du
> n'importenawak. Tout doit pouvoir s'enseigner, dans un environnement
> libre, dans le cursus.
>
> Librement,
> Charlie
>
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