Re : Re : [EDUC]Proposition de loi visant à rendre obligatoire l’enseignement du cod age informatique à l’école

[cnestel AT free.fr]

----- Vincent-Xavier JUMEL <vxjumel AT april.org> a écrit :

Bonjour,


> J'ai vu pourquoi tu récuses les termes de techniques et d'outil et je
> comprends une partie du raisonnement. Je suis assez d'accord avec le
> fait que les élèves de collège ne se passionnent pas tous pour
> l'informatique, mais ils sont tous utilisateurs, à un degré ou un autre
> de l'informatique et c'est pourquoi il est essentiel de leur donner
> quelques éléments de réflexion structurée, au même titre que le font, au
> niveau du collège, les SVT. Par exemple, la classe de 4ème est
> l'occasion de découvrir la reproduction sexuée, étape importante de
> sociabilisation et d'insertion dans la vie du citoyen de demain.

OUI. C'est ESSENTIEL ! De la même manière qu'il est indispensable de
leur apprendre à travailler en réseau, à distinguer un mode coopératif
d'un mode collaboratif, le paradigme de l'arborescence de celui des
graphes non hiérarchiques, de leur apprendre à travailler sur des corpus
occasionnels, à croiser les sources, à isoler l'information en fonction
de leur propre entendement sans copier/coller à la volée, à construire
des savoirs avec Internet.

> Pourquoi imposer la programmation à tout le monde. Quel est le but de
> savoir programmer ?
> Montrer qu'il existe des moyens d'automatiser des tâches répétitives et
> initier les collégiens à formaliser l'itération dans une liste pour
> appliquer toujours le même traitement mais quel besoin de leur apprendre
> la programmation, ce qui dans ce contexte ne veut trop rien dire.
> 
> On court ainsi le risque de transformer cet enseignement en un
> enseignement scolaire dont les élèves ne tirerait qu'ennui et moyen de
> sélection supplémentaire.

Le premier but c'est de permettre d'appréhender phénoménologiquement,
par une pratique, un certain nombre de notions...

Construire sur un mode collaboratif un petit site web à la main, à
partir d'un champ lexical, peut être une première étape pour faire
comprendre l'intérêt de règles/protocoles de communication, visualiser 
le code source d'un fichier exécutable.
Pour ce faire, on n'a pas besoin de passer par une itération.

Pourquoi un champ lexical ?

Parce que tout lexique, tout champ lexical est hypertexte. On peut
donc en dresser le graphe et visualiser ce qui distingue un graphe
hiérarchique comme une arborescence qui renvoie au travail coopératif
et à la segmentation des tâches, d'un graphe non hiérarchique
qui permet le travail collaboratif si le groupe s'est mis d'accord
par exemple sur le nom des fichiers pour les liens hypertextes...

Mais ce n'est pas suffisant. Pour aller plus loin, certains profs de
technologie font programmer en scratch un aspirateur robot à leurs
élèves. Cela permet d'aborder la programmation de petits algorithmes
à partir d'une situation concrète.

Mais ce n'est pas suffisant si notre objectif est de permettre aux
élèves d'appréhender la lecture et l'écriture de programmes
écrits dans un langage compilé, pour rendre intelligible certaines 
notions qui nous tiennent à coeur permettant d'opérer une distinction
entre logiciel libre et logiciel privateur. 

Mais cela permet tout au mieux de contribuer à une culture informatique
pour tous, pas d'apprendre la programmation en tant que science de.

L'autre objectif est transversal. Nous nous sommes rendus compte avec 
une collègue de math de mon collège exactement de la même chose que
dit Fabio dans un post précédent :

"On pourrait aussi estimer que l'apprentissage du code en lui même apporte 
des compétences dont beaucoup sont communes avec les mathématiques.".

Et en effet, apprendre la géométrie ou apprendre à programmer pose
un même problème de modélisation, ce qui handicape un grand nombre
d'élèves en difficulté qui ont du mal à modéliser. Cela pose également
le problème du langage, de l'écriture spécialisée (par exemple l'écriture
mathématique qui handicape certains élèves). 

De ce point de vue, la programmation contrairement à l'usage de certains
"outils numériques" comme le tableur qui permettent d'obtenir des résultats
sans aider l'enfant à modéliser, peut être un moyen de remédiation, 
dans le sens d'autre média, pas de remède.
Par exemple le jeu que donne à ses élèves la prof de math où sont
représentées sur une feuille de papier une série de figure géométriques 
qu'un élève doit choisir et que l'autre en posant des questions doit
deviner.
Se joue ici le rapport à un langage commun mathématique et un algorithme
sous-jacent de type si alors...
Le passage par un langage de programmation peut être aussi un moyen de
formalisation. Et dans ce cas, on échappe au piège que dénonçait à juste
titre Fabio :

"Il est facile de deviner ce que l'on va réduire : l'éveil ou le
sport. Pourquoi pas ! On pourrait aussi estimer que l'apprentissage du
code en lui même apporte des compétences dont beaucoup sont communes
avec les mathématiques. On pourrait donc aussi envisager de faire moins
de mathématiques (il faudra bien en payer le coût) ... C'est un vrai
débat sur les postures (quasi immuables) de ce qui forme aux
compétences, à la culture et la citoyenneté en France.".

Mais tout ce dont je viens de parler ce n'est pas à proprement parler
de la science informatique, c'est-à-dire l'apprentissage de la programmation
en tant que propre objet d'étude. 
Le temps n'étant pas élastique, il importe avant tout et je te suis à 100%
que soit enseigné pour tous en priorité ce que tu qualifies "éléments de 
réflexion 
structurée"b et que d'autres nomment "littératie informatique".



> Il faut distinguer un socle commun (surtout de connaissances) sur
> l'informatique et ses usages d'un niveau en science informatique.
> Proposons plutôt des clubs robotiques/programmation/… comme les heures
> d'AS de nos collègues d'EPS.

Oui... mais les clubs posent un problème de pérennité.

Il importe également que soient mis en place dès le collège, je pense
sur les niveaux quatrième et troisième, des options spécifiquement
dédiées à l'art de la programmation et à la science informatique,
en tant que discipline instituée.